Par Jean-Pierre Mbelu
Lire les médias nous exige toujours un grand esprit de discernement. Plusieurs d’entre eux participent de la falsification de l’histoire des peuples et du décervelage des masses populaires. Avoir des médias alternatifs devient de plus en plus une nécessité pour contrer les dégâts causés par les médias dominants. En RDC, la Radio Okapi devrait être soumise à une critique permanente. Elle donne de plus en plus l’impression d’être un véritable média dominant. La preuve : elle nie tous les correctifs apportés les livres, articles, témoignages, films et rapports des experts de l’ONU sur la guerre de l’AFDL en ce vendredi 17 mai 2014.
Les compatriotes lisant les informations sur le site de la Radio Okapi seront peut-être étonnés de lire ‘’une version officiellement dominante’’ de la guerre de l’AFDL[1]. Il y aurait eu, selon la Radio Okapi, ‘’une révolution du 17 mai’’ menée par l’AFDL de Laurent-Désiré Kabila et ayant conduit à chasser Mobutu du pouvoir. Curieux ! Cet article met entre parenthèse tous les rapports des experts de l’ONU sur la guerre de prédation et de basse intensité menée par l’élite dominante anglo-saxonne contre le Zaïre de Mobutu par les proxys ougando-rwando-burundais interposés. Il fait comme si tous les livres, films-documentaires et témoignages écrits sur cette guerre depuis les années 90 n’existaient pas. Triste ! Il fait comme si le message du départ de Mobutu de la tête du Zaïre ne lui avait pas été livré par un ambassadeur américain du nom de Bill Richardson. C’est-à-dire un légat de l’un des pays ayant participé à l’assassinat de Patrice Lumumba le 17 janvier 1961 pour faire de Joseph-Désiré Mobutu ‘’le roi du Zaïre’’.
Contrairement à la Radio Okapi, nous soutenons haut et fort que le 17 mai 1997, il n’y a pas eu de ‘’révolution’’ au Zaïre. Il y a eu, au contraire, ‘’un coup d’Etat doux’’, un aboutissement d’une guerre de basse intensité et de prédation anglo-saxonne. Elle a porté un pantin congolais sur la scène théâtralisant cette guerre pour en faire ‘’un président’’. (Quand ce Congolais cherchera à rompre avec la théâtralisation de cette guerre ‘’révolutionnaire’’ pour devenir ‘’le véritable président du Congo’’, il sera assassiné le 16 janvier 2001. Relisons bien les dates : Lumumba est assassiné le 17 janvier 1961 et Laurent-Désiré Kabila le 16 janvier 2001. Est-ce anodin ? Nous ne croyons pas.)
Quand la Radio Okapi offre sa ‘’version officiellement dominante’’ de la guerre de l’AFDL, elle donne la nette impression de participer de la falsification de l’histoire du Congo de Lumumba. Ce faisant, elle semble dévoiler une part de sa mission : décerveler, lobotomiser les Congolais(es) en les invitant à écouter une version falsifiée de leur histoire. Or, la Radio Okapi est l’une des rares radios à être suivies aux quatre coins de la RDC. Il y aurait là, un travail fait subrepticement, sur le court, moyen et long terme pour casser la conscience historique collective chez les auditeurs congolais non-avertis de cette radio ; un travail fait pour cacher les responsabilités historiques des acteurs majeurs de la guerre de basse intensité et de prédation tendant à effacer la RDC de la carte du monde et pour abrutir davantage les plus naïfs d’entre nous. Procès d’intention ? Peut-être ! Mais comment la Radio Okapi peut-elle, malgré toute la documentation accumulée aujourd’hui sur la guerre de l’AFDL, reconduire, 17 ans après, la version éculée des va-t-en-guerre, receleurs des ressources stratégiques de la RDC et fossoyeurs de la patrie de Simon Kimbangu ? Les minorités organisées et agissantes, les médias alternatifs et les autres patriotes Résistants congolais devraient prendre toute la mesure du danger que court le Congo où le pluralisme médiatique est proscrit.
Non. Il n’y a pas eu une ‘’révolution’’ de l’AFDL. Non. Il y a eu une guerre de prédation et de basse intensité menée par l’élite dominante anglo-saxonne contre la RDC et les autres pays de l’Afrique des Grands Lacs. Cette guerre se poursuit jusqu’à ce jour. Les médias dominants y participent.