L’analyste politique Jean-Pierre Mbelu décrypte les discussions autour du dialogue national au Congo, rappelle comment les partis politiques censés participer au dialogue sont partis prenantes du génocide perpétuel dans le pays,
Explique comment dans le monde actuel, le suffrage universel a été neutralisé. Il revient également sur certaines thèses développées dans le livre « L’Occident terroriste », et souligne comme le terrorisme occidental crée le nihilisme au Congo et en Afrique.
Sur les discussions autour du dialogue national au Congo
Quand vous voyez, comment aujourd’hui dans certains pays du monde, les réelles questions du Congo sont abordées, vous vous dites, au Congo-Kinshasa, les compatriotes épris de ce fameux dialogue sont en train de s’amuser.
Il y a ce livre « L’Occident terroriste » qui parle du supergénocide au Congo. Les auteurs de ce livre, sont quelqu’un né dans l’ex-URSS, André, Vltchek et un vieil américain, Noam Chomsky, qui estiment, jusqu’à ce jour, la question essentiel pour le Congo, c’est de trouver des réponses au génocide qui s’y est commis. Et le 5 juin, à l’assemblée nationale québécoise, il y a eu une motion sur ce génocide.
Voilà des questions que ces compatriotes qui estiment qu’ils pourront aborder certaines questions sans tabou ne pourront pas toucher.
Sur le faux processus électoral
Le processus électoral que l’on voudrait réaménager au Congo est un processus issu d’une fausse guerre de libération. Vous ne pouvez pas accumuler des questions historiques auxquelles vous n’avez pas donné de réponses et chercher à croire qu’en organisant des élections, vous allez vous tirer d’affaires aisément.
Sur les partis politiques invités au dialogue
Vous n’allez quand même pas dire que le MLC, qui est une fabrication de l’Ouganda est un grand parti ?
Nous ne serons pas répondre convenablement aux questions liées au dialogue, si nous ne revisitons pas notre histoire à partir de la guerre et du génocide connu au Congo. Parce que vous avez, parmi ceux qui ont défilé chez Kabila, par exemple le RCD Goma de Ruberwa, qui fait partie du problème, parce que le RCD Goma est aussi une création du Rwanda pour poursuivre le génocide. Comment voulez-vous que ceux qui ont participé au génocide des congolais puissent organiser un dialogue sur les élections et ne pas aborder cette question du génocide qui se perpétue au Congo, jusqu’aujourd’hui ? Et ce génocide, cette guerre perpétuelle a tout à voir avec cette fameuse communauté internationale. Cette communauté internationale ne peut pas être la fois juge et partie. Cette communauté internationale a été incapable ou est incapable jusqu’à ce jour de pouvoir imposer la justice au Congo, en essayant de faire venir à la barre toutes les personnalités physiques ou morales impliquées dans ce génocide.
Il y a un lien tenu entre le génocide congolais et le faux processus qui exige maintenant le dialogue. On ne peut pas séparer les deux ni croire que ceux qui ont perpétué et qui perpétuent encore ce génocide à partir du Congo, ici et maintenant…
Sur la soi-disant ingérence américaine dans les affaires du Congo selon Mende
L’empire procède de cette manière : Il vous utilise comme marionnette, il vous suce comme des citrons, une fois qu’il vous a pressé, il vous jette. Comme disait, George Friedman, patron du think-tank Stratfor, ce qu’ils font c’est cynique, amoral, mais ça marche…
Notre misère, avec les Mende, c’est de n’avoir pas maîtrisé ce mode opératoire. Après, on commence à dire, comme Mende, ça c’est de l’ingérence. Mais Mende vient d’où ? Qui a créé le RCD Goma au sein duquel Mende a opéré? Ce sont les mêmes étrangers.
Ces mêmes étrangers nous ont fait la guerre par le biais d’assassins directs interposés, par des proxys interposés, et tout ce bon monde participe jusqu’à aujourd’hui à cette guerre perpétuelle contre le Congo.
Mende et sa bande vont payer doublement le fait qu’ils se soient impliqués dans le génocide de leur propre peuple. Ils seront honnis du côté de leur peuple, ils seront vomis par ceux qui les ont fabriqués. Mais malheureusement ceux qui les ont fabriqué seraient en train de fabriquer d’autres congolais pour qu’ils jouent le même rôle et que demain, ils puissent être vomis de la même façon. Voilà d’où nous devons sortir. Voilà les questions que nous devons aborder.
Voilà quoi nous devons répondre : Comment casser cette machine à fabriquer des traites ou des marionnettes, pour être nous-mêmes, pour construire un pays réellement souverain ? Vous n’êtes pas souverain quand vous avez été porté au pouvoir avec l’argent d’autrui. Vous n’êtes pas souverain quand vous avez été porté au pouvoir avec les armes d’autrui. Vous n’êtes pas souverain quand vous avez été des marionnettes d’autrui pour créer un Etat raté. Nul ne peut se prévaloir de ses propres turpitudes.
Sur la nervosité de Kinshasa
Nous sommes là face à une question de la reconquête souveraine réelle du pays. Le Congo est en train de vivre les douleurs de l’accouchement d’un autre Congo. Mais nous savons ce que sera cet autre Congo demain. Si nous échouons maintenant, si un autre Congo ne naît pas demain. Si ces fameux acteurs politiques apparents ne réussissent pas avec les minorités structurées et structurantes à tirer toutes les conséquences de ce que nous venons de vivre, et avec Mobutu, et avec les Kabila, nous risquons de repartir encore pour une vingtaine d’années sur des fausses bases et nous aurons plus que nos yeux pour pleurer.
Sur la place des élections dans la géopolitique mondiale
Quand nous allons aux élections, nous devons avoir des garde-fous qui permettent aux électeurs de pouvoir vérifier qu’effectivement ceux à qui ils ont confié le pouvoir, essaient de mettre en pratique leur programme de gouvernement. On est élu à partir d’un projet de société, à partir d’un gouvernement. Et, c’est cela qui est en train d’arriver à la Grèce. Le pouvoir en place est sommé par la Troïka de renoncer au programme gouvernement pour lequel il a été élu. Pourquoi ? Parce que s’il ne renonce à pas ce programme de gouvernement, le cas grec va faire tâche d’huile et risque de se répandre à d’autres pays. Et la Troïka risque de ne plus avoir de pouvoir sur les peuples. Le pouvoir en tant que petites mains de ceux que nous appelons les usurpateurs, c’est-à-dire les entreprises transcontinentales.
Sur la nécessité des garde-fous dans les processus démocratiques et électoraux
Qu’il y ait un pluralisme médiatique, de façon à ce que ce gouvernement élu sur un programme, puisse être en permanence, critiqué de l’intérieur, et soit remis à sa place. C’est ainsi que les pays comme la Bolivie et le Venezuela ont créé le référendum révocatoire : Un gouvernement élu à mi-mandat est sommé de se justifier.
Mais, il y a un hic. Le hic, c’est que dans le monde réel actuel, le suffrage universel a été neutralisé par les entreprises transcontinentales et beaucoup d’hommes politiques aujourd’hui comme petites mains de ses entreprises transnationales. Et la guerre qui a été faite au Congo, l’a été aussi pour que les entreprises transnationales, sur fond de la matrice organisationnelle néolibérale, fassent main basse sur les ressources du sous-sol et du sol congolais.
Sur le « supergénocide » congolais
Et dans l’entre-temps qu’est-ce qui arrive ? A force d’entretenir ce terrorisme, il crée la peur, il crée le nihilisme. Et beaucoup de citoyens éprouvent du désespoir à s’engager dans la lutte contre ce terrorisme occidental, mené au nom d’une certaine culture morale, qui prétend que c’est à l’Occident qu’il appartient de pouvoir répandre les valeurs telles que la démocratie et la liberté. Et cette culture n’est rien d’autre qu’une sorte de propagande entretenue par les médias et les universités, depuis plus de 200 ans.
Ils estiment que les congolais ont perdu 10 millions de personnes et les massacres continuent sans que la communauté internationale soit capable d’y mettre fin.
Sur ce que devraient faire les minorités organisées congolaises
Il faudra aussi penser à un certain moment, à nouer des alliances stratégiques avec certains peuples, certains Etats, qui ont compris qu’il est important de respecter le droit international, le droit à l’auto-détermination, et la souveraineté des peuples.
Sur les fosses communes de Maluku
Parce que ce terrorisme opère par des assassins directs interposés. Ce sont les mêmes cercles qui ont approfondi les pièges qu’ils tendent à leur marionnette, quand ils ont envie de s’en séparer.
C’est aussi ça leur mode opératoire. Ils vous connaissent au plus près. Ils n’utilisent pas des gens dont ils n’ont pas la maîtrise de leur fonctionnement.
Les élites anglo-saxonnes connaissent ces gens là, ils savent que ce sont des tueurs à gages. Ils ont d’ailleurs dit à l’un de leurs tueurs à gages, que c’était leur « kind of guy ».
Maintenant, ils viennent avec un rapport, via Human Rights Watch, comme si c’était une nouveauté. Non. La plupart de ces ONGs sont financées par le contribuable américain. Ces ONGs savent comment se débarrasser de leurs marionnettes pour donner l’impression qu’ils sont pour la démocratie et les droits de l’homme. Mais, c’est du bluff, c’est de la théâtralisation. Parce que les véritables assassins restent tapis dans l’ombre.
Le parlement canadien a reconnu que ses multinationales travaillent avec les milices qui tuent au Congo. Ils le disent longtemps après le livre « Noir Canada » ou encore le « Canada dans les guerres en Afrique centrale » de Patrick Mbeko.
Ils ont tué, volé, et maintenant que font-ils ? Ils livrent en pâture leurs marionnettes. Mais dans l’entre-temps, ils ont créé la peur chez beaucoup de compatriotes africains qui font des va et vient, chez eux, pour leur dire, oui nous pourrions mieux vous servir qu’untel.