• IDEES & RESSOURCES POUR REINVENTER LE CONGO

Alexis Tambwe Mwamba, Jeanine Mabunda et l’ingérence des diplomates accrédités au Congo-Kinshasa

Alexis Tambwe Mwamba, Jeanine Mabunda et l’ingérence des diplomates accrédités au Congo-Kinshasa

Alexis Tambwe Mwamba, Jeanine Mabunda et l’ingérence des diplomates accrédités au Congo-Kinshasa 1080 720 Ingeta

Par Jean-Pierre Mbelu

Les lecteurs de La Libre Belgique de 16 septembre 2020 peuvent avoir lu un article de l’AFP intitulé : « RDC : « l’ingérence » des diplomates dénoncée au Parlement ». Qui a fait cette dénonciation ce mardi 15 septembre 2020 ? Alexis Tambwe Mwamba et Jeanine Mabunda. Voici ce qu’écrit l’AFP à ce sujet : « « Le pays fait face à des ingérences étrangères récurrentes dans les affaires intérieures de l’Etat », a déclaré le président du Sénat, Alexis Tambwe Mwamba, dans son discours de rentrée parlementaire en présence de M. Kabila. « Nous remarquons que certaines représentations diplomatiques s’érigent en conseillers d’institutions publiques et d’acteurs politiques en fonction. Leurs déclarations et leur activisme contribuent à l’évidence à la méfiance entre Congolais », a-t-il ajouté. « Nous demandons au gouvernement de rappeler aux diplomates en République démocratique du Congo, quels qu’ils soient, les exigences de leurs charges et leur devoir de réserve (…) qui interdit toute ingérence dans les affaires intérieures », a déclaré ensuite la présidente de l’Assemblée nationale Jeanine Mabunda devant les députés. »

A première vue, cette dénonciation peut paraître responsable. Elle peut être lue comme un signe de prise de conscience du fait que le Congo-Kinshasa est « un Etat souverain ». Elle peut aussi être lue comme un appel à la rupture avec les mauvaises habitudes du passé. C’est possible.

Kabila et le bénéfice des ingérences extérieures

Néanmoins, quelques questions demeurent. Pourquoi cette dénonciation est-elle faite en présence d’une « créature des ingérences extérieures », c’est-à-dire d’un « jeune homme inoffensif pour Paul Kagame et manipulable pour les multinationales » ayant été impliqué dans la guerre de prédation et de basse intensité ayant contribué à transformer le pays de Lumumba en un « Etat raté » et « manqué » ? Est-ce une façon d’avouer qu’il serait en train de s’émanciper de ses « créateurs » et veut désormais que le pays qu’il tient à tout pris à transformer en « son bien privé » vole de ses propres ailes ? Ou c’est tout simplement du bluff destiné à aveugler les plus naïfs des Congolais en vue d’un retour du « sénateur à vie » au sommet de cet « Etat failli » ?

Pour « les minorités éveillées, conscientes et consciencieuses », Alexis Tambwe Mwamba et Jeanine Mabunda n’inventent pas l’eau chaude. Bénéficiaires des « ingérences extérieures », ils savent que « leur autorité morale » en a profité en 2001, en 2006, en 2011 et en 2018.

Est-il possible de croire à cette dénonciation sans qu’une révolution congolaise ou qu’un Tribunal Pénal International pour le Congo ait établi la responsabilité des uns et des autres dans « le génocide congolais » qui dure depuis plus de deux décennies, tant que des « prédateurs liés aux crimes organisés » n’auront pas rendu des comptes ? Personnellement, je ne crois pas.

Pour « les minorités éveillées, conscientes et consciencieuses », Alexis Tambwe Mwamba et Jeanine Mabunda n’inventent pas l’eau chaude. Bénéficiaires des « ingérences extérieures », ils savent que « leur autorité morale » en a profité en 2001, en 2006, en 2011 et en 2018. C’est-à-dire, tout au long de son parcours congolais. Jean-Luc Schaffhauser parle du dévolu jeté sur elle après l’assassinat de Mzee Kabila en des mots très clairs. En 2006, il est plébiscité de l’extérieur comme étant « l’espoir du Congo ». En 2011, il est porté à bout de bras par les ambassadeurs au dépens d’Etienne Tshisekedi.

L’expression de la néocolonisation du Congo-Kinshasa

Arnaud Zajtman a écrit un article là-dessus. Dans cet article, il note ceci : « Rappelez-vous comment l’ambassade française en Tunisie avait ensuite été critiquée par Paris ! On assiste à une situation semblable au Congo, où les ambassadeurs occidentaux soutiennent Kabila face à un Tshisekedi qu’ils jugent imprévisible. Un jugement qui rappelle celui que l’Occident proférait envers le Premier ministre congolais Patrice Lumumba au moment de l’indépendance du Congo.C’est pourtant en notre nom que les ambassadeurs agissent. Ce sont nos taxes qui leur permettent de mener sous les tropiques un mode de vie dispendieux. Nous avons droit à des explications sur leurs actions. Pourquoi apportent-ils un soutien tacite, sinon actif, au coup de force que prépare Kabila, comme on l’apprend de différentes sources à Kinshasa ? Au nom de quelles valeurs ? »

Par le biais de la guerre perpétuelle de prédation et de basse intensité menée contre le Congo-Kinshasa par les anglo-saxons et leurs proxies, « l’autorité morale » de Tambwe Mwamba et de Jeanine Mabunda participe, elle aussi, de la néocolonisation de ce pays dans le rejet et/ou le non-respect du droit international.

En 2018, le rôle (extérieur) joué par les ambassadeurs et la représentante de l’ONU au Congo-Kinshasa fut souligné par un cadre démissionnaire de la CENI, Olivier Mayembe Mukumati. (RD Congo: élections de 2018 : les confessions d’un cadre démissionnaire de la CENI — La Libre Afrique)

Pour « les minorités éveillées, conscientes et consciencieuses », l’ingérence extérieure est l’expression de la néocolonisation du Congo-Kinshasa depuis l’assassinat de Lumumba. Par le biais de la guerre perpétuelle de prédation et de basse intensité menée contre le Congo-Kinshasa par les anglo-saxons et leurs proxies, « l’autorité morale » de Tambwe Mwamba et de Jeanine Mabunda participe, elle aussi, de la néocolonisation de ce pays dans le rejet et/ou le non-respect du droit international.

Vers « une fausse guerre » entre « les pions » du « nouveau désordre mondial »

Dans ce contexte, parler de l’ingérence extérieure peut être lue comme une stratégie utilisée par le camp de ce « Cheval de Troie » pour intensifier cette guerre. Cette façon de communiquer participerait de « la stratégie du mensonge et du chaos constructeur » d’un ordre congolais dominé par les seigneurs de la guerre et ceux à qui ils obéissent. Elle serait un appât pour les plus naïfs des Congolais pouvant être massacrés dans cette guerre comme des moutons. Il n’est pas exclu que cette communication de Tambwe Mwanba et Jeanine Mabunda annonce « une fausse guerre » entre « les pions » du « nouveau désordre mondial » à quelques semaines de l’élection présidentielle américaine.

Sans une bonne connaissance de notre histoire, sans un bon discernement et une grande lucidité, plusieurs compatriotes risquent d’applaudir des discours destinés à la prise en otage du pays, pour longtemps, par un groupe d’individus ayant mis des pierres à la place des cœurs et des ventres à la place des têtes.

De toutes les façons, sans une bonne connaissance de notre histoire, sans un bon discernement et une grande lucidité, plusieurs compatriotes risquent d’applaudir des discours destinés à la prise en otage du pays, pour longtemps, par un groupe d’individus ayant mis des pierres à la place des cœurs et des ventres à la place des têtes.

Lutter pour un Congo-Kinshasa souverain-respectueux des principes de l’égale souveraineté et de la non-ingérence dans les affaires intérieures d’un Etat tiers- est une cause noble. Cela ne devrait pas participer d' »une stratégie du mensonge et du chaos » partagée par les plus rusés des seigneurs de la guerre au cœur de l’Afrique, leurs fanatiques et leurs parrains ; mais plutôt d’une action concertée menée par les souverainistes congolais de tous bords au cœur d’un grand mouvement des masses, sous une structure faîtière patriote et un leadership collectif incapable de trahison.

Babanya Kabudi
Génération Lumumba 1961

INGETA.

REINVENTONS

LE CONGO

Informer. Inspirer. Impacter.

Notre travail consiste à :
Développer un laboratoire d’idées sur le passé, présent et futur du Congo-Kinshasa.

Proposer un lieu unique de décryptage, de discussion et de diffusion des réalités et perspectives du Congo-Kinshasa.

Aiguiser l’esprit critique et vulgariser les informations sur les enjeux du Congo, à travers une variété de supports et de contenus (analyses, entretiens, vidéos, verbatims, campagnes, livres, journal).