Par Fweley Diangitukwa, politologue et Président du CLD (Le Congo en légitime défense).
C’est encore cette même « communauté internationale » qui a encouragé l’assassinat de Laurent-Désiré Kabila, qui a écarté Jean-Pierre Bemba du pouvoir en l’envoyant à la CPI afin de piller librement le Congo. Elle a ouvertement soutenu Joseph « Kabila », son pouvoir tyrannique et ses fraudes électorales en 2006 et 2011. Depuis l’époque coloniale, le mobile a toujours été le même : piller les ressources naturelles du Congo avec la complicité des Congolais cupides et enclins à l’enrichissement facile et illicite.
La « communauté internationale » va à l’encontre des principes qui fondent son existence. Elle est allée combattre le pouvoir de Saddam Hussein sous prétexte de lutter contre le mal, c’est-à-dire son pouvoir tyrannique, là où en réalité elle ne visait que le pétrole de ce pays ; elle a mené une guerre atroce contre Laurent Gbagbo sous prétexte qu’il a organisé des fraudes électorales pour se maintenir au pouvoir, alors que la France ne visait que le contrôle de l’économie ivoirienne pour lutter contre sa propre crise financière, Au Congo, cette même « communauté internationale » soutient le maintient au pouvoir de l’homme pour qui la tricherie électorale a été organisée. En ne défendant pas les valeurs démocratiques au Congo, elle vient de se discréditer et aucun Etat du tiers-monde ne croira à sa mission prétendument salvatrice. Aujourd’hui, tout le monde sait que l’ONU est partisane, qu’elle ne défend que les intérêts des puissances qui financent son existence. L’essayiste belge, Michel Collon, a très bien expliqué cette réalité dans son livre : « Bush le cyclone », éditions Oser dire, décembre 2005.
La reconquête du tiers-monde et le retour à l’esprit de l’Empire romain
L’Empire romain menait la guerre autour des pays voisins mais aussi dans les pays lointains pour s’enrichir et justifier sa puissance. En réalité, le monde n’est jamais sorti de cet esprit de conquête qui pousse tout Etat puissant à conquérir les Etats faibles, dans le but particulier de contrôler les ressources naturelles nécessaires au maintient de la puissance. C’est dans ce contexte qu’il faut comprendre la dernière guerre contre l’Irak et la Libye de Kadhafi. Ne pouvant plus officiellement avoir des colonies, les grandes puissances placent astucieusement leurs représentants à la tête de chaque pays conquis. La mondialisation, qui a affaibli les Etats du tiers-monde, facilite le contrôle de l’économie nationale.
Là où, pendant le siècle des Lumières, l’on luttait pour la promotion des valeurs démocratiques, les grandes puissances font aujourd’hui la promotion de la violence pour défendre leurs intérêts. Depuis la fin du XXe siècle et le début du XXIe siècle, le monde marche à reculons. En effet, la mondialisation de ce siècle rime avec la volonté de recoloniser les pays faibles du tiers-monde. François Thual a écrit un livre très intéressant sur ce sujet qui mérite d’être porté à la connaissance des victimes. Il s’agit de « La planète émiettée », Paris, éditions Arléa, avril 2002.
Il y a deux camps en Belgique
Dans sa politique étrangère, la Belgique a toujours été divisée en deux camps : celui des royalistes qui a longtemps vécu sur le dos du Congo, en extorquant ses ressources naturelles et en méprisant l’homme noir (congolais) et celui des progressistes. Dans la lignée des progressistes, il y avait un homme comme Jean Stengers qui a rendu témoignage de l’exploitation du Congo sous le roi des Belges Léopold II, dans un livre magnifique malheureusement ignoré par les Congolais. Il s’agit de « Congo. Mythes et réalités », éditions Duculot, mars 1989. Aujourd’hui, le député MLD, Laurent Louis inscrit sa lutte politique dans la même lignée des progressistes qui, jadis s’opposaient, en Belgique, à la politique de Léopold II au Congo.
La journaliste du Soir, Colette Braeckmann appartient au camp des royalistes qui ont toujours méprisé les Congolais. Il suffit de relire ses publications et ses articles pour s’en convaincre. Non seulement elle se contredit régulièrement mais pire elle change de camp sans état d’âme comme elle change ses habits. Alors qu’elle nous disait que la mère de Joseph « Kabila » est tutsi, elle a ensuite changé pour lui coller une mère congolaise en la personne de Mme Sifa, alors que tous les Congolais savent que cette dame n’a jamais porté Hyppolite Kanambe, alias Joseph Kabila, sans son ventre. Après avoir raconté dans de ses livres qu’aussitôt arrivé sur le sol congolais, Joseph « Kabila » s’intéressait plus aux jeunes filles et l’extraction des minerais dans le Kasaï où il a clandestinement acquis quelques filons, Colette Braeckmann cherche aujourd’hui à faire croire aux Congolais que Joseph a été majoritairement élu par ces derniers.
Les royalistes sont majoritaires par rapport aux progressistes
En Belgique, les royalistes sont majoritaires et les progressistes sont minoritaires. Ceux-là, ayant pris goût à piller le Congo, depuis leurs grands-parents, ne peuvent pas concevoir un Congo libre qui volerait de ses propres ailes. Voilà pour quelle raison, le malheur du Congo vient avant tout de la Belgique. En effet, depuis l’époque coloniale, la Belgique a toujours été ingrate à l’égard du Congo. Elle n’a jamais officiellement reconnu les efforts du Congo dans l’enrichissement de la Belgique. Vu de la Belgique, la République démocratique du Congo est encore une colonie et Joseph « Kabila » n’est qu’un simple représentant du pouvoir colonial belge. Ce n’est pas moi qui le dis mais un député belge, Laurent Louis, pour le citer. Son indignation peut être écoutée en cliquant sur le lien suivant :
Il ne faut rien attendre de bon de la Belgique qui a infligé des souffrances horribles aux Congolais, qui a tranché la main des indigènes quand ils ne rapportaient pas assez de caoutchouc, qui prenait les femmes en otage afin que leurs maris produisent plus, qui brûlait des villages entiers pour asseoir la terreur, qui a imposé des tortures sadiques aux Congolais, qui s’est construite une des plus grandes fortunes du monde sur les dos des pauvres, qui ne cultive qu’une seule idée : piller le Congo, qui n’a jamais osé demander pardon pour le mal qu’il a fait aux nègres. Que peut-on encore attendre d’un tel pays ? RIEN.
Aussi longtemps que les Congolais ne prendront pas conscience et ne réagiront pas contre la mainmise de la Belgique sur le Congo, les descendants du roi Léopold II continueront à considérer le Congo comme leur colonie, malgré l’étiquette d’indépendance que notre pays a acquise le 30 juin 1960.
Mme Colette Braeckmann travaille pour son pays et pour gagner son pain
Si la journaliste belge de « Le Soir » a reconnu les fraudes, elle refuse la logique de sanctionner le tricheur parce qu’elle a déjà choisi son camp, celui qui correspond à ses intérêts et à ceux de son pays. Son choix pose problème en matière d’éthique. Mais, comme dit l’adage, on ne parle pas la bouche pleine ! Voilà pour quelle raison nous ne devons pas être naïfs et ne devons plus nous laisser convaincre par tout ce qu’elle écrit. Si on lui enlève le Congo, elle n’aura plus de travail.
Les Congolais doivent savoir une fois pour toutes que Colette Braeckmann ne travaille pas pour le Congo mais pour la Belgique qui est son pays. Sa mission principale est de distraire les Congolais en les mettant sur de mauvaises pistes dans le but de retarder le décollage économique du Congo et de créer des problèmes là où il n’y a pas afin que des conflits perdurent et cassent le rythme de développement de notre pays, car un Congo en conflit est plus intéressant pour la Belgique et pour les grandes entreprises internationales plutôt qu’un Congo en paix, un Congo qui se développe et où elles n’auront plus grand chose à dire. Dans le premier cas, les prix des minerais ne sont pas négociés tandis que dans le second cas, les prix sont fixés par l’Etat congolais.
Pour éviter toute forme de négociation qui tendrait à réduire leur marge bénéficiaire, la Belgique et les grandes entreprises internationales, s’appuyant sur le travail des journalistes, comme celui accompli par Colette Braeckmann, torpillent l’avenir du Congo. Nous avons tendance à ignorer sinon à oublier cette démarche subtile des Etats puissants.
Notre compatriote, Serge Gontcho a trouvé les mots justes pour qualifier l’attitude partisane et mesquine de Colette Braeckmann. Il a écrit : « Il est vrai que vous êtes pro Kabila. Pour moi, c’est votre droit, car il y a des journalistes de droite et de gauche, même chez vous en Occident. Et donc, en tant que journaliste proche du pouvoir, il n’est pas étonnant que vous péchiez avec la logique subtilement, l’essentiel pour vous étant de passer votre message. Voici en effet ce que vous écrivez :
Cependant, aucune de ces missions d’observation n’a remis en cause « l’ordre d’arrivée des candidats », ce qui signifie que M. Kabila aurait obtenu davantage de votes que son challenger immédiat M. Tshisekedi. Cela fait de lui, arithmétiquement, le vainqueur des élections présidentielles.
« Votre conclusion en rouge, visiblement tiré par les cheveux, est une faute de logique manifeste et jette le doute sur votre honnêteté. Seul un recomptage de voix aurait permis d’affirmer avec précision qui a gagné, mais le fait certain est qu’il y a eu tricherie à grande échelle. Là où les observateurs ont gardé silence, vous vous avez fait une AFFIRMATION, comme un avocat.
« L’autre point faible de votre argumentation est le fait de placer sur le même pied l’organisateur de la tricherie (le pouvoir) et les victimes de celle-ci, qui sont en légitime défense en quelque sorte. Vous ne leur accordez aucune circonstance atténuante dans leur violence, mais vous en trouvez pour le pouvoir armé.
« Quant à votre affirmation selon laquelle l’opposition unie autour d’un seul candidat aurait eu plus de chance, elle ne sert qu’à dédouaner votre camp, car elle n’explique pas pourquoi Kamerhe a eu si peu de voix dans son fief, ni Tshisekedi dans le sien. Elle n’explique pas non plus les 100 % de voix sur 100,1 % de votants dans les fiefs de Joseph Kabila.
« Je pense que ces quelques points, parmi beaucoup, suffiront à vous convaincre vous-même de votre penchant pour Joseph Kabila (je répète, c’est votre droit), au cas où vous essayeriez de vous mentir à vous-même ».
Sous un angle complètement opposé à Colette Braeckmann, Marie-France Cros n’y est pas allée avec le dos de la cuillère. Dans un article mis en ligne le 28 janvier 2012, elle écrit : « Pour l’essentiel des observateurs, c’est un fait : les élections du 28 novembre au Congo ont été maculées de tant d’irrégularités qu’ELLES N’ONT PAS DE LEGITIMITE. Le ministre belge des Affaires étrangères est le seul à soutenir qu’elles « n’ont pas changé l’ordre d’arrivée » à la présidentielle : avec 3 millions de voix d’écart officiel entre les deux hommes, mais 3,6 millions de doubles enregistrements d’électeurs, 1,6 millions de bulletins disparus et des transferts frauduleux de voix de Tshisekedi ou Kamerhe sur les totaux de Kabila, il a du mal à faire partager sa position ».
En effet, par sa prise de position délibérée, le Premier ministre belge, le Ministre belge des Affaires étrangères, Louis Michel et Colette Braeckmann, méprisent le choix que les Congolais, dans leur majorité, ont porté sur la personne de M. Etienne Tshisekedi. Comment comprendre que les royalistes belges refusent de se désintéresser du Congo comme un enfant qui refuse de quitter les seins de sa mère alors que les Congolais ne se mêlent pas des problèmes de la Belgique qui peine à se donner un Etat stable ? Pourtant, la capitale de l’Europe qui prône la démocratie se trouve sur ce territoire. Comme les royalistes belges, Colette Braeckmann a un esprit colonialiste. Elle redoute la stabilité du Congo et le développement de notre pays car cela entraînera in fine l’appauvrissement de la Belgique et probablement sa disparition comme Etat.
La Belgique, qui n’a jamais eu un Etat stable (a no man’s land), a créé au Congo un autre Etat instable afin de faciliter le pillage de l’économie de notre pays. Ainsi, des entreprises mafieuses belges, en coopération avec d’autres entreprises internationales mafieuses, s’entendent sur le dos des Congolais pour extraire à leur profit, partout où elles le peuvent, les minerais du sous-sol congolais.
Depuis l’époque coloniale, à aucun moment de notre Histoire la fameuse « communauté internationale » a pris position en faveur du Congo. Est-il vraiment permis de penser qu’elle le fera demain ? La réponse est NON. Il est donc grand temps de redéfinir nos relations bilatérales avec la Belgique. Nous devons désormais décider nous-mêmes de notre propre avenir sans une intervention extérieure. C’est cela être indépendant et souverain. A chaque fois, lorsque nous nous ressaisissons pour définir notre avenir commun, l’extérieur s’organise pour interrompre la machine en marche en nous imposant ses hommes. L’Occident l’a fait en 1960, en 1965, en 1997, en 2001, en 2006 et 2011. Il faut que la mainmise occidentale prenne fin pour faire place à l’engagement des Congolais eux-mêmes. Après cinquante ans d’exploitation éhontée, nous voulons maintenant notre indépendance définitive.
M. Etienne Tshisekedi est emprisonné alors qu’il n’a commis aucun crime
Depuis la proclamation des résultats, le Congo est dans une situation d’impasse politique. Mais, pendant ce temps, que se trame-t-il du côté du pouvoir sortant ? Il est permis de penser que les hommes de M. Joseph Kabila sont occupés à former un gouvernement d’union nationale dans lequel ils introduiront les hommes (des nègres payés pour le besoin de la cause) qui se réclamaient hier appartenir à l’opposition, en piochant aussi autour de M. Etienne Tshisekedi afin de l’affaiblir et de le neutraliser. Les hommes autour du président Tshisekedi et les députés élus de l’UDPS vont-ils résister à la corruption du pouvoir et à la tentation des six mille dollars ? Pas très sûr. Le député européen, Louis Michel, l’artisan de la première heure du pouvoir de Joseph « Kabila », jouerait un rôle-clé, en coulisse, dans cette voie qui pourrait ressembler à une nouvelle transition.
Le Congo ne pourra-t-il pas sortir de cette logique de transition sans fin, car, depuis 1960, le Congo est toujours en transition ? Il est aussi permis de penser que M. Joseph « Kabila » contacte des pays étrangers pour obtenir de nouveaux soldats étrangers qui viendraient pour contrer la révolte populaire. Il est aussi permis de penser que pendant ce temps de silence, M. Joseph « Kabila » examine les voies et moyens de diviser le Congo, de le plonger dans la rébellion entre le Kivu, le Katanga et le reste du pays, comme les Belges l’ont fait en 1960, après leur échec. Enfin, il est également permis de penser qu’il examine sérieusement la possibilité de fuir le Congo pour échapper à la CPI et à la vindicte publique. Entre-temps, M. Etienne Tshisekedi est toujours « emprisonné » chez lui afin de solliciter ses serfs sinon de le pousser à la mort, et le monde « civilisé » ne dit rien, exactement comme dans le scénario de Lumumba avec les casques bleus. Celui-ci est privé de la liberté de ses mouvements alors qu’il n’a pas commis de crime. Pour quelle raison, le pouvoir de M. Joseph « Kabila » n’a-t-il jamais encerclé MM. Nkunda Batware Mihigo et Bosco Ntaganda alors que ces deux derniers sont poursuivis par la CPI ? Qu’on rende la liberté à l’élu du peuple, M. Etienne Tshisekedi !
Chers compatriotes
Ne rêvons plus, n’évoquons plus la « communauté internationale » pour construire notre avenir, agissons plutôt. Devenons majeurs et responsables. La fameuse « communauté internationale » ne nous assistera jamais, elle continuera plutôt à nous exploiter car notre pays est trop riche. Sortons de toutes nos illusions et inscrivons notre lutte dans la logique de « légitime défense » que notre plate-forme a choisie depuis sa création (se référer à l’adresse du CLD : www.congolegitimedefense.org
Montrons au reste du monde que le Congo est avant tout à nous ses occupants et ses habitants. Le destin du Congo doit dépendra de nous, ce n’est pas une responsabilité de la fameuse « communauté internationale » qui n’est qu’une nébuleuse. Peuple congolais, il n’y a aucun pays au monde qui a construit sa souveraineté et a fait respecter son intégrité territoriale (frontières) sans au préalable former une armée nationale forte : Allemagne face à la France (sous Bismarck), Etats-Unis face à la Grande-Bretagne, Brésil face aux Etats-Unis, Chine face au Japon, etc. Pour le dire avec d’autres mots, l’Histoire ne retient aucun exemple d’un pays riche en ressources naturelles qui a fait respecter ses frontières et ses richesses du sol et du sous-sol sans, avoir au préalable, construit une armée forte. La politique est avant tout une question des rapports de force. Il faut certes savoir user de cette force. Mais cela est une autre question.
Le jour où le Congo aura une armée digne de son nom, où nous serons capables d’assurer la sécurité le long de nos frontières et notre souveraineté, le monde entier, c’est-à-dire cette fameuse « communauté internationale », nous respectera ; autrement le Congo sera toujours une colonie belge à défaut d’être une colonie ouverte aux grandes puissances.
Si nous ne faisons rien aujourd’hui, si nous ne saisissons pas cette opportunité pour affirmer notre indépendance, le Congo nous échappera pendant longtemps et nous serons gouvernés par des Tutsi qui occuperont, sans sourciller, tous les camps militaires et les postes les plus importants dans la sécurité, les services de renseignement et la diplomatie.
Peuple congolais : réveillons-nous, ne rêvons plus. Notre pays est en danger, il va à vau-l’eau. L’heure est donc à l’action pour défendre l’avenir de notre pays. Que chacun de nous agisse partout où il se trouve et selon les moyens dont il dispose.
Soyons fiers de notre pays et aimons-le de tout notre coeur. Il doit être notre plus grand amour de vie.
Fweley Diangitukwa
Politologue et Président du CLD (Le Congo en légitime défense)
http://www.congolegitimedefense.org
http://www.fweley.wordpress.com