L’analyste politique, Jean-Jacques Wondo, réagit aux déclarations de la Belgique et de l’Afrique du Sud sur leurs « préoccupations partagées » quant à la situation dans l’Est de la République démocratique du Congo (RDC).
Je vous demande de revisiter l’histoire du combat politique des actuels dirigeants de l’ANC (African National Congress) du temps de l’Apartheid.
Vous vous rendez compte qu’entre les années 1970 et 1990, certains de leurs combattants ont eu à partager des camps d’entraînement communs en Ouganda avec les dirigeants actuels au pouvoir au Rwanda et en Ouganda, avec lesquels ils ont signé des accords tacites d’entraîde mutuelle. Une sorte d’alliance à la manière de l’Otan.
Il suffit pour s’en rendre compte d’observer la position de la RSA dans la crise congolaise depuis 1996.
D’ailleurs en 2004, la Belgique s’était indignée de la manière cavalière dont la RDC avait privilégiée la réforme du secteur de sécurité (RSS) avec la RSA dans le cadre d’une coopération bilatérale assez floue au lieu de privilégier une RSS dans le cadre d’une action globale multilatérale, plus cohérente et structurante.
Je m’en tiens pour illustration, entre autres aux nombreux échanges et à la collaboration que j’ai entretenus avec lui entre 1998 et 2000 avec le feu Général Célestin Ilunga Shamanga (Ancien de Saint-Cyr, dernier ministre de l’intérieur de Mobutu, ancien chef de la Maison militaire de Mobutu, un des fondateurs de la BSP puis DSP et très proche collaborateur du feu général Mahele). Alors en exil en Afrique du Sud où il était très apprécié et approché par le SSAA: South African Secret Service (par son intelligence et sa capacité d’analyse hors norme) pour intégrer le RCD Goma (appuyé par le Rwanda) avec une franche promesse de jouer un rôle de premier plan si le RCD Goma parvenait à renverser LD Kabila. Et il m’a montré à l’époque des preuves écrites. Il a écrit un excellent ouvrage sur les FAZ: La chute de Mobutu et l’effondrement de son armée, un livre-référence qui fera l’objet de nombreuses références dans mon futur ouvrage à publier: De la Force Publique aux FARDC: Radioscopie d’une armée fantôme, pervertie et intravertie).
Personnellement, je vois mal la RSA jouer un rôle positif dans la résolution équitable de la crise congolaise, qui tienne compte des aspirations profondes des populations autochtones congolaises de l’Est, dès lors qu’elle joue en quelque sorte le rôle géostratégique de parrain régional à Kagame, Museveni et Joseph Kabila.
Ce n’est pas avec un Jacob Zuma, très proche de l’esprit et de l’axe Kampala-Kigali-Jo’Burg qu’une solution satisfaisante pour les populations congolaises du Kivu (et non pour Kabila) sera trouvée. car Zuma ne pourra difficilement trahir ses frères de maquis à Kampala.
Les soi-disant « préoccupations partagées » entre L’Afrique du Sud et la Belgique ressemble à un marché de dupes. Du moins, à mon avis personnel (qui peut aussi être faux!) et sur base de divers éléments en ma possession en provenance des sources assez dignes de foi.
D’ailleurs durant son escale en Afrique du Sud avant de regagner l’est de la RDC pour commencer sa campagne, tous les détails sur les faits et mouvements de Mr. Tshisekedi étaient rapportés aux services de renseignements congolais et aux affaires étrangères d’un pays occidental intéressé par la RDC.Il en est de même de différents déplacements de Mr. Kamerhe en Afrique du Sud.
Jean-Jacques Wondo
Analyste politique freelance