Europe : Les électeurs INGETA, nouvelle donne électorale

Les congolais de l’extérieur surprennent, étonnent et dérangent.

Ils surprennent par la mobilisation dont ils font preuve, ils étonnent par la constance, l’ampleur  et la diversité de leurs actions. Des enfants  marchant dans les rues de Paris; des mamans sur les plaines du parlement à Ottawa; des militants devant l’ambassade des Etats-Unis à Tokyo; des activistes à Londres devant des sièges sociaux d’entreprises complices  ou devant le Apple store de la rue Sainte Catherine de Montréal, les congolais de l’extérieur montrent un nouveau visage, un visage qui dérange. Non pas en termes de nuisance de la tranquillité publique , mais du fait que leur message, bien que lancé dans la cacophonie, vient bousculer la quiétude des fossoyeurs de l’Afrique qui jusque là pouvaient « faire leurs affaires »  en se cachant derrière le mur de distraction qui, il y a encore quelque mois, empêchait les congolais d’ouvrir les yeux sur leurs propre réalité.

http://www.youtube.com/watch?v=aud9fDnazn0
Le réveil des congolais dérange car, malgré les tentatives de décrédibilisation (violence, immaturité électorale) ou une indifférence honteuse (silence sur le martyr du Congo, le jeune Cédrick Nianza), les revendications du peuple congolais ne souffrent d’aucune illégitimité, tant du point de vue humanitaire, politique ou social et révèlent des responsabilités multiples de la part des « grandes puissances » mondiales (sans oublier ses voisins cupides et traîtres de l’intérieur).

Le mouvement INGETA, semble se propager au-delà des différentes communautés congolaises disséminées à travers le monde. Cela se manifeste par le soutien des activistes indignés du mouvement « Occupy » à travers le monde ou dans des contextes totalement inattendus. C’est ainsi que quelque jours après l’anniversaire de son assassinat, les mots prononcés en 1960 par Patrice Emery Lumumba vont prendre écho au sein même de l’assemblée nationale Belge.

http://www.youtube.com/watch?v=4Lg0bXr-VfQ

Une nouvelle force de pression. Depuis quelque temps, on constate donc un profond changement dans l’attitude collective des congolais de l’extérieur. Réveil, prise de conscience ou maturité civique, les congolais de l’extérieur laissent apparaître  une facette jusque là inconnue : La force de pression!
Pression financière, illustré par le mouvement de boycott de certains produits et services en Occident, ayant un lien avec la situation en RDC. Pression sociale, comme lorsque les congolais de Montréal ont fortement perturbé la circulation en bloquant le pont Jacques Cartier. Pression médiatique, qui aboutit à des résultats inédits pour la communauté congolaise comme les excuses télévisées de la part  des journalistes de TV5 et France 24 durant la période électorale, à la suite de l’indignation collective des congolais qui ont inondés les standards, boites mail et pages FaceBook de ces médias.

Pour finir, la pression électorale, ce qui est certainement l’aspect le plus inattendu de la part de la diaspora congolaise.
De quoi s’agit-il?  Le général De Gaulle disait « Les états n’ont pas d’amis, ils n’ont que des intérêts », et bien les électeurs INGETA ont décidé de ne plus être spectateurs et d’entrer dans le jeu en défendant leurs intérêts face à ceux de leurs oppresseurs. Ainsi, de la même manière que les gouvernements occidentaux participent de la déstabilisation du  Congo,  une frange grandissante des congolais de l’extérieur se prépare à adresser une réponse forte en déstabilisant à leur tour l’équilibre politique dans leurs pays de résidence. L’objectif étant de sanctionner dans les urnes, les gouvernements complices du malheur des congolais, favorisant des candidats inattendus, voir même extrêmes.

Comment cela se manifeste? Et bien par exemple en Belgique, chose incroyable il y a encore 2 mois, un mouvement grandissant de  belges d’origine congolaise (donc francophone) se prononce en faveur des « flamands ». C’est ainsi que l’on retrouve des drapeaux flamands dans les marches et que s’élèvent des voix pour favoriser une vote pro-flamand lors des prochaines échéances électorales.

En France c’est le choix d’un vote « Ni à gauche, Ni à Droite » qui se profile au seins des français d’origine congolaise.
Cette prise de position, que certainement aucun spécialiste n’aurait pu prévoir, offre des scénarios inattendus comme un éventuel soutien à la candidate du Front National.

http://www.youtube.com/watch?v=KUBB-yNcX5A

http://youtu.be/lPcx4tAfeiY

Coup pour coup ! Au vu de la situation qu’il vit, il est évident que le peuple congolais ne doit pas attendre de permission pour s’indigner et encore moins s’excuser de vouloir réagir face à son calvaire qui dure déjà depuis tant d’années, voire de siècles. L’influence de la soi-disant communauté internationale sur la situation dramatique vécue en RDC, est parfaitement connue et comprise par les congolais de l’extérieur. En France ou aux États-Unis, le soutien officiel accordé à  Paul Kagamé (président rwandais)  malgré son implication dans le génocide du peuple congolais (cf. Rapport Mapping des Nations-Unies) en est un exemple. La validation du processus électoral par les hautes instances belges, malgré les fraudes  flagrantes, en est un autre.

Est-ce que cela peut fonctionner? Nous ne connaissons le nombre exact de belges ou de français (d’anglais, de suisses ou d’Allemands) d’origine congolaise, mais leur présence historique dans ces pays (plus de 3 générations) permet d’envisager que le nombre d’électeurs INGETA soit « considérable ». En outre, les électeurs INGETA, risquent d’emmener dans leur sillage d’autres européens d’origines africaines, victimes de réalités similaires dans leu pays d’origine.

Est-ce une bonne démarche ? Seule l’histoire nous le dira. Certes, tout ceci peut sembler socialement  suicidaire pour ces européens d’origine congolaise, mais de toute évidence la donne a changé, un cap a été franchi. Les années de souffrances sociales, les mort et les viols massifs, le vol en public des élections et le martyr de la jeunesse congolaise  placent les électeurs INGETA dans une posture dont l’enjeu dépasse un hypothétique confort personnel en occident.

Pour finir, sachons que l’image enfantine du congolais « danseur et sapeur » s’estompe à grande vitesse pour laisser place au congolais nouveau, au congolais INGETA. C’est de toute évidence, une donnée stratégique qu’aucun parti politique n’avait prévu. Fort d’une détermination de martyr, les électeurs INGETA deviennent des acteurs sociaux, politiques et économiques qu’il va désormais falloir prendre en considération et au sérieux.
Mbépongo « Dédy » Bilamba
Ingeta !