• IDEES & RESSOURCES POUR REINVENTER LE CONGO

Maîtriser le modus operandi du Rwanda… (suite & fin)

Maîtriser le modus operandi du Rwanda… (suite & fin)

Maîtriser le modus operandi du Rwanda… (suite & fin) 512 340 Ingeta

Par Jean-Pierre Mbelu.

Il serait intéressant de chercher à maîtriser les procédures suivies par le Rwanda de Paul Kagame et ses parrains dans notre pays pour des actions efficaces de restructuration et de reconstruction. Ils se moquent de la justice internationale et se servent d’un même prétexte pour assassiner, massacrer, tuer les paisibles citoyennes et citoyennes du Congo (RD). Et cela pour servir un double objectif : occuper les terres congolaises et les piller. « Les collabos » font le jeu en comptant sur l’oubli des compatriotes et sur les moyens de répression dont ils disposent. Néanmoins l’édifice du mensonge et du déni de la réalité se fissure de plus en plus. Il est possible que nous avancions vers la fin d’une certaine histoire.

Les rébellions fomentées par Kigali gardent un contact permanent avec son maître, Paul Kagame. Elles conservent aussi la capacité de se démultiplier en changeant tout simplement de dénomination après avoir déversé une partie des « collabos » dans les institutions congolaises. Dans cet ordre d’idées, l’AFDL est devenue en partie le RCD (avec plusieurs branches) et le PPRD; le RCD est devenu en partie le CNDP ; et ce dernier est devenu en partie le M23. Cette démultiplication des rébellions démultiplie leur capacité de nuisance, d’occupation des institutions du pays et de l’espace vital congolais.

Un exemple de cette mutation est donné par Raymond Tshibanda dans la lettre qu’il a adressée dernièrement au Président du Conseil de sécurité. Il écrit : « En effet, le 30 avril 2012, une mutinerie a éclaté dans nos unités des Forces Armées de la République Démocratique du Congo (FARDC) au Nord et au Sud-Kivu. Conduits par leur ancien chef, Bosco Ntaganda, d’anciens membres du groupe armé CNDP, intégrés dans l’armée, suite aux Accords de Paix signé à Goma en 2009, venaient de déserter pour tenter une nouvelle rébellion armée. » Un paragraphe plus loin, il ajoute : « Dans une vaine tentative de donner un caractère politique à ce qui, en fait n’est qu’une fuite en avant devant l’étau de la justice qui commençait à se resserrer sur Bosco Ntaganda pour les crimes qu’il avait commis sous l’UPC en Ituri, les mutins tentent astucieusement de se donner une nouvelle identité en rebaptisant leur mouvement M23. »

Bref, c’est le CNDP qui est devenu, en partie et astucieusement, le M23. Dans ce M23, 200 à 300 ( ?) éléments ont été recrutés sur le territoire Rwandais. (Avant le M23, plusieurs autres éléments recrutés sur le territoire Rwandais ont fait partie de l’AFDL, du RCD et du CNDP. Ils ont été intégrés dans l’armée et dans les partis politiques dont le PPRD et le RCD.) Parmi les éléments du M23 recrutés sur le territoire Rwandais figurent les FDLR. Raymond Tshibanda le mentionne dans sa lettre quand il écrit : « Des alliances contre nature se sont établies. A titre d’exemple, les FDLR dont certains avaient été rapatriés au Rwanda par la Monusco ont rejoint les rangs des mutins, comme témoigne leur capture sur le front. »

Lisons calmement et posément cette phrase : « A titre d’exemple, les FDLR dont certains (et certains autres ?) avaient été rapatriés au Rwanda par la Monusco ont rejoint les rangs des mutins, comme témoigne leur capture sur le front. »

D’une part, les mutins considérés comme forces négatives ont bénéficié du soutien d’ « un réseau actif dans ce pays voisin » ; et d’autre part, les FDLR considérées également comme des forces négatives, ont rejoint, à partir du Rwanda, les mutins. Où se trouvent alors « les véritables forces négatives » que Tshibanda et Mushikiwabo, ministre Rwandais des Affaires Etrangères s’apprêtent à traquer pour sécuriser l’est de notre pays ? L’argument de la traque des FDLR tombe face à l’usage qu’en fait le Rwanda…

Un petit effort de réflexion pour maîtriser le modus operandi du Rwanda de Paul Kagame peut conduire à la conclusion selon laquelle c’est (entre autres) le petit pays voisin et le gouvernement Congolais issu du coup d’Etat administratif des élections de novembre et décembre 2011 qui constituent « les véritables forces négatives » dans la sous-région des Grands-Lacs. Ils signent des Accords de paix bidon ; ils nouent des alliances contre nature et entretiennent le déni de la réalité, le mensonge, les assassinats, les meurtres et les autres massacres de paisibles citoyens. Travailler patiemment mais sûrement à déboulonner ce système de la mort entretenu par ces « véritables forces négatives » avec le soutien de leurs parrains est plus qu’une urgence. Ce travail pourrait être fondé sur une éthique de responsabilité tournée vers le passé et une éthique de réconciliation tournée vers l’avenir. Reconduire le travail d’une grande Commission Justice, Vérité et Réconciliation dans la sous-région et dans les différents pays impliqués dans la guerre d’agression que le Congo connaît depuis 1996 demeure une question d’actualité. Rien de consistant ne saura être créé dans cette sous-région sur fond de mensonge et de déni de la réalité.

De toutes les façons, cet édifice du mensonge et de déni de la réalité se fissure de plus en plus. Il est possible que nous avancions vers la fin d’une certaine histoire…

Mbelu Babanya Kabudi

INGETA.

REINVENTONS

LE CONGO

Informer. Inspirer. Impacter.

Notre travail consiste à :
Développer un laboratoire d’idées sur le passé, présent et futur du Congo-Kinshasa.

Proposer un lieu unique de décryptage, de discussion et de diffusion des réalités et perspectives du Congo-Kinshasa.

Aiguiser l’esprit critique et vulgariser les informations sur les enjeux du Congo, à travers une variété de supports et de contenus (analyses, entretiens, vidéos, verbatims, campagnes, livres, journal).