Par Jean- Pierre Mbelu
Nous terminions la deuxième partie de cet article en indiquant que la plaie infectée de nos différends frontaliers était devenue un cancer pour certaines sous-régions de l’Afrique ; et qu’il était nécessaire que des actions préalables soient menées dans le sens d’une éthique de responsabilité et de réconciliation tournée vers (le passé et) l’avenir ; une éthique soulignant la dimension réparatrice des torts que les fils et les filles de l’Afrique se sont causés mutuellement. Au niveau des Etats nationaux (ou fédéraux), un nouveau départ exigerait de corriger, dans le chef des minorités organisées et agissantes, les erreurs de Lumumba, des gouvernements fantoches africains ayant collaboré avec les ennemis du Congo et de l’Afrique et celles des traîtres Congolais achetés par ces mêmes ennemis. Ces minorités organisées et agissantes devraient aussi, au quotidien, penser à l’internationalisation de leur lutte. Pour cause, c’est presque tout le monde entier qui est soumis aujourd’hui à « la stratégie de choc » d’un capitalisme sénile par le biais de 1% d’oligarques d’argent. Ce 1% constitue un réseau transnational. Il n’est plus qu’occidental.
Le vol des terres et l’exploitation d’une main d’œuvre servile et corvéable à souhait ont été les piliers de la traite négrière. Quand Lumumba aborde les questions de la balkanisation de notre pays et celle de l’autre, il s’inscrit dans toute une dynamique de ces jeunes africains patriotes et pour la plupart panafricanistes, soucieux de voir leurs pays respectifs renverser le joug colonial et jouir dans les faits de leur droit à l’autodétermination. Le vent de cette lutte balaie plusieurs pays de notre continent. « Comme la plupart des autres puissances coloniales de l’Afrique, la Belgique avait été prise au dépourvu par l’exigence d’indépendance qui s’était emparée du continent au cours des années 1950 : en 1959, il y eut à Léopoldville des manifestations de masse, qui furent réprimées dans le sang par la Force publique.[1] » La lutte avait atteint un point de non-retour. Cette répression n’a pas pu étouffer le désir des Congolais(es) de voir leur pays accéder à sa souveraineté nationale et internationale. « Le roi Baudouin se rendit à Léopoldville pour accorder officiellement l’indépendance au Congo-non sans paternalisme : il déclara en substance que c’était désormais aux Congolais de montrer qu’ils étaient dignes de la confiance de ceux qui la leur octroyaient. [2]»
La réponse de Lumumba au discours du roi éveilla l’attention du monde entier. Dans ce discours comme dans ses autres prises de parole, « Lumumba était convaincu que l’indépendance politique ne suffirait pas à libérer l’Afrique se son passé colonial ; il fallait aussi que le continent cesse d’être une colonie économique de l’Europe.[3] » Ce faisant, il toucha, verbalement, aux intérêts des « maîtres du monde » « Ses discours alarmèrent aussitôt les capitales occidentales. Des entreprises belges, britanniques et américaines avaient d’importants investissements au Congo, pays riche en cuivre, cobalt, or, étain, manganèse, zinc et diamants. Orateur inspiré dont la voix ne tarda pas à être entendue au-delà des frontières de son pays, Lumumba était une personnalité charismatique aux multiples facettes. Les gouvernements occidentaux craignirent que son message ne fut contagieux ; de surcroît, ce n’était pas un homme que l’ont pouvait acheter. Faute de trouver des appuis en Occident, il demanda l’aide de l’Union soviétique. Honni par le capital américain et européen, il devint le dirigeant dont les jours étaient comptés.[4] » Vouloir bénéficier de l’aide de l’Union soviétique a coûté à Lumumba d’être taxé de « communiste ». Dans le film de Raoul Peck traitant de sa vie et de son assassinat, il se défend au sujet de cette accusation en disant : « Je ne suis pas communiste. Je suis tout simplement un nationaliste qui aime son pays. » A cette époque de la guerre froide, tous les partisans des changements radicaux proches de l’ennemi (l’URSS) étaient facilement taxés de communistes. « Avec un tel ennemi, note J.R. Pauwels, c’étaient non seulement les communistes américains, mais tous les partisans des changements radicaux, qui pouvaient être discrédités en tant que subversifs « non américains », en tant qu’agents de l’Union soviétique. La Guerre froide servit à supprimer toute dissidence. [5]»
Lumumba faisait aussi peur aux « maîtres du monde » parce qu’il estimait que l’indépendance économique et politique du Congo serait le point de départ pour la libération d’une bonne partie de l’Afrique. « Lumumba avait un certain jour proclamé que la libération du Congo serait la première phase de la conquête de l’indépendance de l’Afrique centrale et méridionale et il avait très précisément fixé ses prochaines objectifs : soutiens des mouvements nationalistes en Rhodésie, en Angola, en Afrique du Sud.[6] »
Etre un leader charismatique difficilement maîtrisable par « les maîtres du monde », aimer son pays, lutter pour son indépendance politique et économique, être un orateur capable d’ameuter les masses dans une lutte nationaliste, tels ont été certains des « péchés capitaux » de Patrice Emery Lumumba. Nous pouvons aussi y ajouter sa foi dans la communauté internationale. Pour mettre fin à « ce politicien gênant », « les faiseurs de rois » infiltrèrent le gouvernement et le Parlement congolais pour y appliquer leur politique habituelle : « Diviser pour régner ». Ils facilitèrent certaines missions de diabolisation de Lumumba par des politiciens et des syndicalistes congolais dans certaines capitales africaines. Frantz Fanon en témoigne quand il écrit ceci : « De plus en plus nombreux, en effet, d’étranges personnages venus d’un Congo à peine apparu sur la scène internationale s’y succédaient. Que disaient ces Congolais ? Ils disaient n’importe quoi. Que Lumumba était vendu aux Ghanéens. Que Gizenga .était acheté par les Guinéens, Kashamura par les Yougoslaves. Que les civilisateurs belges partaient très tôt, etc.[7] » (Pour rappel, Lumumba était très attaché au président Ghanéen Nkwame Nkrumah ; la Guinée Sékou Touré faisait partie des fers de lance de la lutte pour les indépendances africaines ; en Yougoslavie, le maréchal Tito défendait les valeurs progressistes.) Ces Congolais dispersés à travers l’Afrique et le monde ont participé au « mauvais départ » de notre pays et de l’Afrique dans le concert des nations. « Des sénateurs, des députés congolais, aussitôt après les fêtes de l’indépendance, se sauvaient hors du Congo et se rendaient…aux Etats-Unis. D’autres s’installaient pour plusieurs semaines à Brazzaville. Des syndicalistes étaient invités à New York. Là encore, si l’on prenait l’un de ces députés ou de ces sénateurs dans un coin et qu’on l’interrogeait, il devenait patent que tout un processus très précis allait se mettre en route.[8] »
La sécession Katangaise du 1er juillet 1960 faisait partie de ce processus. La sécession Kasaïenne aussi. Un Congo uni et fort faisait peur au capital européen et américain. Un Congo divisé en de petits Etats faibles, gérés en sous main par « les petites mains » de ce capital était leur plus grand souhait.
(Pourquoi relisons-nous toute cette histoire ? N’est-elle pas connue par une bonne partie de nos élites politiques et intellectuelles ? C’est possible. Mais vu comment cette histoire est en train de se répéter, nous doutons que sa connaissance soit approfondie et à même d’inspirée des actions de transformation radicale chez nous. Les députés et les sénateurs d’aujourd’hui reprennent à peu près le même jeu qu’en 1960. Ils sont achetables. Les élections de 2006 et de 2011 ont été préfabriquées pour donner aux « petites mains » du capital des interlocuteurs pouvant rédiger et voter des lois ouvrant notre pays à la montée du capitalisme devenu plus que sauvage dans sa phase sénile. Et cela entraîne la violence structurelle dans laquelle notre pays se vautre au moment où « les honorables » cherchent à voter des lois sur l’amélioration du climat des affaires.)
Dans le contexte de l’application de la politique du « diviser pour régner » et du triomphe du capital européen et américain, certains points forts de Lumumba ont aussi constitué ses faiblesses (ou ses erreurs). Frantz Fanon en décèle deux. La première était sa confiance exagérée dans le peuple. Il ne pensait pas que le peuple puisse être versatile. « Lumumba, écrit Frantz Fanon, croyait en sa mission. Il avait une confiance exagérée dans le peuple. Ce peuple, pour lui, non seulement ne pouvait se tromper, mais ne pouvait pas être trompé. Et, de fait, tout semblait lui donner raison. Chaque fois, par exemple, que dans une région les ennemis du Congo arrivaient à soulever contre lui l’opinion, il lui suffisait de paraître, d’expliquer, de dénoncer, pour que la situation redevienne normale. Il oubliait singulièrement qu’il ne pouvait être partout à la fois et que le miracle de l’explication était moins la vérité de ce qu’il exposait que la vérité de sa personne.[9] »
L’attachement des peuples à « la vérité de la personne de Lumumba » au Congo et en Afrique lui a valu une inimitié tenace de la part des « petites mains » du capital. « Les ennemis de l’Afrique se sont rendu compte avec un certain effroi que si Lumumba réussissait, en plein dispositif colonialiste, avec une Afrique française se transformant en communauté rénovée, une Angola –province portugaise- et enfin l’Afrique orientale, c’en était fini de « leur » Afrique au sujet de laquelle ils avaient des plans très précis.[10] » Et pour Frantz Fanon, « le grand succès des ennemis de l’Afrique, c’est d’avoir compromis les Africains eux-mêmes. Il est vrai que ces Africains étaient intéressés par le meurtre de Lumumba. Chefs de gouvernements fantoches, au sein d’une indépendance fantoche, confrontés jour après jours à une opposition massive de leurs peuples, ils n’ont pas été longs à se convaincre que l’indépendance réelle du Congo les mettrait personnellement en danger.[11] » Les moins fantoches parmi les compatriotes Africains n’avaient pas confiance en eux-mêmes ; ils avaient peur de voler de leurs propres ailes sans les parrains occidentaux.
La deuxième erreur de Lumumba fut sa confiance dans la communauté internationale à travers l’ONU. Il l’avoue à demi mot dans sa lettre écrite en prison à son épouse Pauline au mois de décembre 1960. Il lui écrit ce qui suit : « Ma compagne chérie, Je t’écris ces mots sans savoir s’ils te parviendront, quand ils te parviendront et si je serai en vie lorsque tu les liras. Tout au long de ma lutte pour l’indépendance de mon pays, je n’ai jamais douté un seul instant du triomphe final de la cause sacrée à laquelle mes compagnons et moi avons consacré toute notre vie. Mais ce que nous voulions pour notre pays, son droit à une vie honorable, à une dignité sans tache, à une indépendance sans restrictions, le colonialisme belge et ses alliés occidentaux – qui ont trouvé des soutiens directs et indirects, délibérés et non délibérés, parmi certains hauts fonctionnaires des Nations-unies, cet organisme en qui nous avons placé toute notre confiance lorsque nous avons fait appel à son assistance – ne l’ont jamais voulu. Ils ont corrompu certains de nos compatriotes, ils ont contribué à déformer la vérité et à souiller notre indépendance. » Pour Frantz Fanon, céder à l’idée de l’intervention de l’ONU dans l’imbroglio politique congolais après notre indépendance nominale fut une grave erreur. Et l’histoire lui donne raison. Pour lui, « l’ONU n’a jamais été capable de régler valablement un seul des problèmes posés à la conscience de l’homme par le colonialisme, et chaque fois qu’elle est intervenue, c’était pour venir concrètement au secours de la puissance colonialiste du pays oppresseur. [12]» Frantz Fanon illustre son argumentaire en donnant un exemple concret. « Voyez le Cameroun. De quelle paix jouissent les sujets de M. Ahidjo tenus en respect par un corps expéditionnaire français qui, la plupart du temps, a fait ses premières armes en Algérie ? L’ONU a cependant contrôlé l’autodétermination du Cameroun et le gouvernement français y a installé un « exécutif provisoire. [13]» Il cite deux autres exemples : le Vietnam et le Laos. Et il ajoute : « Il n’est pas vrai de dire que l’ONU échoue parce que les causes sont difficiles. En réalité, ‘l’ONU est la carte juridique qu’utilisent les intérêts impérialistes quand la carte de la force brute échoue.[14] » (Au jour d’aujourd’hui, au Congo, les deux cartes sont utilisées : celle de la force brute assumée par le Rwanda et l’Ouganda avec leurs infiltrés dans les institutions et structures étatiques congolaises et celle de l’ONU.)
Disons que Lumumba est tombé dans l’illusion d’une ONU capable de juguler la loi de la force par la force du droit. Plusieurs années après Frantz Fanon, Tzevetan Todorov estime qu’il est bon de « renoncer à cette illusion, (et de) se rappeler qu’à la base de l’ONU se trouve un choix que ne fonde aucun droit, à savoir l’octroi du « droit de veto » aux cinq membres permanents du Conseil de sécurité. [15]» Ce choix avalise un principe que les faits historiques ne cessent de démentir : « Un puissant ne saurait errer ! [16]» Aussi est-il prouvé que « loin (…) de restreindre l’hégémonie des grandes puissances, l’organisation mondiale la consacre. [17]» Comment ? Dans ses procédures, « les partages, les commissions mixtes, les mises sous tutelle sont des moyens légaux internationaux de torturer, de briser la volonté d’indépendance des peuples, de cultiver l’anarchie, le banditisme et la misère. [18]» Le tout concourt à créer une situation de chaos signalant l’absence d’autorité et d’Etat afin de justifier la mise sous tutelle du pays. Et (la deuxième erreur et) « le tort de Lumumba a été alors dans un premier temps de croire en l’impartialité amicale de l’ONU. Il oubliait singulièrement que l’ONU, dans l’état actuel, n’est qu’une assemblée de réserve, mise sur pied par les grands, pour continuer entre deux conflits armés la « lutte pacifique » pour le partage du monde. » A ce point nommé, au lien de demander l’aide de l’ONU, Lumumba aurait pu recourir à celle des pays amis unis à lui dans la lutte. Les pays africains ayant accepté de confier leurs troupes à l’ONU sont tombés dans la même erreur. « L’arme au pied, elles (ces troupes) ont assisté sans réagir (parce que troupes de l’ONU) à la désagrégation d’un Etat et d’une nation que l’Afrique entière avait pourtant salués et chantés. Une honte. [19]» Aujourd’hui encore les Rwandais de Paul Kagame et les Ougandais de Yoweri Museveni poursuivent le même sale boulot, à travers les milices qu’ils créent et entretiennent, sans honte. Et cela, pas seulement au Congo ; mais aussi au Soudan.
Les erreurs de Lumumba mettent aussi à nu certains torts des Africains. En plus de la complaisance de plusieurs d’entre nous dans le marionnettisme, il y a l’amnésie que nous entretenons face à l’autre, à l’ennemi. « Notre tort à nous, Africains, note Frantz Fanon, est d’avoir oublié que l’ennemi ne recule jamais sincèrement. Il ne comprend jamais. Il capitule, mais ne se convertit pas. Notre tort est d’avoir cru que l’ennemi avait perdu de sa combattivité et de sa nocivité. Si Lumumba gêne, Lumumba disparaît. L’hésitation dans le meurtre n’a jamais caractérisé l’impérialisme.[20] » Ce reproche vaut pour l’époque de Lumumba, celle de Mobutu et celle des Kabila. Un autre tort est d’oublier que tout ce que l’ennemi entreprend est étudié et planifié. Ayant compris que « la conquête des cœurs et des esprits précèdent celle des terres », il travaille avec les think tanks à la conception et la planification de ces objectifs. (Même s’il lui arrive de tomber dans le court-termisme.)
Revenons à Lumumba. Malgré ses erreurs, Lumumba portait des convictions indéboulonnables. Cela donnait de la cohérence à ses discours et à ses actions. Il croyait en un autre avenir d’un autre Congo et à l’écriture de sa véritable histoire par ses dignes filles et filles. Dans sa lettre à Pauline, il disait : « Ma foi restera inébranlable. Je sais et je sens au fond de moi même que tôt ou tard mon peuple se débarrassera de tous ses ennemis intérieurs et extérieurs, qu’il se lèvera comme un seul homme pour dire non au capitalisme dégradant et honteux, et pour reprendre sa dignité sous un soleil pur. » Lumumba savait que dans la lutte contre le colonialisme et l’impérialisme, lui et ses compagnons n’étaient pas seuls. Il le dit dans cette même lettre en ces termes : « Nous ne sommes pas seuls. L’Afrique, l’Asie et les peuples libres et libérés de tous les coins du monde se trouveront toujours aux côtés de millions de congolais qui n’abandonneront la lutte que le jour où il n’y aura plus de colonisateurs et leurs mercenaires dans notre pays. »
Aujourd’hui encore, nous ne sommes pas seuls à nous battre contre le capitalisme sénile. Regarder vers les autres peuples d’Asie et d’Amérique Latine ayant réussi à constituer des digues contre « la stratégie du choc » d’un capitalisme orchestrant des « déconstructions créatrices » constitue pour nous congolais un devoir citoyen. Cela pourrait nous conduire à partager l’une des convictions la plus profonde de notre héros national en augmentant notre capacité de résistance. Elle est encore contenue dans sa lettre à Pauline. Il écrit : « Ni brutalités, ni sévices, ni tortures ne m’ont jamais amené à demander la grâce, car je préfère mourir la tête haute, la foi inébranlable et la confiance profonde dans la destinée de mon pays, plutôt que vivre dans la soumission et le mépris des principes sacrés. L’histoire dira un jour son mot, mais ce ne sera pas l’histoire qu’on enseignera à Bruxelles, Washington, Paris ou aux Nations Unies, mais celle qu’on enseignera dans les pays affranchis du colonialisme et de ses fantoches. L’Afrique écrira sa propre histoire et elle sera au nord et au sud du Sahara une histoire de gloire et de dignité. Ne me pleure pas, ma compagne. Moi je sais que mon pays, qui souffre tant, saura défendre son indépendance et sa liberté. »
Devenir plusieurs à souhaiter « mourir la tête haute » et la foi inébranlable dans les principes qui procurent la vie pourrait changer les rapports de forces dans notre confrontation actuelle aux « petites mains » du capitalisme sénile. Cette plurifaction ne peut advenir que dans la mobilisation et dans l’organisation permanentes de nos masses populaires pour qu’elles deviennent des « sujets collectifs », des acteurs pléniers, « des démiurges » de notre commune destinée. Cela nous éviterait l’erreur de placer une confiance exagérée dans un peuple avec lequel nous ne partageons pas certaines convictions profondes et certains « principes sacrés » dont le respect de la dignité, de la liberté et de la responsabilité humaine.
L’ensauvagement de « petites mains » du capital et son expression violente peut corrompre nos cœurs et nos esprits. Il peut éveiller la bête tapie au fond de chacun d’entre nous. Mais, c’est une voie qui va tout droit dans le mur. Il a un effet boomrang : il retourne la violence structurelle comme ces mêmes « petites mains » du capital et contre leur progéniture.
Mains nues, nous avons été plusieurs à résister contre l’émiettement de notre pays depuis notre indépendance nominale. Mains nues, fondés sur la vérité et le « lusanzu », nous vaincrons nos ennemis extérieurs et intérieurs ; nous les civiliserons en leur apportant à manger, à boire et le sens du respect de la dignité humaine dans la solidarité et la fraternité universelle.
Tosi tolongi nabiso….A condition que nous ne tombions pas dans un nombrilisme nous voilant la face eu égard à notre capacité de nous transformer en nos propres bourreaux. A condition que nous puissions avoir une maîtrise renouvelée de notre histoire pour éviter les erreurs du passé, être éveillés sur le modus operandi de l’autre et être solidaires dans la défense de notre terre.
Nous avons aussi le devoir de travailler à l’insurrection des consciences en nous habituant à clamer sur les toits ce que l’ennemi ourdit en sous main en se servant des marionnettes. C’est vrai, le chemin est encore long. Mais nous pouvons le tracer tout en marchant avec réalisme. Créer en permanence les lieux de son évaluation est indispensable.
Contrairement aux apparences, l’autre, le 1% d’oligarques d’argent (et son réseau transnational) qui nous mène la guerre de basse intensité a très peur. Il est lâche. Il n’agira que rarement au grand jour. Une coalition locale, nationale et mondiale de 99% d’exploités et de laissés-pour-compte finira par en venir à bout. A court, moyen et long terme. Une internationalisation des luttes locales et nationales est indispensable à cette victoire d’humanisation du monde. Il faut y travailler au quotidien.
Mbelu Babanya Kabudi
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[1] A. HOSCHILD, Les fantômes du roi Léopold. La terreur coloniale dans l’Etat du Congo, 1884-1908, tr. de l’anglais (Etats-Unis) par Marie-Claude Elsen et Frank Straschitz, Ed. Tallandier, Paris, 2007, p. 504.
[2] Ibidem.
[3] Ibidem, p. 505.
[4] Ibidem. Nous soulignons.
[5] J. R. PAUWELS, Le mythe de la bonne guerre. Les Etats-Unis et la deuxième guerre mondiale, tr. de l’anglais par Jean-François Crombois, Paris, Aden, 2005, p. 326.
[6] F. FANON, Œuvres, Paris, La Découverte, 2011, p. 873.
[7] Ibidem, p. 872. Gizenga finira par être acheté par les nouveaux prédateurs quelque temps avant les élections de 2006.
[8] Ibidem.
[9] Ibidem, p. 874.
[10] Ibidem.
[11] Ibidem, p. 874-875.
[12] Ibidem, p. 875.
[13] Ibidem.
[14] Ibidem.
[15] T. TODOROV, Le nouveau désordre mondial. Réflexions d’un Européen, Paris, Robert Laffont, 2003, p. 67.
[16] Ibidem.
[17] Ibidem.
[18] F.FANON, O. C.
[19] Ibidem, p. 877..
[20] Ibidem. Nous soulignons.