Par Jean-Pierre Mbelu
»La démocratie du marché » vendue aux vassaux du Sud du monde par les héritiers du Consensus de Washington, par les disciples de Donald Reagan et/ou de Margaret Thatcher est fondée sur une matrice organisationnelle néolibérale excluant toute alternative aux principes économiques de libéralisation, de privatisation et de dérégulation (ou de la régulation contrôlée par les petites mains du capital). TINA (the is not alternative) est une création conceptuelle de »la dame de fer ».
»La démocratie du marché » est donc héritière du »fatalisme des lois économiques ». Elle ne peut fonctionner que sur fond de l’alternance. C’est-à-dire en évitant une transformation radicale de sa matrice organisationnelle mais en changeant cosmétiquement »les petites mains du capital » au »pouvoir-os », certaines plus conscientes de leur rôle de vassaux que d’ autres. Ce changement cosmétique n’altère pas le fonctionnement du système d’exploitation de majorités des populations concernées par une minorité constituée en réseau de prédation transnationale.
Et dans la bouche des membres de ce réseau, l’expression »alternance au pouvoir » est un élément de langage reçu de leurs parrains et/ou de l’hégémonie culturelle occidentalisante. Lutter pour un autre Congo-Kinshasa suppose une remise en question profonde de tout cet héritage économiciste marquant »la démocratie du marché » qui lui est vendue par une partie de ses élites intellectuelles et universitaires.
Cela n’est pas qu’une question de concepts. En dehors du décryptage du »novlangue » faisant de l’alternance une alternative, il y a un changement de matrice organisationnelle du »vivre-ensemble » à produire sur le court, moyen et long terme.
Lutter pour un autre Congo-Kinshasa suppose une remise en question profonde de tout cet héritage économiciste marquant « la démocratie du marché » qui lui est vendue par une partie de ses élites intellectuelles et universitaires. Cela n’est pas qu’une question de concepts.
Il y a une alternative politique à proposer. Et »par alternative politique, on entendra exactement l’opposé de ce que l’on nomme “alternance”, c’est-à-dire la simple permutation des équipes au pouvoir. C’est un processus beaucoup plus profond, qui ne se contente pas de quelques modifications de surface, mais qui met explicitement en jeu les structures déterminant la répartition des richesses. Cette alternative politique s’identifie donc avec la reprise expresse, par le peuple, des attributs de la souveraineté. Elle suppose la rupture des liens qui rattachent le pays au capital étranger dominant et au capital local “compradore” qui en dépend. »
Elle suppose aussi une lutte acharnée contre la domination de différentes sphères de la vie par la sphère économique et ses lois. Pour dire les choses autrement, cette lutte vise la décolonisation des autres sphères de la vie en société par le fondamentalisme du marché. Il dépolitise et tend à rendre les citoyens apathiques. Il les réduit au rang de simples consommateurs.
Des consommateurs de biens produits sur le marché ; mais aussi des idées transmises par »les petites mains du capital » et leurs vassaux »compradores ». D’où la nécessité d’une autre pratique politique privilégiant la participation, la délibération et la prise de décisions collectives. C’est-à-dire une pratique qui radicalise la démocratie en faisant des élites organiques et co-structurantes des membres à part entière des collectifs citoyens et qui rompt collectivement avec »les compradores » récalcitrants.
Babanya Kabudi
Génération Lumumba 1961