Communiqué du 2 août 2013 de la Lucha (Lutte pour le changement), le mouvement civique composé de jeunes Congolais, basé à Goma.
Le délai de 48 heures accordé mardi 30 juillet aux personnes portant des armes à feu dans une zone « de sécurité » allant de Goma à Sake, et du lac Kivu au flanc sud du volcan Nyiragongo, a expiré. Cette zone était déjà relativement sécurisée, car sous le contrôle des Forces armées de la République Démocratique du Congo.
Nous rappelons que si la brigade d’intervention souhaite appliquer son mandat de neutraliser les groupes armés en procédant étape par étape, cela est parfaitement compréhensible à nos yeux. Mais la progression doit être telle que la brigade ait fini son mandat d’ici le mois de mars 2014. Au-delà, les FARDC doivent être à mesure d’assurer le ratissage et la consolidation de la sécurité, parce que les souffrances dont la population du Nord-Kivu n’ont que trop duré, et parce que la MONUSCO ne doit pas s’éterniser dans notre pays.
C’est pour cela que nous exigeons l’extension immédiate de la zone de sécurité au-delà de la ligne de Kibati préalablement établie, afin de sécuriser les autres milliers de populations civiles se trouvant dans les zones sous occupation du M23 et d’autres groupes armés, qui subissent des exactions absolument inacceptables. Nous rappelons que ces dernières semaines, dans les territoires de Rutshuru et de Nyiragongo par les rebelles du M23, les contributions obligatoires prélevées sur les civils, les pillages, les arrestations, enlèvements, enrôlement forcé et autres exactions ont pris une allure particulièrement inquiétante.
Par ailleurs, nous considérons pour qu’il est absurde de prétendre protéger la population civile des zones « densément peuplées de Goma et Sake » sans protéger leurs sources d’approvisionnement en denrées alimentaires qui sont précisément les régions insécurisées actuellement par les groupes armés ( Masisi, Nyiragongo, Rutshuru, Lubero, Walikale et Beni). En même temps, le meilleur service que l’on puisse rendre aux déplacés internes n’est pas de les confiner dans des camps entourés de chars, mais de rétablir la paix dans leurs milieux de provenance afin qu’ils retournent chez eux au plus vite.
La confiance de la population en la volonté de la MONUSCO de contribuer réellement au rétablissement de la paix est sérieusement entamée. Il ne sert à rien d’en rajouter. La MONUSCO et la brigade d’intervention ont donc intérêt à étendre immédiatement la zone de sécurité et de progresser le plus rapidement possible, sans quoi l’impatience de la population risque de prendre une tournure imprévisible dont les Nations-Unies partageront la responsabilité.
Nous rappelons aux Nations-Unies et à l’ensemble de la communauté internationale notre refus catégorique de tout accord avec un groupe rebelle, de toute intégration des insurgés dans les forces de sécurité ou l’administration publique, et de toute mesure d’impunité des criminels ayant endeuillé notre pays. Nous sommes favorables à « processus politique crédible » qui exclut l’impunité et la prime à des criminels, et qui permette le retour d’une paix durable. Les pourparlers de Kampala n’offrent aucune perspective de ce genre, et les Nations-Unies devraient cesser immédiatement de les soutenir.
Fait à Goma, le 2 août 2013.
Le mouvement Lutte pour le Changement – LUCHA.