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Dialogue, médiation internationale et extraversion des congolais : Pourquoi l’insurrection culturelle est indispensable

Dialogue, médiation internationale et extraversion des congolais : Pourquoi l’insurrection culturelle est indispensable

Dialogue, médiation internationale et extraversion des congolais : Pourquoi l’insurrection culturelle est indispensable 2362 1692 Ingeta

L’analyste politique Jean-Pierre Mbelu rappelle le rôle et l’enjeu des médiations internationales au Congo, argumente sur la nécessaire rupture avec la politique telle qu’elle est pratiqué au Congo-Kinshasa, souligne l’inutilité de l’opposition politique congolaise aujourd’hui dans la refondation d’un nouveau Congo, et explique pourquoi nous avons besoin d’un insurrection culturelle pour remettre le pays sur les bons rails.

Sur l’enjeu de la médiation internationale pour le dialogue intercongolais

Il y a –t-il une question exigeant que les congolais se rencontrent et se parlent ? Est-ce que Kabila est un congolais ? Non. A quel titre peut-il s’impliquer puisqu’il n’est pas congolais. C’est un mercenaire venu du Rwanda pour déstabiliser le Congo et le vendre aux entreprises multinationales.
Le problème ne situe même pas au niveau du dialogue. Le problème se situe au niveau de l’identification des acteurs de ce qui se passe au Congo. Les véritables acteurs pléniers, qui, à plusieurs reprises, instrumentalisent l’ONU, les institutions financières internationales, les organisations non gouvernementales et humanitaires, sont les mêmes qui utilisent ces structures et institutions pour pouvoir garder le Congo sous leurs dominations.
Si nous n’arrivons pas à nous faire l’idée que quand l’ONU intervient au Congo en 1999, c’est pour casser la dynamique des armées africaines qui s’étaient liguées contre les proxys de ceux qui nous mènent réellement la guerre, nous aurions rien compris à la chose. L’ONU est une machine au service des grandes puissances qui dominent le conseil de sécurité. Or, ceux sont ces grandes puissances là qui mènent la guerre au Congo.
Par conséquent, passer par l’ONU ou certains délégués ou ex-secrétaires de l’ONU pour régler le problème du Congo, cela signifie tourner en rond, cela signifie garder ce pays sous la tutelle de l’ONU et l’occupation des proxys.

Sur la nécessaire rupture avec la politique telle qu’elle se fait au Congo

Comment justifier l’appel à ces médiations qui ont toujours échoué ? Il y a ou opportunisme, ou refus permanent de relire notre histoire froidement. L’initiative de pouvoir conduire le Congo sur la voie du dialogue n’a pas été une initiative congolaise, elle a été dictée de l’extérieur. Nous faisons fausse route quand nous n’arrivons pas à dire quels sont les différents noms ou différentes dénomination que ceux qui font la guerre contre le Congo prennent tout au long de l’histoire. Ils arrivent à s’appeler ONU, ils peuvent s’appeler la Kabilie ou encore les partenaires du dialogue au Congo. Malheureusement certains d’entre nous, poussés par le goût du lucre, par un certain sens dévoyé de la politique perdent cela de vue, tombent dans la cupidité, et veulent aller à la soupe populaire.
Voilà pourquoi il est important de rompre avec la politique telle qu’elle se fait travers ses acteurs apparents pour pouvoir mobiliser les masses populaires, et surtout les masses de femmes et de jeunes, et constituer petit à petit un mouvement partant de la base, mouvement qui pourra réorienter ce pays sur la voie de la renaissance du pays et du continent.

Sur l’initiative de ce dialogue intercongolais

L’initiative du dialogue n’est pas une initiative congolaise. Elle a été téléguidée de l’extérieur et assumée par les congolais qui voudraient jouer le rôle de nègres de service des initiateurs de la guerre au Congo.
Ceux qui téléguident, ce dialogue de l’extérieur, indiquent eux-mêmes qui peut le mener, mais en théâtralisant la chose, c’est-à-dire, en faisant croire aux faibles d’esprit que ce sont les congolais eux-mêmes qui cherchent ce dialogue. Pourquoi un régime touche à la fin de ce qui devrait être son mandat constitutionnel cherche à dialoguer au lieu de dire « j’ai accompli ma mission pendant tant d’années, maintenant je passe la main » ?
Comme la mission de ce régime n’a pas été de se conformer aux principes du droit national et international, ce régime doit poursuivre sa mission de démolition, de meurtre et d’extermination des congolais pour pouvoir livrer les terres, les forêts, les eaux congolaises, aux prédateurs, aux entreprises transnationales et multinationales.
L’Eglise congolaise a pris position et a dit clairement ce qu’elle pensait de ce dialogue. Et n’est-ce pas sa prise de position qui la disqualifie comme médiatrice dans ce fameux dialogue ? Mais finalement, ce dialogue n’a pas sa raison d’être. C’est une façon de théâtraliser la scène politique.

Sur l’unité de l’opposition congolaise

La fameuse opposition congolaise parle d’alternance. Ce ne sont pas des mots choisis au hasard. Cette opposition n’est pas convaincue qu’elle va constituer une alternative crédible, elle se contente de l’alternance, c’est-à-dire du changement piloté par un même système.
A quoi sert-il de dévêtir Saint-Paul pour vêtir Saint-Pierre, si le même système néocolonial et néolibéral (de l’exploitation du Congo par les élites corrompues au service de l’étranger) doit se perpétuer.
L’une des difficultés, au Congo, aujourd’hui, se situe au niveau du changement de système : Comment refonder un système qui ne soit pas aux ordres des néocoloniaux et néolibéraux? Et on ne peut pas compter, pour cela, sur cette opposition, qui est sérieusement infiltrée par les agents des proxys et des agents du néolibéralisme et du néocolonialisme.
Sans refondation du Congo sur un système réorienté vers le souverainisme, un système qui rende le Congo autonome, qui lui permette de s’engager sur la voie de l’émancipation politique des forces extérieures, rien ne va changer dans ce pays.
Ce changement de système va prendre du temps. C’est la raison pour laquelle nous en appelons à la mobilisation des masses surtout, des femmes.

Sur l’extraversion des congolais

Le recours à l’extérieur est aussi un manque de fierté d’être soi, c’est aussi l’expression d’un complexe d’infériorité contre lequel nous nous battons depuis très longtemps. Cela peut-être également l’expression d’une cécité et d’un esclavage volontaire lié à la cupidité et à la satisfaction immédiate de ses instincts primaires.
L’extraversion traduit une corruption des cœurs et des esprits qui ne va pas se guérir demain. Voilà pourquoi il est important de mettre à la disposition des masses, des femmes et des jeunes, beaucoup d’écrits des congolais ou des africains ayant compris que l’extraversion se guérit aussi par l’insurrection culturelle.

Sur l’insurrection culturelle

S’il n’y a pas une insurrection culturelle pour guérir de l’esclavage volontaire, pour guérir du complexe d’infériorité, pour guérir de la cécité, nous mettrons beaucoup de temps à pouvoir refonder le Congo sur des bases solides.
Il y a beaucoup de travail à abattre afin que les compatriotes comprennent que être soi est indispensable au travail de refondation du pays, malgré le prix que cela peut coûter. La peur de payer ce prix conduit certains d’entre nous à tomber dans l’opportunisme.

Sur le processus électoral et politique

Tant que nous n’aurons pas au Congo, un début de justice transitoire, il est difficile de nous engager dans un processus électoral apaisé. Les choix sont faits en fonction du maintien aux affaires des proxys, et autres nègres de service des forces extérieures. Comment rompre avec ce cycle pour créer un nouveau cycle ? Nous en sommes là. Qui va initier la rupture afin de refonder le processus politique au Congo. Voilà pourquoi malgré toutes ces structures bidons, nous nous appelons à la constitution d’un grand mouvement de la base, qui pourrit opérer la rupture et remettre le pays sur les rails.

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