Le 55ème anniversaire de la Table Ronde et de l’indépendance offre une occasion de libérer l’écriture et l’enseignement de cette page d’histoire des mythes et stéréotypes qui en ont obscurci l’intelligence afin d’éviter que la liturgie de la commémoration n’étouffe le sens de cet événement historique et politique majeur.
Alors qu’en 1956, elle répondit par un assourdissant silence méprisant aux Manifestes des intellectuels de Conscience Africaine et de l’Abako, revendiquant l’indépendance de leur pays; la Belgique s’éclate, à l’occasion de l’Exposition universelle de 1958 de Bruxelles
La détermination des Congolais à s’émanciper de la tutelle belge contraint les Belges , un an après le soulèvement populaire du 04 janvier de négocier la fin de l’aventure coloniale lors de la conférence de la Table. Celle-ci se déroula du 20 janvier au 20 février 1960 à l’initiative du ministre du Congo, Auguste De Schryver qui reprit la proposition formulée,le 22 juillet 1959 , par le Parti travailliste congolais dirigé par Jean-Pierre Dericoyard.
Force est de constater que 55 ans après, la Table Ronde reste de brûlante actualité : les principaux écueils sur lesquels butte le Congo sont des héritages coloniaux qui ont été incorrectement,insuffisamment -voire non- traités lors de la Table Ronde. Il s’agit, notamment, de la (re)construction de l’Etat et de ses principaux appareils comme l’administration, la justice et l’armée, garante de l’intégrité territoriale mais confisquée et érigée en instrument de répression dressé contre les populations civiles pour servir des ambitions politiciennes personnelles.
Par ailleurs, des convoitises étrangères rivales continuent de peser sur l’émergence des élites politiques, privilégiant ainsi le parrainage étranger sur la légitimité issue des élections libres et démocratiques. La sanglante répression des récentes mobilisations politiques en est une tragique illustration.
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55 ans après la Table Ronde de Bruxelles, Il est temps de rompre avec le statu quo et la politique de l’autruche. Les Congolais(es) ayant la prétention de gouverner le Congo-Kinshasa demain doivent pouvoir soumettre leurs projets de société au débat. Le plus tôt serait le mieux. La bataille des idées doit se mener sans tabou et sans massacre des débatteurs. Dans cet ordre d’idées, l’appel à l’unité des Congolais(es) ne devrait pas être synonyme de l’appel à l’unanimisme.
De Mao, nous avons appris que pour mettre de l’ordre dans l’organisation, il faut commencer par le mettre dans les idées. Aux compatriotes qui parcourent les capitales occidentales présentement pour mille et une raison, nous disons : « Messieurs, Mesdames, sur quelles idées mobilisatrices voulez-vous que le Congo-Kinshasa soit gouverné demain ? Sur la prière ? Sur l’unité ? Comment comptez-vous vous y prendre ? » Cette bataille des idées, à notre avis, devrait se mener dans la sérénité et sans tabou. Elle ne doit pas être une question identitaire.
Les orateurs seront :
Anicet Mobe et François Ryckmans
Lieu :
Kuumba
Rue de la paix, 35
1050 Bruxelles, Belgique
Date et heure:
le 11 avril 2015 à 18 heures