Par Jean-Pierre Mbelu
Il y a de ces documentaires qu’il est souhaitable de voir à temps et à contretemps en vue de comprendre, un tant soit peu, ce qui se passe au Congo-Kinshasa depuis 1885. Voir « Le conflit au Congo. La vérité dévoilée » et passer à « Congo:la guerre des minerais » permet d’identifier »les acteurs pléniers » et »les acteurs apparents » ( »les crapules »?) de la descente du pays de Lumumba aux enfers. Identifier »les acteurs » et »leur mode opératoire », connaître l’usage qu’ils font de »leurs crapules », cela est un pas important dans la recherche des voies d’émancipation politique du Congo-Kinshasa de forces de la mort.
Ce pas devrait être suivi d’un autre. C’est-à-dire de la compréhension des dégâts causés sur l’imaginaire socio-politique, culturel et spirituel des masses congolaises par cette guerre perpétuelle raciste de prédation, de destruction et de l’atomisation de l’identité collective congolaise.
Les bons gardiens du temple de l’ultralibéralisme
Les égos surdimensionnés remis en question au cœur de l’Afrique ne sont pas une génération spontanée. Ils attestent que l’atomisation de l’identité congolaise a produit de »petits monstres » recroquevillés sur eux-mêmes et luttant contre les droits collectifs du pays au profit de »leurs maîtres ». Bref, cette guerre raciste perpétuelle a produit des »esclaves heureux » et des »esclaves volontaires » capables de prendre tout un pays en otage afin que triomphent les intérêts de leurs parrains au grand dam de ceux des masses populaires réduites au rang des thuriféraires, des applaudisseurs et d’autres indigents.
Ignorer cette réalité, c’est-à-dire réduire le nombre de ces »petits monstres » à »l’un » qui se nommerait »alias Joseph Kabila » est une illusion. Ce réductionnisme cache »les acteurs des coulisses » et facilite »la re-conversion momentanée » des »chiens de garde » de l’ultralibéralisme en »bons agents de la démocratie du marché ».
Cette guerre raciste perpétuelle a produit des « esclaves heureux » et des « esclaves volontaires » capables de prendre tout un pays en otage afin que triomphent les intérêts de leurs parrains au grand dam de ceux des masses populaires réduites au rang des thuriféraires, des applaudisseurs et d’autres indigents.
Hier, les dinosaures mobutistes ont joué le même jeu. Ils se sont retrouvés, nombreux, dans »la kabilie ». Aujourd’hui, »les nouveaux prédateurs de la kabilie » se livrent au même jeu. Pourquoi ? Ils sont les bons gardiens du temple de l’ultralibéralisme. Pour preuve : tous ne jurent que par »l’amélioration du climat des affaires ». Ce faisant, ils jouent le jeu d’un camp ne jurant que par le retour au monde unipolaire qu’il dominait par la force. Les nouveaux prédateurs de la kabilie re-convertis momentanément en partisans de la démocratie du marché refusent, par leur instrumentalisation, l’avènement d’un monde multipolaire en marche. Ils aiment, à quelques exceptions près, la guerre »des éléphants » transformant les masses populaires congolaises en »herbe ». Pour dire les choses autrement, ils sont, avec leurs parrains, les adversaires des masses populaires congolaises aspirant à la protection des droits collectifs des peuples. C’est-à-dire le droit à l’égale souveraineté, à la réciprocité, à l’autodétermination et à la non-ingérence dans les affaires des Etats tiers. Tous ces droits garantis par le droit international ignoré par les forces de la mort.
A l’assaut du ciel…
Ils font semblant de coopérer à la mise des masses congolaises debout sans leur dire que c’est pour les sacrifier sur l’autel de l’ultralibéralisme et de »la guerre des éléphants ».
A ce point nommé, il serait intelligent que »les minorités organisées en conscience et en connaissance de cause » puissent entrevoir, sérieusement, la possibilité d’aller vers d’autres acteurs géostratégiques ; ces »amis du Congo et de l’Afrique » depuis plusieurs années et que »la guerre dite froide » a voulu écarter du cœur du monde. Les alliances tricontinentales devraient être revues et corrigées. L’Amérique Latine, l’Asie et l’Afrique auraient intérêt à requestionner leur passé commun en vue d’entrevoir un avenir partagé dans le respect du droit international.
Il est temps que « les peuples du tiers-monde repartent à l’assaut du ciel » en battant en brèche le paradigme désuet du monde unipolaire maté par la force brute.
Il est temps que « les peuples du tiers-monde repartent à l’assaut du ciel » en battant en brèche le paradigme désuet du monde unipolaire maté par la force brute. Un livre peut aider sur cette voie. Il s’agit de S.BOUAMAMA, La tricontinentale. Les peuples du tiers-monde à l’assaut du ciel (Genève, Ed. du CETIM, 2016). Ce livre accorde une place importante à la pensée développée par les luttants de la tricontinentale, à leur capacité de durer, à leur désir de s’unir dans l’adversité, etc.
« Les minorités congolaises organisées en conscience et en connaissance de cause » ont intérêt, tout en tenant compte de l’interdépendance avec « les partenaires classiques », à frapper à la porte de l’Asie et de l’Amérique Latine. La Syrie a essayé. Elle n’est pas déçue.
Babanya Kabudi
Génération Lumumba 1961