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Comment la guerre de prédation et d’agression au Congo se poursuit en changeant de forme

Comment la guerre de prédation et d’agression au Congo se poursuit en changeant de forme

Comment la guerre de prédation et d’agression au Congo se poursuit en changeant de forme 1024 635 Ingeta

L’analyste politique Jean-Pierre Mbelu expose les véritables enjeux de la guerre au Congo, décrit comment l’avalisation par Kinshasa d’une initiative publique-privée prise par les initiateurs de cette guerre de prédation a conduit ces derniers à la cession du recours à la puissance forte, souligne les raisons du vide politique au Congo depuis la fin des concertations nationales, et explique pourquoi, non seulement Kabila n’a pas l’effectivité du pouvoir au Congo mais surtout ce dernier est fini politiquement.

Sur l’appel par le conseil de sécurité des Nations-Unies au désarmement et à la démobilisation immédiate et permanente du M23

Ce qui vient de se passer en Afrique centrale est un coup de théâtre, orchestré par les acteurs majeurs de la guerre de prédation et d’agression imposée à notre pays. Ils viennent de passer de l’usage de la puissance forte à la puissance douce. Cette fameuse guerre de prédation et d’agression va se poursuivre mais elle est en train de changer de forme.
Ceux sont les initiateurs de cette guerre qui ont pris la décision d’en changer la forme.

Sur l’avalisation de l’initiative publique-privée et la fin de la guerre

En lisant le livre de Raf Custer, « Chasseurs de matières premières », vous allez vous rendre compte qu’il y a déjà une initiative publique-privée qui a été prise par les initiateurs de cette guerre de prédation et qui a été avalisée par le gouvernement fantôche de Kinshasa. C’est l’avalisation de cette initiative publique-privée qui a conduit à la cessation du recours à la puissance forte.
C’est-à-dire que rien n’a changé sur le fond. Ceux qui veulent avoir les Kivus, l’Ituri et le Katanga comme leurs espaces d’exploitation des ressources naturelles vont continuer à mener leur guerre mais doucement, pour qu’effectivement cet espace géographique du Congo leur appartienne.
Ils ont demandé aux milices qu’ils avaient créées de pouvoir se retirer sur tous les fronts. C’est ce que ces milices ont fait. Et si le gouvernement fantôche de Kinshasa n’est pas arrivé à apposer sa signature sur le texte de l’accord avec la milice ougando-rwandaise du M23, c’est parce que ce gouvernement a déjà accepté que cet espace géographique appartienne aux acteurs majeurs de la guerre de basse intensité.
Signer ou ne pas signer cet accord de Kampala importe peu. L’essentiel est que l’espace que ces gens là voulaient avoir leur a été octroyé, à partir de la signature de cette initiative publique-privée.
Nous devrions nous rendre compte que la théâtralisation de la guerre en Afrique centrale sert la cause de la conquête de cet espace par les acteurs majeurs et les multinationales.
Pendant qu’ils nous distraient avec la guerre de basse intensité, avec l’usage de la puissance forte, ils font signer des documents, des accords, des initiatives au gouvernement fantôche de Kinshasa dont cette initiative publique-privée qui va bientôt connaître sa mise en pratique dans les Kivus, l’Ituri et le Katanga.

Sur l’inutilité de l’accord de Kampala

Ce que les acteurs majeurs de la guerre et les multinationales cherchaient étaient la balkanisation de notre pays, ils peuvent être sûrs qu’ils peuvent avoir l’espace qu’ils enviaient sans passer par la signature de l’accord de Kampala.
Le débat sur l’accord de Kampala n’a plus lieu d’être. Sur l’accord de Kampala, le débat était ceci : Ils signent l’accord, et la milice ougando-rwandaise infiltre les institutions congolaises. Ces infiltrations servaient à l’affaiblissement des institutions congolaises pour que la balkanisation et l’implosion du pays soient consommées. Mais maintenant que cette balkanisation et cette implosion peuvent être obtenues à partir des accords signés avec le gouvernement fantôche de Kinshasa, l’accord à signer avec le M23 ne sert plus rien.

Sur l’enjeu majeur au Congo

Affaiblir les institutions pour la balkanisation et l’implosion du Congo. Voilà l’enjeu. Si cela peut être obtenu par d’autres moyens que la signature de l’accord de Kampala, par la signature d’autres documents, on peut signer ou ne pas signer cet accord.
Nous n’arrivons pas à percer les enjeux de la guerre de basse intensité et de prédation. Nous n’arrivons pas toujours à en identifier les acteurs majeurs et leurs modes opératoires, c’est ainsi que nous sommes désaxés chaque fois que ce mode opératoire change. Nous continuons à débattre sur un sujet (accord de Kampala) qui n’est plus d’actualité pour les acteurs majeurs et les multinationales.
Ce que les multinationales et les acteurs majeurs de la guerre de prédation menée contre le Congo voulaient atteindre est en train d’être atteint. On n’a pas besoin de Lambert Mende et Raymonde Tshibanda pour pouvoir atteindre ces objectifs là. Et c’est depuis 2012, que cette initiative publique-privée a été prise et sa mise en pratique est en train d’être rendue effective.

Sur la théâtralisation de la victoire des FARDC et le manque de leadership au Congo

Notre pays ne dispose pas d’un leadership visionnaire. Comment voulez-vous qu’au même moment où l’on nous affirme que le Congo connaît une croissance économique de 8%, il soit incapable de payer les militaires au front ?
Tout cela pour dire que, ce qu’il y a eu au front n’était que du théâtre. Aujourd’hui, nous savons que le gouvernement fantôche de Kinshasa a été surpris par les décisions prises par les acteurs majeurs de la guerre de basse intensité. Il y a au moins 100 généraux qui n’ont pas plus touché leurs salaires depuis 3 mois, et tous les militaires n’ont pas été payés depuis plus de 3 mois. Et il n’y a pas que les militaires qui ne sont pas payés. Il n’y a que les députés qui peuvent encore toucher leurs salaires, avec certains membres du cercle de nouveaux prédateurs opérant dans notre pays.
La théâtralisation de la victoire des FARDC n’a pas arrangé ceux qui de l’intérieur de pays participaient de cette guerre de la destructuration, de la déstabilisation et de la mort du Congo.
Maintenant on dirait qu’ils sont en train de punir certains généraux qui ont été engagés aux côtés de l’ONU et de sa brigade d’intervention.
Pour le moment, le fait que les militaires ne puissent pas être payés, que les députés ne puissent pas demander au gouvernement de se justifier sur cette question là, cela prouve que le Congo n’est pas dirigé. Le Congo navigue à vue.
Ce dont le Congo souffre, c’est de ne pas avoir des hommes et des femmes capables de pouvoir assurer un travail qui guide ce pays à jouir de sa souveraineté politique, économique, culturelle, sociale, spirituelle. Le jour où le Congo a ses dignes filles et fils qui ont une vision qui puisse aider le pays à rêver, les choses vont changer de fond en comble.
Ceux qui sont aux affaires aujourd’hui sont des capita médaillés des acteurs majeurs et des multinationales. Comment voulez-vous que ces gens se mettent à payer les militaires qui ont été au front et qui malgré les interventions extérieures, ont essayé de participé à ce qui a constitué une victoire des FARDC.
Si nos forces armées avaient remporté la victoire, leurs paiements et leurs soutiens du côté du gouvernement seraient automatiques. Mais comme ce n’est pas automatique, c’est signe qu’effectivement ceux qui font office de gouvernants du Congo ont été surpris par les évènements et les discours de certains militaires.
Ce qui était poursuivi dans l’organisation de la guerre menée par les milices ougando-rwandaises a été obtenu par la signature de l’initiative publique-privée.

Sur la création du comité de suivi des recommandations des concertations nationales

Ceux qui sont informés sur les enjeux réels de la RD Congo savent pourquoi il y a ce vide politique depuis la clôture des concertations nationales. C’est un vide qui va perdurer. Pourquoi ? Parce que ce ne sont pas ceux qui prétendent gouverner à Kinshasa qui mènent le Congo. Eux-mêmes, ils sont soumis à une équation difficile de la part de leurs parrains. Nous avons, récemment appris que l’un des congolais ou ayant usurpé la nationalité congolaise, qui était en vue comme premier ministre, a décliné. Il a simplement dit à ses parrains que son état de santé ne lui permet pas de pouvoir assumer cette charge là. Ces gens à Kinshasa ne décident rien, ils avalisent les décisions communiquées par les véritables maîtres du Congo du moment.

La fin programmée du règne de Kabila

Kabila n’est pas le président du Congo. Kabila exécute les ordres qui lui sont donnés par les véritables maîtres du Congo.
Kabila fait déjà partie des créatures de l’histoire. S’il ne comprend pas cela. Il va finir comme son modèle, Mobutu, il va finir mal. Si Mobutu avait compris en 1990 que c’était fini et qu’il pouvait passer la main, il aurait encore vécu pendant quelques temps encore à son aise. Si pas au pays, mais ailleurs, il aurait bien terminé son parcours politique. Mais il n’a pas compris. Quand, il a prononcé son discours du 24 avril 1990, il n’a pas compris juste après que c’était fini. C’est ce qui est en train de se réaliser maintenant. Il y a tout un groupe d’acteurs politiques ou pseudo-politiques congolais qui ne comprennent pas que c’est fini.

Sur l’affaire Bemba

Plusieurs d’entre nous n’avons pas encore compris que la guerre de basse intensité menée contre notre pays est aussi la guerre de la justice internationale. Il n’y a pas de gouvernement congolais, il y a un réseau transnational de prédation, travaillant avec les élites compradores, qui se retrouvent dans ce qui est considéré aujourd’hui comme institutions congolaises. Si, nous parlons de gouvernement congolais, c’est par abus de langage.
Tant que ceux que vous considérez être des acteurs politiques n’auront pas compris que la guerre contre notre pays, qui date de très longtemps, est aussi une guerre de la justice internationale, ils ne pourront pas se tirer d’affaire.
Quand Carla Del Ponte a essayé de demander que certains acteurs mineurs impliqués dans la guerre en Afrique centrale, puissent être jugés, elle a été purement et simplement défénestrée du tribunal penale internationale pour le Rwanda.


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