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La poursuite du combat de Lumumba ou les concertations nationales : Une question de survie pour le Congo

La poursuite du combat de Lumumba ou les concertations nationales : Une question de survie pour le Congo

La poursuite du combat de Lumumba ou les concertations nationales : Une question de survie pour le Congo 800 601 Ingeta

L’analyste politique Jean-Pierre Mbelu expose les enjeux et l’héritage aujourd’hui du combat de Patrice Lumumba, à l’occasion du 53ème anniversaire de l’indépendance du Congo, décrypte le double discours du gouvernement d’occupation de Kinshasa, et explique pourquoi avaliser l’organisation des concertations nationales de Kabila, c’est accepter de mettre une croix sur la vie et la survie de notre pays.

Sur le bilan des 53 dernières années pour le Congo

L’indépendance nominale n’était pas suffisante. Aujourd’hui, il nous appartient de nous réapproprier cette indépendance en procédant par une réécriture sans complaisance de notre histoire, avec les forces en présence impliquées dans la lutte contre notre indépendance.
Il y a néanmoins, aujourd’hui, des motifs de satisfaction. Parce que nous avons encore des dignes filles et fils du Congo qui sont debout et qui se battent pour que cette indépendance ne puisse pas être considérée comme un vain mot.
Mais il y a aussi des raisons d’être tristes. Nous avons connu avec Mobutu, 32 de dictature avilissante et abrutissante, et depuis plus de deux décennies, nous connaissances une dictature plus qu’assujettissante et abrutissante. Et aujourd’hui, comme l’époque coloniale, nous avons des hommes politiques qui sont en prison, dont un qui risque de mourir, Diomi Ndongala.

Sur ce qui reste du combat de Patrice Lumumba

Ce qu’il reste du combat de Lumumba, c’est cet attachement des congolais et des congolaises à leur terre mère. Le néocolonialisme et l’impérialisme n’ont pas pu supprimé cela. Il reste encore dans la tête des dignes filles et fils du pays, le patriotisme avec lequel Lumumba a mené sa lutte. Mais l’héritage de Lumumba est fragilisé par le fait que la conscience collective est en train de s’affaiblir. Il y a un travail à faire pour que la conscience collective demeure active et que l’identité congolaise puisse s’affirmer davantage par delà nos différences ethniques et tribales.
Or aujourd’hui, on remarque qu’il y a des fractures sérieuses dans l’affirmation de cette identité et de cette conscience collective, liées au fait que nous avons une classe politique médiocre qui fait de l’ethnie et de la tribu une référence pour pouvoir neutraliser l’héritage nationaliste et patriotique que Lumumba a transmis. Dieu merci, les minorités organisées et agissantes ne baissent pas la garde.

Sur le tribalisme et les congolais

Qui paie ceux qui travaillent pour le tribalisme et l’ethnicisme? Il faut toujours aller derrière ces gens là pour voir qui les paient. Parce que lutter contre la conscience collective congolaise et l’identité congolaise pour pouvoir s’orienter dans le sens du tribalisme et de l’ethnicisme, c’est faire le jeu de l’ennemi qui ne jure que par le principe du « diviser pour régner ».

Sur la journée du 30 juin 2013 au Congo

Quand le ministre de l’intérieur, parle de l’espace congolais occupé, pour justifier la non célébration du 30 juin, il fait allusion à l’Est du pays, or c’est tout le Congo qui est sous occupation et sous tutelle. Il devrait aller plus loin : Le Congo est occupé sous le joug du néocolonialisme et de l’impérialisme, le Congo est devenu la colonie de la communauté dite internationale, mais ce ministre et son gouvernement participent de ce jeu du néocolonialisme, de l’impérialisme et de la mise sous tutelle du Congo.

Sur le piège du gouvernement d’occupation et la quête de légitimité de Kabila

C’est là le piège ce de gouvernement qui cherche à créer une cohésion autour d’une figure qui participe de cette occupation mais qui voudrait aujourd’hui se présenter à nous comme le dénominateur commun de notre lutte contre l’occupation du Congo. Ce monsieur Kabila qui n’a pas pu jouir de la légitimité politique à l’issue des élections bidons de 2011 est en train de lutter pour récupérer cette légitimité en organisant des concertations nationales. Concertations qui vont le mettre au cœur de toutes les activités qui pourront être organisées.
Chaque fois que nous analysons les questions de notre pays nous devons être très attentifs aux pièges que nous tend le gouvernement d’occupation en place au Congo. Ils veulent se légitimer après avoir truqué et fraudé aux élections en prétextant l’occupation à l’Est et la nécessité d’une cohésion nationale pour y faire face. Or non seulement tout le pays est occupé, mais, comble de toute, même nos ministères sont agencifiés, et sont devenus des lieux de la mise sous tutelle du Congo par la communauté internationale.

Sur la nouvelle commission électorale nationale indépendante

Le pouvoir d’occupation à Kinshasa ne respecte aucun de ses engagements. Les promesses se succèdent les unes après les autres et n’engagent que ceux qui y croient. Ces gens là n’ont aucune crédibilité. Ils adoptent un double discours comme leurs parrains.
Il ne faut surtout pas se fier à la théâtralisation de la vie sociale et politique de notre pays.

Sur les concertations nationales

Pourquoi est-ce que l’on parle de la violence à l’Est du pays et non dans tous le pays ? Tout le pays subit le joug de la violence. Et celui qui organise et gère la violence chez nous, c’est celui qui est au cœur de ces concertations nationales : Joseph Kabila.
Avaliser l’organisation de ces concertations nationales, c’est accepter de mettre une croix sur la vie et la survie de notre pays.
Il y a eu beaucoup d’argent venu de Kinshasa pour pouvoir corrompre la diaspora congolaise. Il n’est donc pas interdit qu’une certaine diaspora se rende à Kinshasa. Mais nous devons arrêter de nous leurrer. L’enjeu de ces concertations nationales est de pouvoir légitimer un pouvoir d’occupation. L’enjeu est de pouvoir donner à Kabila ce qu’il n’a pas pu avoir officiellement, légalement par les urnes.
Dieu merci, tous les congolais ne sont pas bêtes. Il n’y a qui aujourd’hui disent vouloir appliquer l’article 64 de notre constitution pour faire échec à ce gouvernement d’usurpation.
Ces concertations ne sont pas une main tendue mais une manière de se moquer des congolais. Lorsque la table ronde à été organisé à Bruxelles avant notre indépendance, Lumumba avait été emprisonné. Les congolais qui devaient y participer ont dit : « si Lumumba n’est pas là, nous ne viendront pas ». Lumumba a dû être libéré. Aujourd’hui, nous aurions crû à une main véritablement tendue si tous les prisonniers politiques pouvaient être libérés, si ces gens étaient devenus un peu humbles en disant « au lieu que tout soit concentré autour de Kabila, on crée une commission neutre qui gère la chose ». Or tout est coordonné par Kabila.
On ne peut pas se moquer d’un peuple comme cela indéfiniment. Non, il y en a marre. Il peut régner par des défis, mais il y a des actes qu’il pose qui montrent qu’il obéit à son principe : « Le chien aboie, la caravane passe ». Et la caravane peut écraser même le chien. Et les congolais sont ces chiens qu’il veut écraser. Comme il en veut à Diomi Ndongala et veut le tuer. Contrairement à ce qu’il pense, la patience des congolais finira par atteindre ses limites. Ca va trainer pour qu’on puisse récupérer notre indépendance, mais ça vaut le coup, que ça prenne le temps que cela prendra au lieu de nous asseoir à une même table avec un pouvoir d’occupation qui ne jure que par la mort des meilleurs d’entre nous.

Sur la destitution de l’abbé Malu Malu par la CENCO

La CENCO a été cohérente avec elle-même. Elle avait dit que les religieux ne devaient pas participer à la commission électorale nationale indépendante. Mais Malu Malu en a fait à sa tête. C’est ainsi que la CENCO l’a désavoué. L’acte de la CENCO est crédible, parce qu’il n’est pas possible à une Eglise exerçant dans notre pays sa fonction prophétique de pouvoir soutenir des personnalités dans ses rangs qui coalisent avec un pouvoir qui sème la mort et la désolation au Congo.

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