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Une réflexion sur « l’ère Trump » : l’État profond et la reconfiguration du pouvoir américain

Une réflexion sur « l’ère Trump » : l’État profond et la reconfiguration du pouvoir américain

Une réflexion sur « l’ère Trump » : l’État profond et la reconfiguration du pouvoir américain 720 405 Ingeta

Par Mufoncol Tshiyoyo

L’élection de Donald Trump en 2024 soulève des questions profondes sur la résilience et l’adaptabilité de l’État profond aux États-Unis. Ce réseau d’influence, ancré dans les institutions, perdure au-delà des administrations et des cycles électoraux. Aujourd’hui, même si Trump est souvent perçu comme un acteur « anti-système », son retour au pouvoir met en évidence la capacité de l’État profond à s’adapter face à de nouveaux défis et à des personnalités « insaisissables ».

Depuis des décennies, des personnalités comme les Bush, Cheney, Rumsfeld et d’autres acteurs influents du Parti républicain construisent un réseau d’influence qui transcende les administrations. James Baker, par exemple, républicain ayant servi sous Bush, poursuit son rôle au sein d’un gouvernement démocrate. Ce réseau tisse des liens étroits avec des secteurs stratégiques : renseignement, sécurité nationale, économie et géopolitique – assurant la pérennité d’un pouvoir qui ne s’altère pas avec les changements de gouvernance. Cependant, l’arrivée de Trump semble marquer une rupture. Comment un système invisible et rigide pourrait-il se redéfinir face à un président en opposition frontale aux élites traditionnelles ?

L’ère Trump est une rupture ou une reconfiguration de l’État profond

Bien que Trump soit perçu comme un outsider, l’État Profond, loin de disparaître, montre une capacité d’adaptation remarquable. Des personnalités influentes modifient leur discours ou prennent du recul, sans que l’influence et la mission de cette structure ne s’affaiblissent pour autant. L’État profond s’adapte donc à cette figure imprévisible en reconfigurant ses stratégies et ses alliances. Trump, au lieu de mettre fin à cette emprise, agit comme un révélateur : l’État profond survit et se renforce.

Le retour de Trump s’annonce comme le catalyseur d’une nouvelle période de fracture sociale intense, tout en laissant intactes les structures profondes de pouvoir.

Une des stratégies les plus subtiles de l’État profond pourrait bien résider dans l’encouragement de figures « anti-système » comme Trump, donnant l’illusion d’un changement en profondeur. Cette fausse opposition renforce la méfiance au sein de la population, polarisée entre les partisans et les détracteurs. Le retour de Trump s’annonce comme le catalyseur d’une nouvelle période de fracture sociale intense, tout en laissant intactes les structures profondes de pouvoir.

L’élection de Donald Trump, qu’on la considère cruciale ou non, met en lumière des fractures profondes dans la presse traditionnelle. En positionnant Trump comme un danger sans proposer de contre-modèle clair, la presse révèle non seulement son biais, mais également le degré de pourrissement de ses structures.

En cataloguant Trump comme « fasciste » sans le confronter à un modèle vertueux, elle brouille la perception publique et suscite une perte de confiance qui va bien au-delà de Trump lui-même. Ce n’est pas une question de moralité ni de ce que la presse « devrait » être ; il s’agit plutôt de comprendre comment elle se transforme en un outil de manipulation des perceptions, créant une dichotomie fausse et empêchant un jugement critique indépendant. En omettant d’incarner un modèle opposé, les médias enferment le public dans une boucle sans véritable alternative pour comparer, juger et comprendre. En conséquence, le grand public découvre que, dans cette guerre de perception, il existe même au sein de l’Occident des catégories sociales « colonisées » et maintenues sous l’influence d’une élite qui les dépasse.

Un leadership désillusionné et une population en crise

L’arrivée de Trump provoque également une désillusion à l’intérieur du leadership occidental, habitué à des figures politiques conformes à ses attentes. Ce décalage révèle une prise de conscience : le peuple, soumis à des représentations binaires, commence à percevoir la division cachée entre les élites dominantes et la majorité qu’elles maintiennent en dépendance, y compris parmi les classes blanches. Le choc est double : la presse ne protège plus les idéaux d’information, et le leadership occidental se retrouve confronté à une figure qui expose ses failles tout en survivant à la machine d’opposition mise en place contre elle.

L’arrivée de Trump provoque également une désillusion à l’intérieur du leadership occidental, habitué à des figures politiques conformes à ses attentes. Ce décalage révèle une prise de conscience : le peuple, soumis à des représentations binaires, commence à percevoir la division cachée entre les élites dominantes et la majorité qu’elles maintiennent en dépendance, y compris parmi les classes blanches.

Face aux bouleversements de l’ère Trump, l’État Profond montre qu’il peut s’adapter et préserver son emprise. À travers des stratégies comme le lobbying, l’infiltration de l’administration et l’exploitation de la polarisation idéologique, il assure sa survie. Que ce soit sous les influences républicaines du passé ou sous l’ère Trump, la structure de l’État profond et son objectif demeurent les mêmes : conserver son pouvoir et préserver ses intérêts.

L’ère Trump, loin d’être une rupture, éclaire les dynamiques invisibles qui soutiennent le pouvoir aux États-Unis. Cette opposition apparente entre l’État profond et une figure « anti-système » illustre la capacité de cette puissance invisible à se redéployer en fonction des changements politiques et sociaux. La leçon de cette période réside dans la résilience de l’État profond, capable de manipuler les perceptions et de maintenir une emprise invisible, mais indéniable, sur les institutions et les esprits.

 

La classe politique congolaise

Ce texte vise moins à juger la presse ou la politique américaine qu’à inviter à une réflexion critique sur les structures de pouvoir et leur habileté d’adaptation. Au-delà des changements visibles, l’État profond reste une force immuable, influençant en permanence notre perception du monde.

Nous voyons au-delà des slogans et des jeux de pouvoir à Washington. Pourquoi ne pas prendre ce moment pour nous engager dans une voie de souveraineté authentique, où le Congo peut enfin revendiquer son propre destin ?

Les Congolais, qu’ils soient thuriféraires ou non de l’influence américaine au Congo, ne se laissent plus leurrer par les apparences de « changement » de régime aux États-Unis. Nous voyons au-delà des slogans et des jeux de pouvoir à Washington. Pourquoi ne pas prendre ce moment pour nous engager dans une voie de souveraineté authentique, où le Congo peut enfin revendiquer son propre destin ?

C’est à la classe politique congolaise de s’inspirer de ce même élan et de se dire : faisons du Congo un grand pays, plaçons notre peuple en premier. Il est grand temps de se défaire d’une dépendance imposée et de développer une vision ambitieuse.

 

Mufoncol Tshiyoyo, M.T.
Think tank La Libération par la Perception, Lp

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