L’analyste politique Jean-Pierre Mbelu explique comment tant le découpage territorial que le fameux dialogue au Congo-Kinshasa participent de la déstructuration et de l’affaiblissement du Congo, orchestrés par les élites anglo-saxonnes et occidentales, rappelle pourquoi le Congo est un Etat raté et encourage les congolais à se réapproprier l’histoire du pays et surtout comprendre ce qui nous est arrivé ces 20 dernières années.
Sur le découpage territorial en RDC
Par ailleurs, gouverner, c’est prévoir. On ne peut pas après 10 ans dire qu’on n’avait pas prévu les moyens pour la subdivision du pays en 26 provinces. C’est encore une fois, un exemple éloquent du fait que ceux qui prétendent présider aux destinées du Congo, sont, pour la plupart d’entre eux, des mercenaires commis à la tête de ce pays, pour pouvoir réaliser les desseins de ceux qui entretiennent la guerre permanente au Congo. C’est un signe patent que ce ne sont pas ces acteurs apparents qui gouvernent le Congo.
Sur le coup d’Etat permanent au Congo
Depuis que Lumumba a été tué, ceux qui ont orchestré sa mort, essaient d’avoir leur main mise sur ce pays en lui faisant un coup d’Etat permanent. Ils l’ont fait avec Mobutu. Tout le temps de son règne, il a eu à ses côtés, les experts des institutions financières internationales qui ont géré l’économie congolaise de l’intérieur. C’est ce même processus qui s’est répété en 1996,1997. Mais malheureusement, il arrive que nous n’ayons pas beaucoup de suivi dans nos idées. Nous pensons qu’il y a changement de régime, qu’il y a changement de processus politique, et pourtant, à analyser les choses de plus près, à bien relire notre histoire, c’est un même processus qui a commencé depuis l’assassinat de Lumumba, jusqu’à ce jour.
Le Congo vit, depuis l’assassinat de Lumumba, dans l’illégalité, et dans l’illégitimité. Comment faire pour pouvoir remettre ce pays sur les rails de la légalité et de la légitimité ? C’est là où nous en sommes aujourd’hui.
Sur la dynamique de l’opposition congolaise
Cette dynamique de l’opposition congolaise ne déploie pas d’effort pour proposer une alternative. Elle est dans la logique de l’alternance. Or ce qu’il nous faut aujourd’hui, ce dont le pays a besoin aujourd’hui, c’est d’avoir des fronts de libération nationale, en rupture avec le système que le régime sert. Cette dynamique de l’opposition est disposée à servir le même système que celui que le régime sert.
Sur les caractéristiques de l’Etat raté du Congo
Au lieu de croire, qu’il y a des institutions d’appui à la démocratie, qui sont au service du régime, essayons d’aller plus loin dans l’analyse pour nous dire, que dans un Etat raté, les institutions dites d’appui à la démocratie, ont une belle forme (on a la CENI, on a ceci et cela), mais le fond est vide. Parce que le régime est un régime mortifère, mercenaire. Ce n’est que du business. Il y a quelques mercenaires qui ont infiltré les institutions pour faire leur business. Ils essaient de multiplier les institutions pour donner l’impression que nous sommes en démocratie. Le Congo-Kinshasa est un Etat raté sous la tutelle de l’ONU.
Au fur et à mesure que l’on s’éloigne de l’année 1999, quand l’ONU est arrivé au Congo, les compatriotes commencent à oublier que le Congo est sous la tutelle de l’ONU. Il faut appeler un chat, un chat. Si nous ne voulons pas faire de fausses analyses, sur ce qui se passe au Congo, commençons par réaliser que nous avons affaire à un Etat failli, raté, manqué.
Ce régime n’a pas de pouvoir, il exerce juste son travail de mercenariat et de destruction du pays. Parmi les objectifs de régime, il y a l’enrichissement illicite de ses membres, mais aussi l’extermination des congolais, la déstructuration et la déstabilisation du pays. Or nous avons l’impression que ce régime va aller vers l’organisation démocratique du pays. Cela ne rentre pas dans ses objectifs !
Sur la guerre perpétuelle
Cette guerre se mène sur plusieurs plans : On entretient la faim, on entretient la maladie, on entretient le banditisme (à l’Est) et dans l’entre-temps, la déstructuration et la déstabilisation du pays avance.
Sur le dialogue au Congo
Voilà comment ils jouent : Ils ont des objectifs à réaliser mais ils ne veulent pas prendre les devants. Ce ne sont pas eux qui vont aller à Kinshasa pour dire : « voilà, ce que nous voulons. Nous voulons avoir accès à vos matières premières. Nous voulons avoir accès à votre marché agricole. Comment pouvons-nous créer des règles d’interdépendance et d’échanges qui nous permettent d’assurer et nos intérêts et vos intérêts ?». Non. Ce sont eux qui prennent les devants, se réunissent et disent aux congolais, « vous devez aller au dialogue pour pouvoir trouver une solution et organiser les élections ». Quelles élections ? La présidentielle et les législatives : c’est-à-dire que, eux, tiennent à avoir des nègres de service qui leur faciliteraient la signature de certains documents qui ouvrent le marché congolais à leurs intérêts. Où voyez-vous la démocratie ? Ils auraient pu, eux-mêmes, venir et parler directement aux congolais.
Sur la souveraineté au Congo
Sur l’interdiction du film autour du Dr Mukwege au Congo
Vos analyses sont pertinentes. Mes félicitations.
La raison de la déstabilisation de certains pays africains, dont la RdC : the Grand Domain doctrine – George KENNAN http://www.ingeta.com/lumumba-et-les-documents-us-declassifies-en-2014/ See also http://history.state.gov/historicaldocuments/frus1964-68v23/d1