Par Pascal Mugaruka, président de Africa Reconciled (AR).
Les Forces Armées de la République Démocratique du Congo n’avaient pas l’intention de laisser de quartier à Kitchanga. Les affrontements ayant opposé le 27 et 28 février 2013 les Forces Armées de la République Démocratique du Congo (FARDC) et l’Armée du Peuple pour un Congo Libre et Souverain (APCLS) dans la cité de Kitchanga, groupement Bashali-Mokoto (en aval) et à Bishusha (en amont) dans le Bwito respectivement dans le territoire de Masisi et dans le territoire de Rutshuru à plus ou moins 90 km au Nord-Ouest de la Ville de Goma, chef lieu de la province du Nord-Kivu ont causé plusieurs dégâts sur le plan humain et matériels.
Pour rappel, les affrontements ont commencé le mercredi 27 février 2013 à 5h, heure locale lorsque les éléments des APCLS s’étaient vus disperser par les unités des FARDC du 812ème régiment dirigé par le Colonel Mudahunga alors qu’ils allaient enterrer l’un de leur chef assassiné à proximité du Camps de Kahé à côté duquel se trouve installé l’Etat-Major du 812ème régiment. Cela a constitué l’élément déclencheur des affrontements entre les deux parties. En effet, selon les résultats de nos enquêtes sur le terrain, les APCLS avaient déjà délogé les FARDC des coins stratégiques de la cité de Kitchanga l’avant midi de ce mercredi 27 février 2013. En représailles, les FARDC, ont commencé à larguer les bombes et les obus dans les quartiers de la cité de Kitchanga sans distinction. Les premières qui auraient été larguées par les FARDC seraient celles qui auraient détruits les Bureaux de Médecins Sans Frontière Hollande et de Bon enfance.
Les crimes commis en violation du droit international humanitaire
Africa Reconciled a noté des attaques contre les personnes et leurs biens pendant et après les affrontements. La majorité de victimes de ces carnages sont les Hundes, les Nandes et les Hutus. Les FARDC et les APCLS se sont attaqués aux civils sur base de présomptions de leur appartenance ethnique et de leur connivence avec la partie belligérante.
Le bilan Humain
Plus de 120 personnes ont été tuées pendant ces affrontements. Une catégorie de victimes a été tuée à balles réelles, une deuxième catégorie de victimes a été tuée par des bombes, des obus des lances roquettes et une troisième catégorie de victimes a été tuée par l’incendie dans leurs maisons. Les recherches pour trouver les corps dans les décombres des maisons incendiées continuent. Plusieurs blessés sont accueillis dans les centres hospitaliers de Mweso et de CEBECCA Ndosho à Goma. Certains blessés graves ont été évacués par la MONUSCO vers Goma pour y recevoir les soins appropriés.
Bilan matériel
Le bilan matériel est énorme. Le centre commercial de Kitchanga (Hôtels, magasins, boutiques, pharmacies, restaurants) ont été détruits et incendiés. Les quartiers Camp Sayo, Mberere et remblaie ont été détruits à 90%. Selon la Croix Rouge locale, plus de 256 maisons ont été incendiées à l’aide de l’essence et 30 maisons ont été détruites ou endommagées par des bombes et des obus largués sur la cité par les FARDC.
Les bureaux des organisations humanitaires comme Médecin sans frontières Hollande, Bonenfance, la base de Heal Africa, le bureau de Bâtir notre terre et le bureau de la Commission Nationale des Réfugiés ont été détruits par des bombes et incendiés.
Observation
Les éléments des APCLS se sont retrouvés à Kitchanga sur invitation de l’Etat Major forces terrestres des FARDC pour leur intégration dans l’armée nationale. Selon les informations récoltées auprès des sources indépendantes, les combattants APCLS étaient entrain d’être enregistrés et identifiés par les services de la 8ème région Militaire. Selon plusieurs sources contactées par Congo Peace Network sur le terrain, certaines maisons ont été incendiées à l’aide de l’essence par des personnes qui seraient présumées venir du camp de Kahe avec le soutien de certains militaires des FARDC après que les APCLS se seraient retirés de la cité. Les FARDC sous le commandement du Colonel Mudahunga et son adjoint Lt. Colonel Muhire n’avaient pas l’intention de laisser des quartiers à Kitchanga au regard du bilan sur le plan humain et matériel.
Au regard de tout ce qui précède nous rappelons que tous ces actes sont constitutifs des crimes de guerre et des cimes contre l’humanité au regard des conventions de Genève, du Statut de la Cour Pénale Internationale, du Code Pénal Congolais Militaire et des lois et coutumes internationales. Nous dénonçons le silence coupable des autorités et leur inaction après les crimes commis par les FARDC à Kitchanga. AR invite le Gouvernement de la République Démocratique du Congo à tirer toutes les conséquences juridiques pour lutter contre l’impunité de ces crimes commis par les membres de ses Forces Armées. A défaut, il sera tenu responsable de leurs actes au nom de la responsabilité hiérarchique.
AR exige l’arrestation du Colonel Mudahunga et de son adjoint le Colonel Muhire et leur mise à la disposition de la justice militaire pour des raisons d’enquête. Nous condamne sans ambages les actes d’attaques orientés contre les civils et leurs biens à Kitchanga en raison de leur appartenance ethnique ou idéologique et rappel à leurs auteurs que de tels actes constituent des violations graves des droits humains.
Fait à Goma, le 6 Mars 2013
Pascal Mugaruka, Président.
Web: www.africareconciled.org
Email: info@africareconciled.org
GENESE DE LA SOMALISATION DU KIVU
Les dernières nouvelles sur la situation au Masisi, plus précisément dans la ville de Kitchanga dans la province du Nord Kivu, nous donnent l’opportunité de réfléchir sur ce phénomène désastreux de prolifération de groupes armés qui frappe particulièrement l’Est de la RDC.
La population de Kitchanga a été victime il y a 2 jours de violents affrontements qui ont lourdement touché les civiles de cette partie de la R.D. Congo :
55 morts, 135 blessés graves et plus de 500.000 déplacés constituent le bilan macabre rendu publique par l’ONG Internationale « Médecins sans frontières » et la Croix Rouge Internationale.
Alors que dans le territoire de Rutshuru les congolais sont victimes de la guerre « interne » des chefs entre deux factions du mouvement M23, l’une dirigée par Bosco Ntanganda et l’autre par Sultani Makenga, à Kitchanga, en parallèle, une autre « guerre » a lieu entre les anciens « alliés », les Hundes de l’ APCLS, et les troupes régulières des FARDC.
Quelques heures après les graves affrontements qui ont conduit à la destruction de toutes les maisons de cette ville ainsi que de son seul hôpital, occasionnant la mort d’une grande partie des malades qui était hébergés dans le centre de santé, une brève accalmie a été vite interrompue, exactement au même moment où démarrait la danse de chaises musicales entre les troupes régulières de la RDC et les rebelles du M23 dans le territoire de Rutshuru, où le M23 a abandonné certaines de ses positions qui ont été occupées par les FARDC. Après 24 heures, à leur tour, les FARDC se sont retirées des mêmes territoires pour les remettre au …mouvement rebelle M23, malgré les protestations de la société civile locale criant au scandale.
Ce jeu de passe-passe – politiquement injustifiable – marque le commencement des combats à Kitchanga entre Fardc et les Mai Mai de l’APCLS, que RFI vient de definir dans un article de son site web comme le groupe le mieux armé de la nebuleuse mai-mai (Qui est le fournisseur des armes lourdes dont APCLS dispose? )
Quand l’on sait qu’ il y a peu les FARDC et les Hundes de l’APCLS étaient des alliés de circonstance contre le M 23, cela donne matière à réfléchir sur le tenants et les aboutissant du »Poker Menteur » qui est en train de se jouer en ce moment au Kivu.
LA DIPLOMATIE ET LA MONUSCO SONT IMPUISSANTS FACE A LA PROLIFERATION ET EMIETTEMENT DE BANDES ARMES DANS L’EST DE LA RDC. NEANMOINS, LE LIEN ENTRE CE PHENOMENE DE PROLIFERATION DES GROUPES ARMES ET LE JONGLAGE DES ALLIANCES SI CHER A LA POLIQUE DITE « SECURITAIRE » DE JOSEPH KABILA EST PLUS QU’EVIDENT.
ASSISTONS-NOUS, ENCORE UNE FOIS, A UN REVIREMENT DES ALLIANCES COMME A L’EPOQUE DE NKUNDA BATUARE ET BOSCO NTANGANDA EN FIN 2008 / 2009, AVEC LES MORTIFERE CAMPAGNE AMNI LEO 1 ET 2 QUI ONT PROVOQUE LE DEPLACEMENT DE PLUS DE 2.000.000 DE CONGOLAIS SANS ATTEINDRE NULLEMENT L’OBJECTIF STRATEGIQUE DES DESARMEMENT DES GROUPES ARMES QUI ONT CONTINUE A SE MULTIPLIER?
SI CE CHANGEMENT D’ALLIANCES EST DEJA EN COURS, CELA VEUT DIRE QU’UN ACCORD ENTRE KABILA ET LE M23 DIRIGE PAR SULTANI MAKENGA A ETE VRAISEMBLABLEMENT NEGOCIE (COMME LAISSE ENTENDRE LA RESTITUTION DES TERRITOIRES OCCUPES PAR LES FARDC AU M23 / MAKENGA. D’AILLEURS LA PRESSE INTERNATIONALE A FAIT ECHO D’UNE VISITE, PRETENDUEMENT « PRIVEE » DE JOSEPH KABILA A KAMPALA, OU IL A PU AISEMENT NEGOCIER AVEC SULTANI MAKENGA LE RETRAIT DES FARDC DES POSITION RECEMMENT ACQUISES EN ECHANGE D’UNE PROCHAINE REINTEGRATION, SOUS L’EGIDE ET LA MEDIATION OUGANDAISE ET SOUS COUVERTURE DU PROCESSUS DE DIALOGUE EN COURS A KAMPALA).
La perspective d’un enième mixage FARDC/M23 aura comme conséquence encore un revirement des alliances au détriment des Hutus et les groupes Mai-Mai qui ont été armés et formés…par les troupes régulières pour combattre avec eux le M23 avant la prise de pouvoir de Sultani Makenga et son deal avec Kabila).
LES HUTU, LES HUNDES ET LES MAI MAI ET …LE BASHI, LES NANDES DEVIENDRONT PROBABLEMENT LES NOUVEAUX « ENNEMIS A ABATTRE » DE LA PROCHAINE CAMPAGNE DE RATISSAGE SELON LE MODELE AMANI LEO OU KIMYA 1 ET 2 A CONNOTATION, ENCORE UNE FOIS, ETHNIQUE: LE TUTSI INTEGRES ET PROMUS; LES HUTU ET AUTRES MAI MAI DECHUS DU ROLE D’ALLIES A CELUI DE FORCES NEGATIVES A POURCHASSER.
DANS CE TURBILLON GENERATEUR DE CONFLITS SANS FIN, LES CIVILS CONGOLAIS PAYERONT LE PRIX LE PLUS LOURD.
LE SCHEMA DE LA DESTABILISATION DE L’EST DE LA RDC EST TOUJOURS LE MEME DEPUIS 16 ANS.
Tout observateur averti du drame congolais distinguera aisément les étapes suivantes dans le processus de déstabilisation de la RDC et dans la genèse des groupes armés à la base du processus de « SOMALISATION » de l’Est de la RDC:
VOICI LES ETAPES DU PLAN DE SOMALISATION DU KIVU ICI REPRESENTEES:
1. LA CREATION D’UNE REBELLION DE « PROXY », A PREDOMINANCE MONO-ETHNIQUE TUTSI ( cela a été le cas pour l’AFDL, le RCD, le RCD/Goma, le CNDP et le M23) ;
2. LE DECLANCHEMENT DES HOSTILITE ET L’OCCUPATION DU TERRITOIRE CONGOLAIS A LA SUITE DE MASSACRES ET DEPLACEMENT MASSIFS DE LA POPULATION. L’ARMEE, INFILTREE JUSQU’AU COMMANDEMENT A LA SUITE DES PRECEDENTS BRASSAGES AVEC DES REBELLIONS, EST INCAPABLE DE FAIRE FACE A L’ AGGRESSION/INSURRECTION ;
3. SOUS COUVERTURE DE LA RENTREE DESORDONNEE ET ANARCHIQUE DE REFUGIES « CONGOLAIS » DU RWANDA, LES TERRES DES DEPLACES SONT OCCUPES PAR DES IMMIGRES NON PROPRIETAIRES QUI SONT PROTEGES PAR LES MUTINS BRASSES DANS L’ARMEE (LES EX-REBELLES AVOUENT SANS GENE VOULOIR RESTER AU KIVU POUR PROTEGER LES POPULATIONS TUTSI).
4. DES MAI MAI ET AUTRES GROUPES SONT INITIALEMENT CREES ET ARMES EN TANT QUE GROUPES ALLIES DES TROUPES REGULIERES CONTRE LES REBELLES TUTSI, MALHEUREUSEMENT SELON UNE LOGIQUE D’AFFRONTEMENT ETHNIQUE.
5. UNE FOIS L’ACCORD « POLITIQUE » SIGNE ENTRE GOUVERNEMENT ET LES REBELLES PRO-TUTSI, CEUX-CI SONT RE-INTEGRES CONGOLAISE DANS LES TROUPES REGULIERES TOUT EN DEMEURANT UNE ARMEE DANS L’ARMEE, AVEC PRIVILEGE DE GRADE, SANS CONTROLE D’IDENTITE ET NATIONALITE ET SURTOUT AVEC LE PRIVILEGE DE DEMEURER AU KIVU, D’OU IL DECLENCHERONT, LE MOMENT OPPORTUN, UNE NOUVELLE MUTINERIE QUI CONSTITUERA LE NOYAU DE LA PROCHAINE REBELLION DE PROXY FILO RWANDAISE ( AFDL-RCD-RCD/GOMA-CNDP-M/23).
IL SIED DE SOULIGNER QUE L’INFILTRATION NE SE LIMITE PAS AUX RANGS DE L’ARMEE MAIS TOUCHE LARGEMENT LA SPHERE POLITIQUE DU PAYS, COMME CONSEQUENCE D’UN ACCORD POLITIQUE.
6. LE DERNIER JONGLAGE DES ALLIANCES QUE SEMBLENT ANNONCER LES ENVENEMENTS EN COURS A KITCHANGA, CONDUIRONT VRAISEMBLABLEMENT A UNE ENIEME CAMPAGNE CONTRE LES GROUPES REBELLES RESIDUELS, A L’INSTAR DES CAMPAGNES NOMMEES AMANI LEO 1 ET 2 , KIMYA 1 ET 2, ETC. LANCEES DANS LE PASSE CONTRE LES HUTUS DES FDLR ET LA NEBULEUSE MAI-MAI.
CES CAMPAGNES MILITAIRES AUX DENOMINATIONS TROMPEUSEMENT PAISIBLES ONT ETE TOUJOURS UN ECHEC TOTAL EN CE QUI CONCERNE LEURS OBJECTIFS MILITAIRES DECLARES, MAIS ELLES ONT PROVOQUE UNE AUGMENTATION EXPONENTIELLE DES DEPLACES DE GUERRE (PLUS DE 2.500.000 ), UN NOMBRE INDETERMINES DE MORTS ET DES COMBATS SANS FINS QUI ONT ACCRU LES TENSIONS ETHNIQUES AU KIVU ET LA PAUPERISATION DE SA POPULATION.
AU DELA DE LA DESTABILISATION GENERALE DU PAYS, UN PROCESSUS LENT MAIS A CROISSANCE EXPONENTIELLE DEPUIS 16 ANS DE DEPEUPLEMENT DE L’EST DE LA RDC S’ACCOMPAGNE D’UN FLUX INCONTROLE ET ANARCHIQUE DE REFUGIES « TUTSI » QUI VIENNENT DU RWANDA ET OCCUPENT LES TERRES DES POPULATIONS DEPLACEES, TOUT EN PROFITANT DELA PROTECTION DES ANCIENS- MUTINS INTEGRES POUR VEILLER A LA CONSERVATION DES TERRES ACQUISES PAR LES NOUVEAUX « IMMIGRES ».
Ce processus mortifère se poursuit depuis 16 ans, AVEC LES MËMES CAUSES PRODUISANTS LES MEMES EFFETS DEVASTATEURS.
Une diplomatie onusienne complaisante et une communauté internationale indifférente ne font que cautionner la poursuite de ce cycle infernal :
mutinerie, rébellion de proxy, agression, soutien et armement des groupuscules mai-mai et Hutus, réintégration de la rébellion, campagne contre les anciens alliés « taxés de forces négatives », déplacement massif des populations congolaises, immigration incontrôlée rwandaise, conflits fonciers et ethniques.
Comment croire un seul instant que la répétition des mêmes phases de ce cycle mortifère pourrait, cette fois-ci, pacifier la RDC ?
L’on dit que la folie consiste à s’attendre à des résultats différents tout en reproduisant chaque fois exactement les mêmes gestes : des lors, soit les forces au pouvoir – héritières du régime Afdl – ont perdu la raison, soit elles participent activement au processus de « somalisation » de la RDC, créant et soutenant des groupes armés qu’ils vont combattre par la suite, entrainant cyniquement les populations civils congolaises en tant que « dégats collateraux » des conflits.
Situer le problème exclusivement au sein des FARDC destructurées ne serait pas suffisant pour expliquer la répétition en chaine d’un politique sécuritaire mortifère depuis des années :
la responsabilité de Joseph Kabila dans le processus d’entropie avancée de la RDC est incontestable.
Quel est l’objectif final de la somalisation du Kivu?
Dans le bref délai, la création d’une « terra nullius » dans des provinces richissimes en matières premières, en hydrocarbures et avec des grandes potentialités agricoles;
au long terme, la constitution d’un état autonome dont la configuration ethnique aura été modifiée dans l’optique de permettre la tenue d’un referendum d’auto- determination dans un Kivu démographiquement restructuré.
Fait à Kinshasa, le 04/03/2013
Eugène DIOMI NDONGALA,
Porte – Parole de la MPP
http://democratiechretienne.org/2013/03/04/genese-de-la-somalisation-du-kivu/
Le ravage de Kitchanga