L’analyste politique Jean-Pierre Mbelu rappelle le rôle et l’enjeu des médiations internationales au Congo, argumente sur la nécessaire rupture avec la politique telle qu’elle est pratiqué au Congo-Kinshasa, souligne l’inutilité de l’opposition politique congolaise aujourd’hui dans la refondation d’un nouveau Congo, et explique pourquoi nous avons besoin d’un insurrection culturelle pour remettre le pays sur les bons rails.
Sur l’enjeu de la médiation internationale pour le dialogue intercongolais
Le problème ne situe même pas au niveau du dialogue. Le problème se situe au niveau de l’identification des acteurs de ce qui se passe au Congo. Les véritables acteurs pléniers, qui, à plusieurs reprises, instrumentalisent l’ONU, les institutions financières internationales, les organisations non gouvernementales et humanitaires, sont les mêmes qui utilisent ces structures et institutions pour pouvoir garder le Congo sous leurs dominations.
Si nous n’arrivons pas à nous faire l’idée que quand l’ONU intervient au Congo en 1999, c’est pour casser la dynamique des armées africaines qui s’étaient liguées contre les proxys de ceux qui nous mènent réellement la guerre, nous aurions rien compris à la chose. L’ONU est une machine au service des grandes puissances qui dominent le conseil de sécurité. Or, ceux sont ces grandes puissances là qui mènent la guerre au Congo.
Par conséquent, passer par l’ONU ou certains délégués ou ex-secrétaires de l’ONU pour régler le problème du Congo, cela signifie tourner en rond, cela signifie garder ce pays sous la tutelle de l’ONU et l’occupation des proxys.
Sur la nécessaire rupture avec la politique telle qu’elle se fait au Congo
Voilà pourquoi il est important de rompre avec la politique telle qu’elle se fait travers ses acteurs apparents pour pouvoir mobiliser les masses populaires, et surtout les masses de femmes et de jeunes, et constituer petit à petit un mouvement partant de la base, mouvement qui pourra réorienter ce pays sur la voie de la renaissance du pays et du continent.
Sur l’initiative de ce dialogue intercongolais
Ceux qui téléguident, ce dialogue de l’extérieur, indiquent eux-mêmes qui peut le mener, mais en théâtralisant la chose, c’est-à-dire, en faisant croire aux faibles d’esprit que ce sont les congolais eux-mêmes qui cherchent ce dialogue. Pourquoi un régime touche à la fin de ce qui devrait être son mandat constitutionnel cherche à dialoguer au lieu de dire « j’ai accompli ma mission pendant tant d’années, maintenant je passe la main » ?
Comme la mission de ce régime n’a pas été de se conformer aux principes du droit national et international, ce régime doit poursuivre sa mission de démolition, de meurtre et d’extermination des congolais pour pouvoir livrer les terres, les forêts, les eaux congolaises, aux prédateurs, aux entreprises transnationales et multinationales.
L’Eglise congolaise a pris position et a dit clairement ce qu’elle pensait de ce dialogue. Et n’est-ce pas sa prise de position qui la disqualifie comme médiatrice dans ce fameux dialogue ? Mais finalement, ce dialogue n’a pas sa raison d’être. C’est une façon de théâtraliser la scène politique.
Sur l’unité de l’opposition congolaise
A quoi sert-il de dévêtir Saint-Paul pour vêtir Saint-Pierre, si le même système néocolonial et néolibéral (de l’exploitation du Congo par les élites corrompues au service de l’étranger) doit se perpétuer.
L’une des difficultés, au Congo, aujourd’hui, se situe au niveau du changement de système : Comment refonder un système qui ne soit pas aux ordres des néocoloniaux et néolibéraux? Et on ne peut pas compter, pour cela, sur cette opposition, qui est sérieusement infiltrée par les agents des proxys et des agents du néolibéralisme et du néocolonialisme.
Sans refondation du Congo sur un système réorienté vers le souverainisme, un système qui rende le Congo autonome, qui lui permette de s’engager sur la voie de l’émancipation politique des forces extérieures, rien ne va changer dans ce pays.
Ce changement de système va prendre du temps. C’est la raison pour laquelle nous en appelons à la mobilisation des masses surtout, des femmes.
Sur l’extraversion des congolais
L’extraversion traduit une corruption des cœurs et des esprits qui ne va pas se guérir demain. Voilà pourquoi il est important de mettre à la disposition des masses, des femmes et des jeunes, beaucoup d’écrits des congolais ou des africains ayant compris que l’extraversion se guérit aussi par l’insurrection culturelle.
Sur l’insurrection culturelle
Il y a beaucoup de travail à abattre afin que les compatriotes comprennent que être soi est indispensable au travail de refondation du pays, malgré le prix que cela peut coûter. La peur de payer ce prix conduit certains d’entre nous à tomber dans l’opportunisme.
Sur le processus électoral et politique