Par Mufoncol Tshiyoyo
Le rôle de Paul Kagamé est non seulement de recevoir des coups en lieu et à la place de ses maîtres. Mais aussi de détourner les flèches et les critiques qui leur sont adressées.
Kagame, « instrumentalisé » et à dessein par la France, fait monter les enchères à l’aurore de 2023 au Congo. Pendant que la France tente de diviser ses nègres uniquement dans le but de s’assurer un retour bien qu’encore hypothétique dans les Grands lacs aujourd’hui. Pour ce faire, tous les coups sont permis. Entre autres, surfer sur la misère de l’homme congolais dont elle exploite la colère. La France espère que la pression sur Kagame incitera les parrains anglo-saxons de Kigali, dont la mainmise sur la région des Grands Lacs est indubitable, à l’inclure dans le partage. Mais il est à noter que la France ne s’y engage aucunement pour défendre la cause congolaise.
La tentation « re-coloniale »
Elle ne cherche pas non plus à mettre fin aux souffrances que l’homme congolais endure par manque d’un leadership aguerri et prêt pour le rendez-vous de l’histoire. La France, celle de l’après Mitterrand (et nos pensées se tournent ici vers les écrits de Georges Benamou, dans Le Dernier Mitterrand), n’en a tout simplement pas les moyens. Que vaut la France aujourd’hui ? Rien sauf pour celles et pour ceux qui y vont exclusivement pour « faire le bon nègre » (propos de la maman de Frantz Fanon à son fils cités par ALBERT MEMMI dans « La vie impossible de Frantz Fanon »).
De l’esclavage en passant par la colonisation, de la « décolonisation » à la néocolonisation, on assiste sous nos yeux à la tentation « re-coloniale ». L’Occident en général ne change ni de nature ni de perception à l’endroit du personnage de son type de nègre.
De l’esclavage en passant par la colonisation, de la « décolonisation » à la néocolonisation, on assiste sous nos yeux à la tentation « re-coloniale ». L’Occident en général ne change ni de nature ni de perception à l’endroit du personnage de son type de nègre. Hier comme aujourd’hui, il suffit de créer des conditions d’assujettissement comme dans un laboratoire d’un chercheur et d’y placer son « nègre » pour le voir reproduire mécaniquement des actes minutés et qui sont en plus attendus de lui.
Le « bon nègre » demeure à la fois un produit et un résultat du phénomène colonial. Les costumes, les cravates, les chambres à l’hôtel Georges V ne changeront pas grand-chose. C’est plutôt à comparer à l’effet de l’éclat de la lumière à la sortie de la caverne platonicienne. Aujourd’hui, le nègre congolais botte en touche. Il vient en effet de tomber comme une mouche dans la soupe du maître, qui a réussi à capter et à détourner son attention des enjeux réels auxquels le nègre est soumis.
La pression des « faiseurs » Anglo-saxons de Paul Kagame
Le nègre va à Paris oubliant que les Anglo-saxons, jaloux de leur « suprématie », ne toléreront jamais que des peuples dominés et à dominer arrivent à leur imposer de la concurrence. Alors qu’au moment d’engager la lutte, ils sont loin de constituer une menace sérieuse à même de faire basculer les rapports de force en leur faveur. Le pauvre Lissouba, à Brazzaville, y avait laissé sa peau. Quand il croyait tout bonnement opposer la France aux intérêts Anglo-Saxons. Comparaison n’est pas raison, mais cela fait partie de l’histoire.
Bien que provocateur, Kagamé demeure l’instrument des puissances. Son rôle est non seulement de recevoir des coups en lieu et à la place de ses maîtres. Mais de détourner les flèches et les critiques qui leur sont adressées. Ce faisant, il participe à la réduction de Belgique, de la France et de bien d’autres encore en l’ombre d’eux-mêmes.
Misère de l’Union Africaine incapable de saisir que les Chinois, les Russes, les Indiens observent. Ils suivent avec intérêt la compromission de l’Afrique. On se demande que faire face à la Chine et aux Russes qui bouffent de la France ? Venir à Paris signifie afficher son refus de voir la France disparaître de la scène du jeu des puissances. Pourtant, son absence élimine un adversaire de moins dans la course. Elle laisse le champ libre au positionnement de l’Afrique et également à sa re- inventivité. Je me demande dans quelle langue expliquer le possible.
Kagame n’est pas dans le déni des crimes de ses parrains commis au Congo à travers lui. Bien que provocateur, il demeure l’instrument des puissances. Son rôle est non seulement de recevoir des coups en lieu et à la place de ses maîtres. Mais de détourner les flèches et les critiques qui leur sont adressées. Ce faisant, il participe à la réduction de Belgique, de la France et de bien d’autres encore en l’ombre d’eux-mêmes. Cependant, Kagame arrache le voyage de Macron à Kigali. Au-delà, ce qui ressemble fort malheureusement à l’entêtement de Kagame a fait adopter un rapport d’enquête bidon à la France. Dans lequel, la France est obligée de se dédire. Et ce sous la pression des « faiseurs » Anglo-saxons de Paul Kagame.
On peut comprendre les émotions congolaises, si elles ne peuvent rester qu’au niveau de d’émotivité. On est réduit à un peuple qui quémande la pitié à travers l’établissement d’un tribunal international au motif d’assister au jugement de Paul Kagame. Souvent, on n’adopte si complètement que ce qui répond à son attente. On oublie que Kagame est juste un pion. Tribunal ou pas, l’Occident le sacrifiera seulement quand ses intérêts seront menacés.
Nous ne craignons pas de guerre entre le Congo et le Rwanda
Kagame, stratégique et agitateur à la veille de 2023 ? On peut se demander à qui la faute ? Fallait-il faire monter les enchères ? Le « faiseur » par ricochet des roitelets congolais n’est pas si bête. L’homme sait que devant ses portillons défilent des candidats congolais, qui sont tous demandeurs d’emploi aux « élections » de 2023. Le pouvoir-os vous tente ? D’un côté, choisir entre son peuple et Paul Kagame n’est pas du tout un choix cornélien à condition que l’on en ait les couilles.
Nous ne craignons pas de guerre entre le Congo et le Rwanda. Au contraire, elle est plus que souhaitable. Mais seulement quand elle est une émanation de l’intérieur et non le résultat des enjeux qui dépassent les intérêts congolais.
De l’autre, Kagame est piégé comme le fut Saddam Hussein, qui a été poussé dans la guerre contre l’Iran. L’Occident a soif de la guerre et du sang. Il veut une guerre au Congo et dans les Grands Lacs. Mais pour quelle finalité ? Daniel Pipes, qui est fils de son père, un néoconservateur Yankee et proche de G. W. Bush, écrivait : « les forces du mal présentent moins de danger pour nous quand elles se font la guerre les unes aux autres. Ceci les maintient concentrées localement et empêche l’une ou l’autre de sortir victorieuse (et ce qui constitue un danger encore plus grand). Les puissances occidentales devraient guider les ennemis vers un affrontement interminable en aidant le côté qui perd quel qu’il soit, de manière à prolonger leur conflit. […]
La guerre Iran-Irak de 1980-1988 a créé une situation similaire. Après la mi-1982, lorsque les forces de l’ayatollah Khomeini passèrent à l’offensive contre les forces de Saddam Hussein, les gouvernements occidentaux ont commencé à soutenir l’Irak. Oui, le régime irakien avait commencé les hostilités et a été plus brutal, mais le régime iranien était passé à l’offensive et était idéologiquement plus dangereux. Ce qui arriva de mieux fut que les hostilités tinrent les deux côtés occupés et empêchèrent l’un ou l’autre de sortir victorieux sur l’autre ». Kissinger criera à ce sujet : « C’est dommage que les deux ne puissent pas perdre » .
Nous ne craignons pas de guerre entre le Congo et le Rwanda. Au contraire, elle est plus que souhaitable. Mais seulement quand elle est une émanation de l’intérieur et non le résultat des enjeux qui dépassent les intérêts congolais. Ce monde est sans pitié. Heureusement, nous avons déjà choisi notre camp : le Congo, la patrie.
Likambo oyo eza likambo ya mabele
Mufoncol Tshiyoyo, MT
un Homme libre