Par Mufoncol Tshiyoyo
Comment l’Occident a transformé le Congo-Kinshasa en un laboratoire d’essayage de tout ce qui lui passe en tête.
En Afrique du Sud, il n’y a qu’un seul maître qui trône à la tête du pays. En lieu et à la place de la « démocratie », telle que la rengaine officielle la reprend souvent, c’est plutôt le règne du « mâle blanc ». L’expression « mâle blanc » est tiré à la fois de Macron et de Donald Trump. Aux USA, la victoire de Donald Trump aux élections de 2016 est attribuée, selon la formule consacrée, à « la revanche du mâle blanc » (Guy Sorman, voir Le Monde du 10.11.2016).
L’illusion démocratique en Afrique
Récemment, à peine deux jours passés, Emmanuel Macron, parlant du plan des banlieues en France, évoque, comme par un heureux hasard, et ce sans gêne, la notion du « mâle blanc » (voir Deux mâles blancs qui s’échangent un plan (https://
De l’application de la « démocratie » en Afrique du Sud, je sens déjà remonté le cri de révolte d’une certaine orthodoxie en la matière. Elle va tenter, comme à l’accoutumée, et nous en sommes déjà vaccinés, de nous contredire, en osant reprendre son dada, selon lequel la « démocratie » fonctionnerait bien en Afrique du Sud. Pour aujourd’hui, cela ne fait pas partie de notre principale préoccupation. Nous l’évoquons uniquement pour illustrer le sujet en cours de réflexion. Un seul schéma et une seule logique en Afrique du Sud.
« Se rendre compte que nous avons des frères si aliénés et applaudis par des masses ignorantes fait mal ». Les temps sont durs. Il est d’une nécessité impérieuse d’inventer, pour demain et pour le Congo, un autre type de leadership à l’heure où l’ordre ancien né de l’après deuxième guerre mondiale est devenue caduque. Où sont passés les élites congolaises quand l’Occident traverse sa crise de leadership, quand il perd son pouvoir ?
C’est pareil en Angola. C’est le règne du MPLA. L’UNITA ne fait qu’office du décor. Sa seule existence suffit pour habiller et accompagner le mensonge qui est appelé à nourrir l’illusion d’une vitalité démocratique en Angola.
Au Rwanda voisin du Congo, c’est le diktat de Tutsis aux commandes du pays qui s’impose. Et pour cacher leur mainmise sur ce pays, et ainsi tromper la vigilance de masses rwandaises, le leadership rwandais mono-ethnique a décrété la disparition de la distinction Tutsi, Hutu et Twa.
Le Congo-Kinshasa, laboratoire d’essayage pour les occidentaux
Alors, partant de tout ce qui précède, on se demande comment au Congo, dans un pays qui remplit toutes les conditions d’un État « raté », et il est produit raté non seulement pour son exploitation et le pillage de ses ressources, mais également pour la domination de son peuple. L’Occident l’a transformé en un laboratoire d’essayage de tout ce qui lui passe en tête. Il s’y permet de fabriquer plus de quatre « monstres » de la même espèce et qui sont supposés être en conflit politique les uns contre les autres. Pendant ce temps, quand on parcourt la presse mainstream, chaque coin linguistique et sociologique du Congo est présenté comme étant attaché à chacun de ces monstres.
Tel incarnerait mieux les voix, et lesquelles, de l’est du pays ; l’autre le centre, un autre serait le représentant du Katanga et enfin le dernier le nord. Sans aucune surprise, tous ces monstres se réclament et se disputent le même parrainage. Tous sont accidentellement pro-occidental- anglo-saxons. Mais on se ne demande pas comment et pourquoi, un seul et le même parrain, et même s’il était bien intentionné, tient à créer, à démultiplier et à avoir sous contrôle le même type d’hommes, sous sa domination et à qui il confie presque la même mission ? En fait, quel est ce type de plaisir que ces monstres, une fois créés, trouvent pour justifier leur allégeance et afficher la protection d’un parrain qui « sodomise » plusieurs personnes à la fois ?
L’Occident l’a transformé en un laboratoire d’essayage de tout ce qui lui passe en tête. Il s’y permet de fabriquer plus de quatre « monstres » de la même espèce et qui sont supposés être en conflit politique les uns contre les autres. Pendant ce temps, quand on parcourt la presse mainstream, chaque coin linguistique et sociologique du Congo est présenté comme étant attaché à chacun de ces monstres.
Dans tout ce jeu, les Tutsi du Rwanda, qui assurent actuellement le mercenariat au Congo, se mettent à l’écart d’un conflit sanglant et fraternel qui s’annonce et qui risque d’opposer les partisans des uns contre les autres. Ils ont intérêt être à l’écart, parce que c’est la situation tant rêvée non seulement pour faire enflammer le Congo, le diviser, mais elle leur permettra également de jouer à l’arbitrage et à l’arbitre. Étant donné que l’armée dite nationale et congolaise demeure sous leur contrôle, et qu’ils ont la mainmise sur les finances du pays, et actent au nom de l’ordre occidental décadent, -Edgard MORIN dit « ‘Le fric, l’obscurantisme, l’aveuglement, le fanatisme sont actuellement triomphants dans le monde », ils vont devoir tout régenter et participer à l’implosion du Congo. À qui profiterait l’affrontement entre filles et fils du pays ? À la démocratie ? Et laquelle ? J’entends dire que tel est incompétent, tel autre est « zoba » ; mais cet état n’était pas ignoré par les maîtres qui les recrutaient.
D’où la question de savoir pourquoi l’avoir fait en connaissance de cause pour arriver à ce qui demeure encore, pour certains, de l’ordre de l’invisible ? Les maîtres veulent se laver les mains demain. Au Congo, et ils le savent, les masses populaires ne votent ou ne suivent pas la nature du leadership qui leur est soumis, mais les masses populaires soutiennent et suivent, pour la plupart les membres de leur province d’origine. Qui ne l’a pas pu venir ? Déjà, avec l’annonce de la libération du dernier du carré des monstres, les attaques régionales et tribales fusent de partout. Le ton est donné. Le massacré et le sacrifice humain, pour des raisons autres que celles du devenir collectif et de la souveraineté du Congo, sont en cours de gestation.
En échangeant ce matin avec Jean-Pierre Mbelu, je retiens sa phrase suivante, et bien que ça me fait mal, je la cite quand même : « Se rendre compte que nous avons des frères si aliénés et applaudis par des masses ignorantes fait mal ». Les temps sont durs. Il est d’une nécessité impérieuse d’inventer, pour demain et pour le Congo, un autre type de leadership à l’heure où l’ordre ancien né de l’après deuxième guerre mondiale est devenue caduque. Où sont passés les élites congolaises quand l’Occident traverse sa crise de leadership, quand il perd son pouvoir ? Et cela se passe sous nos yeux admiratifs pour les uns et craintifs pour les autres. Mais sans oser entreprendre quelque chose.
Likambo ya mabele.
Mufoncol Tshiyoyo
MT & Associetes Consulting Group