Par Jean-Pierre Mbelu
« Puisque, c’est cela que tu as demandé, et non pas de longs jours, ni la richesse, ni la mort de tes ennemis, mais puisqu tu as demandé le discernement, l’art d’être attentif et de gouverner, je fais ce que tu as demandé : je te donne un coeur intelligent et sage (…) » (1 Rois 3,11-12)
Une bonne Parole pour le Kongo-Kinshasa
Dans un pays où la Bible est l’un des livres les plus lus, où Dieu est mangé à toutes les sauces, où l’évangile de la prospérité tend à devenir le résumé de toute la Parole de Vie, où une certaine religiosité individualiste conduit à croire que ses ennemis doivent absolument mourir, où après avoir affirmé que tout pouvoir vient de Dieu, on ne se préoccupe pas de la manière dont ce pouvoir est géré, le dialogue contenu dans le premier livre des Rois 3, 5.7-12 devrait retenir l’attention.
Qu’est-ce qui est essentiel à la conduite des peuples et des humains sur cette terre des hommes ? Les richesses ? La mort des ennemis ? Ou un coeur intelligent et sage, indispensable au gouvernement de soi et des autres?
Ce texte interpelle et rappelle qu’une certaine lecture sélective de la Bible peut être dangereuse. Il invite à un peu plus de modestie et d’humilité lorsque les lectures interprétatives de la Parole de Vie sont faites. Qu’est-ce qui est essentiel à la conduite des peuples et des humains sur cette terre des hommes ? Les richesses ? La mort des ennemis ? Ou un coeur intelligent et sage, indispensable au gouvernement de soi et des autres?
Les lectures du 17ème dimanche peuvent aider à balbutier quelques réponses à ces questions. Elles m’ont plu avoir comme horizon la vie à promouvoir dans la justice et la paix, dans l’amour, la tendresse et la générosité. Je partage ma petite relecture.
Demande ce que je dois te donner
Comme chrétiens et chrétiennes, il nous arrive d’adresser à Dieu des prières de demande. Prier, c’est dialoguer avec Dieu notre Père. C’est de ce dialogue qu’il est question dans la première lecture de ce dimanche. Dieu dit à Salomon : « Demande ce que je dois te donner. »
Le coeur attentif est celui qui est plein de générosité et de tendresse. Ces deux vertus sont indispensables à la conduite de sa propre vie et de la vie des autres, à l’art de gouverner. En effet, se gouverner et gouverner les autres est un art.
La réponse de Salomon est d’une très grande sagesse. Convaincu que le peuple qu’il est appelé à gouverner est un peuple d’autrui et que sa royauté est un don venant du Créateur de ce peuple ; conscient de sa fragilité, de sa vulnérabilité et de sa finitude, il s’en remet au Père de ce peuple. Il lui répond : « Donne à ton serviteur un coeur attentif pour qu’il sache gouverner ton peuple et discerner le bien et le mal. » Quelle belle prière de demande ! Le coeur attentif est celui qui est plein de générosité et de tendresse. Ces deux vertus sont indispensables à la conduite de sa propre vie et de la vie des autres, à l’art de gouverner.
En effet, se gouverner et gouverner les autres est un art. Qui dit art dit aussi un ensemble de principes guidant l’action que l’on mène. Ces principes contenus dans la Loi du Seigneur sont la tendresse, la générosité, l’amour, etc. qui valent plus que l’or et l’argent, comme nous l’enseigne le Psalmiste. (Cfr 118)
En fait, le Seigneur répond à la prière de Salomon en le dotant d’un coeur sage et intelligent, d’un esprit de lucidité et de discernement pouvant l’aider à faire la différence entre le bien et le mal.
Dans un monde où le bien tend à devenir le mal et le mal le bien, il est souhaitable que nous puissions faire de la prière de Salomon notre propre prière. Que nous puissions trouver notre consolation dans l’amour et la tendresse du Seigneur et que nous puissions éviter de nous engager sur le chemin du mensonge.
Déchiffrer la Parole de Vie illumine les humbles
Tel est le contexte dans lequel, déchiffrer la Parole du Seigneur illumine les simples. Ceux-ci sont les humbles qui, à la suite de Salomon, sont conscients qu’ils sont faits d’un peu de terre, qu’ils sont fragiles et vulnérables et qu’ils ne peuvent tenir dans cette existence qu’en s’appuyant sur Dieu comme créateur et sur les autres qui sont leurs frères et soeurs en humanité.
Dans ce contexte, comme nous l’enseigne l’Evangile, cette Parole devient un trésor, une perle fine incitant les simples, les humbles, l’accueillant dans leur vie, au dépouillement de tout ce qui les encombre afin qu’elle les illumine. Telle est la voie que Jésus, Verbe fait chair, a emprunté avant nous afin de devenir, pour nous, l’image du Fils à laquelle nous sommes invités à nous configurer. (Cfr 2ème lecture).
Prions pour que le Seigneur nous donne un coeur intelligent et sage !
J.-P. Mbelu