Par Jean-Pierre Mbelu
»Babende kabafwi, mba balume ne bakaji » (Prov. Luba)
Le week-end du 29 au 30 décembre risque d’être très agité au Congo-Kinshasa. Ce jeudi 27 décembre, à Beni, à Goma et à Butembo, les populations congolaises sont dans la rue. Elles demandent à leurs tortionnaires de les tuer. Elles tiennent à participer aux »élections-pièges-à-cons » prévues pour le 30 décembre 2018. Pour elles, aucun motif n’est suffisant pour justifier leur non-participation telle qu’annoncée par Corneille Nangaa. Elles refusent que leur participation à »ces élections » soient remise au mois de mars.
Il me semble que plusieurs compatriotes refusent de comprendre que la question congolaise n’est pas d’abord électorale. Elle est celle des conquêtes des terres. Et les terres, pour être conquises, ont besoin que les corps et les esprits soient soumis par les conquérants. Telle fut la procédure de la traite négrière et de la colonisation. Un livre magnifique explique cela en des termes très clairs. Il est intitulé »Sexe, race & colonies. La domination des corps du XVe siècle à nos jours » (Paris, La Découverte, 2018). Donc, depuis le XVe siècle, les corps et les esprits des nègres sont dominés par les initiateurs des récits racialistes avec la complicité de leurs sous-fifres. Cette domination est exercée directement et/ou indirectement. Hier, les viols et les mains coupés ont participé de son exercice direct. Au cours de la colonisation et de la néocolonisation, les nègres de service ont joué un rôle majeur. Depuis les années 1990, l’Ouganda, le Rwanda, le Burundi et quelques autres pays africains poursuivent la même sale besogne au Congo-Kinshasa avec la complicité de leurs »Chevaux de Troie » et des Congolais cupides.
Domination des corps et des esprits
Les différentes campagnes électorales entreprises au Congo-Kinshasa depuis 2006 sont des essais mal ficelés pour cacher la soif de dominer les corps et les esprits au cœur de l’Afrique afin de conquérir les terres.
Plusieurs compatriotes refusent de comprendre que la question congolaise n’est pas d’abord électorale. Elle est celle des conquêtes des terres. Et les terres, pour être conquises, ont besoin que les corps et les esprits soient soumis par les conquérants.
»Deux amis » ayant joué un rôle important dans cette quête de domination des corps et des esprits ont fini par »se brouiller »(?) avec »l’aide » de leurs parrains. Un article est très clair sur la question. Il est long et n’a pas la chance d’être lu jusqu’au bout par les tambourinaires, les thuriféraires et les applaudisseurs de deux camps formés par ces »deux amis ». Il est ici .
N’étant pas capables de s’affronter en face à face, »ces deux amis » ont acheté et conquis des fanatiques confondant leur inimitié et »la cause du Congo ». Ils ont mis ces fanatiques sur le devant de la scène congolaise au cours d’un processus affairiste vicieux et vicié en mentant aux masses congolaises. Ils leur ont dit qu’elles se préparaient aux élections libres, claires, limpides et démocratiques. Les masses congolaises, n’étant pas capables d’avoir accès à une bonne information, ont cru que dans un pays occupé par les néocoloniaux et leurs sous-fifres, il était possible d’aller aux élections sans recensement.
Orchestrer la mort des Congolais(es)
Le comble est que cette inimitié entre »les deux amis » cause des morts mis sur le compte de la démocratie. Pourtant, il n’est pas du tout question d’un processus politique démocratique. Non. Il est question de la domination des corps et des esprits pour conquérir des terres par des »nègres de service » cyniques et cupides interposés.
Orchestrer la mort des Congolais(es), »des gens d’autrui » ( bantu ba bende) cyniquement et par cupidité sans bornes, au nom de »la démocratie » est un crime contre l’humanité.
Au cours de la colonisation et de la néocolonisation, les nègres de service ont joué un rôle majeur. Depuis les années 1990, l’Ouganda, le Rwanda, le Burundi et quelques autres pays africains poursuivent la même sale besogne au Congo-Kinshasa avec la complicité de leurs »Chevaux de Troie » et des Congolais cupides.
Faute de discernement, par la volonté d’ignorer et le refus de savoir, inconsciemment ou consciemment, des masses populaires congolaises sont devenues les jouets des copains et des coquins au service de la domination des corps et des esprits pour la conquête des terres congolaises.
Ecrire un petit article comme celui-ci, c’est tirer une sonnette d’alarme. C’est inviter les luttants congolais à identifier les ennemis internes et externes de la cause congolaise afin d’éviter de faire leur jeu. C’est peut-être »un cri dans la désert ». Il vaut la peine d’être lancé. Car, j’estime que »les bantu ba bende (les gens d’autrui) kabafu (ne doivent pas mourir inutilement) : mba balume ne bakaji (ils sont nés des hommes et des femmes) de notre terre congolaise. Ils méritent d’être respectés dans leur dignité. A moins qu’ils décident, par eux-mêmes, en conscience et en connaissance de cause, de protéger leurs terres. A n’importe quel prix sans se laisser prendre au jeu de ces »deux amis » identifiables dans leur rôle macabre.
Babanya Kabudi
Génération Lumumba 1961