Par Mufoncol Tshiyoyo
Dans tout ce qui se passe actuellement dans le Bandundu et au Congo-Kinshasa, les USA tentent de déstabiliser l’ensemble de la région : fracturer les nations.
Presque tout le monde en parle au Congo-Kinshasa. L’épopée des éleveurs rwandais et leurs vaches dans la province de Bandundu. Pour ce énième coup de boutoir de la soldatesque rwandaise au Congo, on ne saurait dire avec exactitude s’il s’agissait d’un zèle de trop de la part d’un Paul Kagame qui a l’air d’être dépassé par des bousculades récents au Congo et est surexcité.
Le Rwanda poussé à la faute
L’homme se considère comme étant toujours « invaincu ». Je suis en droit de croire que cela lui ferait pousser des ailes. Cependant, la province de Bandundu partage une frontière unique avec l’Angola, au sud du Congo. En d’autres termes, la présence renforcée des milices rwandaises à proximité de l’Angola sonnerait comme un avertissement adressé à ce pays. Car, à trop vouloir chercher à démontrer l’influence du mercenariat rwandais sur une partie des élites congolaises, on doit admettre que la soldatesque à la solde de Paul Kagame contrôle et « maitrise » bien le Congo-Kinshasa depuis plus de 20 ans. Et le Rwanda, dans sa précipitation, est poussé à la faute. C’est comme Saddam Hussein le fut contre le Koweït. Mais par qui et à quelle fin ? Ainsi se dessine aujourd’hui et au grand jour le grand dessein ougando-rwandais (Museveni et Kagame), celui du contrôle et d’occupation de la terre de l’Afrique centrale dans son intégralité.
Je vois mal comment un pays, qui règne depuis plus de 20 ans au Congo-Kinshasa et sans y avoir rencontré une contestation majeure, se mette tout d’un coup à montrer ses biceps, alors qu’il n’y a péril en la demeure contre ses intérêts directs. Le Rwanda ne pouvait et ne peut s’installer militairement dans la Bandundu que pour la réalisation d’un projet immédiat. Le plus vite serait le mieux pour le Rwanda, à l’heure où Paul Kagamé devient le président de l’Union Africaine. Tout est de l’ordre du possible. Il y a à se rappeler le fait que Paul Kagamé a réservé la primeur de l’information de sa désignation comme président de l’Union Africaine à Donald Trump.
Le Rwanda, dans sa précipitation, est poussé à la faute. C’est comme Saddam Hussein le fut contre le Koweït. Mais par qui et à quelle fin ? Ainsi se dessine aujourd’hui et au grand jour le grand dessein ougando-rwandais (Museveni et Kagame), celui du contrôle et d’occupation de la terre de l’Afrique centrale dans son intégralité.
Son annonce à Trump intervient avant que l’Afrique officielle d’Addis-Abeba désigne Paul Kagamé à la fonction du président de l’Union Africaine. Le public africain, pour lequel Kagame est censé être le président, ne fut lui-même pas averti. La primeur de l’information, c’est pour l’étranger. Un exemple qui tombe à pic, car il aide à se faire une idée sur la nature de l’homme qui est supposé gouverner et le Rwanda et l’Afrique pour le compte de l’Afrique et celui de son pays. Les félicitations de Donald Trump, suivies de l’attitude bon enfant de Paul Kagame, le nouvel agent de la CIA à la tête de l’Union Africaine, confirment les doutes sur le personnage.
En militarisant la région de Bandundu, les forces du mercenariat rwandais au service des élites anglo-saxonnes se rapprochent de plus en plus de l’Angola, son allié dans le cadre de l’AFDL. À l’instar de la chèvre de Monsieur Séguin, qui a fini par être mangée par des loups, les vaches du Rwanda dans le Bandundu veulent aller brouter l’herbe de la terre angolaise qui se profile à l’horizon. Si l’Angola a encore des doutes, je l’invite à se souvenir des propos ci-après de Laurent Gbagbo : « Il y en a qui regarde un pays aux prises avec des forces étrangères. Ils rient. Mais il faut leur dire que c’est comme ça que l’Afrique a été colonisée. Parce que quand le colonisateur arrivait, il attaquait une tribu, l’autre tribu riait et disait que nous ne sommes pas concernés. Et quand on a fini la tribu A, on passera à la tribu B, et ainsi de suite. Ce qui arrive au Congo arrivera potentiellement aux autres États-voisins. Ce n’est pas parce que le Rwanda le voudra ainsi, mais parce que les intérêts de »Rome » le recommanderaient pour assurer définitivement sa gloire.
Les USA tentent de déstabiliser l’ensemble de la région
Pour rappel, les élites anglo-saxonnes, les maîtres et employeurs du Rwanda, ont signé des accords de défense et de la gestion de l’Afrique centrale et avec Paul Kagamé et avec Museveni, les deux comme un tout, et aussi avec l’Angola de Joao. Sans renier et voire remettre en cause les accords qui furent signés avec le Rwanda, les USA ont signé d’autres et les mêmes accords avec l’Angola. Les deux pays sont armés et se convainquent mutuellement de posséder deux grandes armées dans la région. Les Yankees n’en ont pas besoin. L’Irak devrait faire la guerre à l’Iran. Les deux devraient se neutraliser sans que les Yankees n’aient besoin de les affronter militairement. Exsangues par une longue guerre, anéantis et affaiblis, l’Irak et l’Iran ne valaient plus rien. Ils pousseront Saddam à la faute pour en finir une fois pour toutes avec lui. À la longue, on se demande si les Yankees n’opposeront pas les uns aux autres, comme au Moyen Orient. Ils y opposent les Kurdes aux Turcs, les Kurdes aux arabes, les Chiites aux sunnites, etc.
Dans tout ce qui se passe actuellement dans le Bandundu et au Congo-Kinshasa, les USA tentent de déstabiliser l’ensemble de la région : fracturer les nations. Voilà ce qui rejoint les thèses de l’ancien conseiller politique de Tony Blair, reprises dans son livre : « Robert Cooper. La fracture des nations. Ordre et chaos au XXIe siècle » et celles de Nadia Schadlow, qui sera prochainement nommée conseillère US de sécurité adjointe. Elle a publié : « War and the art of governance : consolidating combat success into political victory (La Guerre et l’art de la gouvernance : consolider le succès au combat en victoire politique) ; un livre qui, à la fois, prône le retour à la realpolitik et la responsabilité des armées dans la création des Institutions des pays vaincus ».
Le Rwanda croit écrire son histoire en Afrique alors qu’il s’agit de l’histoire de l’Occident qui instrumentalise le nègre Kagame pour la réalisation de son histoire.
Dans tout ce qui se passe actuellement dans le Bandundu et au Congo-Kinshasa, les USA tentent de déstabiliser l’ensemble de la région : fracturer les nations… Le Rwanda croit écrire son histoire en Afrique alors qu’il s’agit de l’histoire de l’Occident qui instrumentalise le nègre Kagame pour la réalisation de son histoire.
On dit généralement qu’il n’y a pas de fumée sans feu. Au moment où ces lignes s’écrivent, le courant ne passe pas bien entre les différents membres de la SADC, la Communauté de Développement d’Afrique Australe, et Paul Kagamé du Rwanda, l’actuel président en exercice de l’Union Africaine. D’après le journal algérien Al Watan, « les 15 pays d’Afrique australe [boudent] la méthode de Paul Kagame, « trop militaire dans son fonctionnement ». [Et cela] dérange certains. Beaucoup de dirigeants, notamment ceux de la SADC (Communauté de développement d’Afrique australe) reprochent à leur homologue rwandais un manque de consultations », (http://www.elwatan.com/…/l-union-africaine-est-elle-reforma…). Et Zine Cherfaoui, l’auteur de l’article, de se demander si « leur opposition à Kagamé ne risque pas de tuer dans l’œuf le projet de réforme [de l’Union Africaine] » ?
En voulant à tout prix prouver et justifier ses relations privilégiées avec ses maîtres anglo-saxons, Paul Kagame ne fait pas l’unanimité parmi ses pairs. Comme lui, ils obéissent au même maître. Le maître aurait-il des préférences parmi ses ouailles ? Les nègres ont du mal à retenir la leçon de Frantz fanon : « Notre tort à nous, Africains, est d’avoir oublié que l’ennemi ne recule jamais sincèrement. Il ne comprend jamais. Il capitule, mais ne se convertit pas. Notre tort est d’avoir cru que l’ennemi avait perdu de sa combativité et de sa nocivité. Si Lumumba gêne, Lumumba disparaît ». Heureusement ou malheureusement, Paul Kagamé est loin d’être Lumumba.
Pour le Congo, nous paierons le prix : likambo ya mabele.
Mufoncol Tshiyoyo