Par Jean-Pierre Mbelu
Il se pourrait que je me trompe. Je ne crois pas qu’une « véritable sociale-démocratie » puisse, au XXIe siècle, chercher à signer des accords de coopération (ou de contrôle) économique avec le FMI et la Banque mondiale ainsi que des accords de défense avec Africom.
Cela pour des raisons simples et historiques. Les Institutions Financières (dites) Internationales sont des « tueurs à gages » du fondamentalisme marchéiste liés à la Réserve Fédérale Américaine et à ses alliées. Elles sont au service de l’expansion de l’empire US (sur le déclin) et de son hégémonie culturelle et économico-politique. Elles sont au service de la déstructuration des Etats et des nations.
John Perkins et les confessions d’un assassin financier
John Perkins, un américain ayant travaillé pour le compte du FMI, dans sa « Confession d’un assassin financier » explicite ce qui vient d’être dit. « Perkins soutient qu’une certaine élite aux États-Unis souhaite construire un empire global, défini par les présidents Lyndon Johnson et Richard Nixon. Pour ce faire, ils ont constitué un groupe de consultants qui utilisent les organisations financières internationales pour créer les conditions permettant d’assujettir des nations à cet empire par l’endettement économique auprès d’organismes comme le FMI et la Banque mondiale. La tâche de ces consultants est de justifier et d’argumenter la conclusion par des États d’énormes prêts internationaux dont l’argent finira, déduction faite des sommes destinées à la corruption des élites locales, sur les comptes en banques de grandes sociétés d’ingénierie et de construction américaines. Les besoins en liquidités ayant été au préalable surévalués par ces consultants, l’État se révèle incapable de payer sa dette et entre en sujétion vis-à-vis du créancier. Cette position de pouvoir permet ensuite au créancier d’exiger à l’état débiteur l’établissement de bases militaires, un vote favorable aux Nations unies ainsi qu’une loyauté politique en général ou l’accès à d’éventuelles richesses pétrolières et autres ressources naturelles. Perkins qualifie ces méthodes de mafieuses. »
A bien lire John Perkins, travailler avec ces institutions financières, c’est opter pour l’assujettissement, la corruption et la mafia. Quelle serait cette « sociale-démocratie » dont les fondements corrompus pourrait parvenir à s’occuper du « social des populations » tout en ayant « des juges intègres » ?
Travailler avec ces institutions financières, c’est opter pour l’assujettissement, la corruption et la mafia. Quelle serait cette « sociale-démocratie » dont les fondements corrompus pourrait parvenir à s’occuper du « social des populations » tout en ayant « des juges intègres » ?
L’histoire du Congo-Kinshasa nous enseigne que les Programmes d’ajustements Structurels imposés au pays par les mêmes institutions en 1986 ont participé de sa descente en enfer en créant un précariat massif.
L’histoire de l’Afrique nous enseigne que Kadhafi meurt, victime, entre autres, de son idée de créer un Fonds Monétaire Africain afin d’émanciper notre continent des chaînes esclavagistes de ces IFI.
Africom et les guerres secrètes des USA en Afrique
Cette même histoire nous enseigne qu’Africom participe des guerres secrètes des USA en Afrique. Les lecteurs de Pierre Péan savent que »les carnages » connus sur le sol des Grands Lacs Africains sont les faits des »Guerres secrètes des grandes puissances en Afrique ».
Dans cet ordre d’idées, quand « les sociaux-démocrates congolais » acceptent de coopérer avec « les tueurs à gages US » et Africom, ils souscrivent à l’idée de la perpétuation des »carnages » en Afrique. Faut-il applaudir leurs « discours » contenant ce cocktail déjà très explosif et dont l’explosion pourrait s’intensifier ? Certains compatriotes répondent par un oui. Moi, je dis N O N. Ces « discours » prennent des orientations plus que risquées.
Au sujet d’Africom, il n’y a pas que ça. Cette armée américaine pour l’Afrique voudrait contrôler le marché des matières premières stratégiques africaines, lutter contre le panafricanisme des peuples et contre la diversification du partenariat stratégique dans le chef des pays africains. Comment, « les sociaux-démocrates » congolais n’ont-ils pas pu être sensibles à ce danger ? Quel rôle voudraient-ils jouer ? Celui d’acteurs pléniers ou celui de sous-fifres, de négriers des temps modernes ou simplement celui d’acteurs apparents ? Ils devraient vaincre la peur du livre.
AFRICOM voudrait contrôler le marché des matières premières stratégiques africaines, lutter contre le panafricanisme des peuples et contre la diversification du partenariat stratégique dans le chef des pays africains. Comment, « les sociaux-démocrates » congolais n’ont-ils pas pu être sensibles à ce danger ?
Je crois que le jour où ils liront publiquement des livres historiques et critiques écrits sur ces questions autant qu’ils lisent publiquement la Bible, ils seront à la fois des « chefs spirituels » et « des chefs intellectuels » de nos populations. Ils pourront cheminer avec elles, main dans la main, afin qu’ils s’émancipent ensemble du joug néocolonial. Au vu des orientations qu’ils viennent de prendre, à moins d’un miracle, le Congo-Kinshasa va davantage s’enfoncer dans un gouffre sans fond. Le souhait aurait été que le débat contradictoire et argumenté prenne toute la place du culte de la personnalité au cœur de l’Afrique.
P.S. Un article et un livre « Autour de la fondation des institutions de Bretton Woods » peuvent être d’un secours certain pour ceux des compatriotes voulant approfondir les questions abordées.
Babanya Kabudi
Génération Lumumba 1961