Par Issa Djema/B.A.W. Source: Congoindependant.com
La prise de la ville Goma, mardi 20 novembre, par les rebelles du M23 continue à propager son onde de choc. Des activistes politiques congolais de Belgique, communément appelés «Combattants», ont investi, mercredi 21 novembre, au début de l’après-midi, la chancellerie de la représentation diplomatique congolaise à Bruxelles. Ils sont venus manifester leur «colère» suite à l’occupation de Goma par les guérilleros de M23. Co-fondateur du groupe de pression «Bana Congo», Henri Muke Disuishe et quelques autres activistes ont été évacués et «embarqués» par la police. L’ambassadeur Henri Mova Sakanyi était absent au moment des faits.
Mercredi 21 novembre. Il est15h29 lorsqu’un Sms pour le moins inattendu tombe : «La résistance congolaise vient de prendre le contrôle de la représentation diplomatique de la RDC à Bruxelles. Dirigez-vous tous à l’ambassade. Une déclaration de grande importance est en préparation».
Selon une source, des activistes politiques congolais – une vingtaine – ont réussi à tromper la vigilance du service de sécurité de cette Mission en s’infiltrant à l’intérieur du bâtiment. A la demande sans doute du chef de poste, la police est intervenue pour «libérer» les lieux. Plusieurs «Combattants» ont été interpellés. C’est le cas notamment de Henri Muke Disuishe, président d’une aile dissidente du groupe de pression «Bana Congo», rebaptisée «Haut conseil de libération»(HCL).
Sur la rue Marie de Bourgogne, la police fédérale belge a érigé des barricades au croisement des rues de Luxembourg et Montoyer. Le périmètre où se trouve l’ambassade congolaise a l’allure d’une «zone interdite». Il est 15h55. Une voiture s’arrête devant l’entrée principale de la Chancellerie. Un homme sort du véhicule. Les «combattants» reconnaissent Mova Sakanyi. Des cris fusent : «voleur !», «assassin !». Des slogans hostiles sont lancés à l’encontre de «Joseph Kabila» et des Tutsi rwandais.
Une source proche de l’ambassade donne sa version des faits : «De 12h00 à 15h00, il y a pause. Vers 14 heures, trois personnes d’origine congolaise ont profité du relâchement du service de sécurité en agressant physiquement l’unique vigile de service. Pendant une vingtaine de minutes, les assaillants – une douzaine – se sont répandus dans les étages. Ils ont saccagé plusieurs bureaux avant d’aller arracher la camera de surveillance au 5ème étage. C’est ainsi que la brigade canine et police judiciaire sont descendues sur le lieu pour amorcer les devoirs d’enquête».
Que disent les «Combattants» restés à l’extérieur de l’ambassade ? «Tozali na kanda makasi. Joseph Kabila na batu na ye bateki mboka !», lance un protestataire. Traduction : «Nous sommes très en colère ! Joseph Kabila et ses affidés ont vendu le pays.» Membre de l’association « Ba mama totelema !» et du HCL, Josée Likembe d’enchaîner : «La chute de Goma entre les mains du M23 montre que Joseph Kabila joue le rôle de Cheval de Troie. Il est le complice du M23. C’est ainsi que nous avons décidé d’occuper nos ambassades à travers le monde. Le but n’était pas de prendre l’ambassadeur ou les diplomates en otage.» Pour Marie-Paule Kapinga, l’action menée par les Combattants «est une manifestation de défiance à l’égard d’un pouvoir qui ne défend pas l’intérêt national». «Le pays est entrain de nous échapper, poursuit-elle. Kabila ne travaille pas pour le Congo. Il est au service du Rwanda et des Rwandais. Nous sommes en colère. Nous allons continuer ce combat jusqu’au bout».
Pour le « Combattant Drakula », l’action menée à l’ambassade serait l’œuvre d’une sorte d’«unité spéciale» dénommée «Combattants de l’ombre». Selon lui, après avoir pris le contrôle du poste, «tout le personnel a été évacué sans violence». Quel était le message ? «Les autorités de Kinshasa ont toujours reproché aux Congolais de la diaspora de dénoncer le risque de balkanisation du pays, dit-il. La chute de Goma entre les mains des rebelles de M23 ne nous donne-t-elle pas raison ? Il est clair que nos dirigeants sont occupés à liquider le pays. Voilà pourquoi les Combattants ont pris la résolution de réagir».
Le dernier mot revient à Wilkens Alhongo, président de l’association « MIRGEC » : « Comme la ville de Goma est tombée entre les mains de M23, nous avons décidé, en tant que peuple souverain, de prendre le contrôle de l’ambassade congolaise à Bruxelles. En interpellant les Combattants ayant pénétré dans le bâtiment, les pouvoirs publics belges viennent de démontrer qu’ils sont complices de la situation chaotique qui prévaut au Congo. Tout en respectant la Convention de Vienne sur les relations diplomatiques, la représentation diplomatique congolaise à Bruxelles est et reste notre maison. La Belgique n’avait pas à intervenir dans un problème congolo-congolais…».
Issa Djema/B.A.W