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Ressources congolaises : hypocrisie américaine et mémoire historique absente

Ressources congolaises : hypocrisie américaine et mémoire historique absente

Ressources congolaises : hypocrisie américaine et mémoire historique absente 1248 700 Ingeta

Par Mufoncol Tshiyoyo

Le Congo est souvent présenté comme un pays riche en ressources naturelles stratégiques, un cliché qui masque une réalité plus complexe. Il y a lieu de repenser cette notion de « richesse » supposée, car une richesse dont on ne peut s’emparer seul, ni tirer profit pour le bien de sa population, n’est qu’un mirage. Elle devient une illusion exploitée par des forces extérieures, assistées dans cette tâche par la complicité des forces rampantes locales, afin de maintenir le pays dans un état de dépendance permanent.

Les débats autour de l’exploitation des ressources congolaises, habituellement réduits à des rivalités entre puissances comme les États-Unis et la Chine, occultent une vérité plus fondamentale : l’État, par sa nature, crée et entretient des conflits pour servir ses propres intérêts. Cette logique dépasse le simple affrontement entre nations et met en lumière le rôle d’un système global qui instrumentalise des pays comme le Congo, tout en les privant de leur capacité à définir leur propre trajectoire. Dans cette dynamique, ce n’est pas la valeur des Congolais qui est en jeu, mais leur perception de leur rôle et de leur pouvoir. Refuser d’être réduits à des spectateurs passifs, voilà l’enjeu.

Cas de Jack Rosen à la Gécamines : une ingérence américaine

En 2013, la Gécamines, fleuron de l’industrie minière congolaise, annonce la nomination de Jack Rosen, un investisseur américain, à son conseil d’administration. Présenté comme un chef d’entreprise expérimenté, Rosen était censé apporter des conseils stratégiques pour développer la société. Mais qu’a réellement apporté cette nomination au Congo ?

L’élite congolaise, plutôt que de défendre les intérêts stratégiques du pays, paraît uniquement ramper pour se maintenir à la tête du pouvoir-os le plus longtemps possible.

L’analyse révèle une constante : cette décision, comme beaucoup d’autres, semble avoir davantage servi les intérêts étrangers que ceux du pays.

L’élite congolaise, plutôt que de défendre les intérêts stratégiques du pays, paraît uniquement ramper pour se maintenir à la tête du pouvoir-os le plus longtemps possible. Perchée dans ses positions de privilège, elle se berce de l’illusion d’être « arrivée ». Pourtant, cette obsession de la durée, au détriment d’une vision de progrès ou de souveraineté, maintient le pays dans une dépendance structurelle vis-à-vis des puissances étrangères.

Hunter Biden et la mine de cobalt : un précédent révélateur

L’exemple de Hunter Biden illustre une autre facette de cette exploitation. Dans son édition du 20 novembre 2021, The New York Times révèle que le fils de Joe Biden a joué un rôle clé dans la cession d’une des mines de cobalt les plus riches au monde au Congo à un conglomérat chinois.

Aujourd’hui, les États-Unis mettent en garde contre la domination chinoise sur le cobalt, tout en occultant leur propre responsabilité dans ce transfert stratégique.

À travers la société BHR (Bohai Harvest RST), dont il était cofondateur, Hunter Biden et ses associés américains ont collaboré avec les Chinois pour sécuriser cette ressource stratégique. Cette transaction a eu lieu alors que Joe Biden occupait encore le poste de vice-président sous l’administration Obama.

L’ironie : aujourd’hui, les États-Unis mettent en garde contre la domination chinoise sur le cobalt, tout en occultant leur propre responsabilité dans ce transfert stratégique. Hunter Biden, en facilitant cet accord, a non seulement affaibli la position américaine, mais a aussi contribué à une exploitation accrue des ressources congolaises sans retombées significatives pour le pays.

Une absence de mémoire historique : pourquoi ces erreurs se répètent-elles ?

Le problème central est l’incapacité des élites congolaises à tirer les leçons de l’histoire. Qu’il s’agisse des chemins de fer construits pour transporter le caoutchouc sous la colonisation, ou de l’uranium utilisé pour fabriquer la bombe atomique, les ressources du Congo ont toujours été exploitées pour enrichir d’autres nations, jamais pour développer le pays.

L’élite congolaise se réduit à applaudir tout ce qui semble lui être offert, sans en interroger les véritables implications. En oubliant que l’offre, souvent imposée, infantilise les supposés bénéficiaires.

Aujourd’hui encore, les décisions cruciales concernant les ressources naturelles du Congo sont prises par des acteurs étrangers. La classe congolaise se réduit à applaudir tout ce qui semble lui être offert, sans en interroger les véritables implications. En oubliant que l’offre, souvent imposée, infantilise les supposés bénéficiaires.

L’absence de mémoire historique, loin d’être anodine, « incapacite » le rêveur patenté, celui qui pourrait imaginer un avenir différent pour son pays. En privant les élites et les populations d’un regard critique sur le passé, elle enferme le Congo dans une boucle de répétition des mêmes erreurs, rendant toute perspective de souveraineté véritablement durable impossible.

Rompre avec l’illusion et repenser la souveraineté

Qui doit déterminer une action consciente? Une action consciente ne peut émaner que de forces capables de se libérer du cadre mental astreint par des puissances extérieures et des élites compromises. Ces forces sont multiples :
– Une jeunesse éveillée et engagée, dotée d’une mémoire historique vivante, capable de poser les questions essentielles et de refuser les solutions attendues.
– Des intellectuels et des penseurs visionnaires, qui, à travers des initiatives comme le Think Tank La Libération par la Perception, remettent en question les paradigmes dominants et proposent des alternatives ancrées dans les besoins réels du Congo.
– Des communautés locales, souvent marginalisées, mais détentrices d’une connaissance et d’une résilience qui peuvent transformer les dynamiques de pouvoir.

La situation du Congo ne peut être comprise sans une analyse profonde des dynamiques locales et internationales qui perpétuent son exploitation. La richesse supposée du sous-sol congolais n’est qu’une illusion si elle ne peut pas servir à son peuple.

Un leadership renouvelé, qui rompt avec la logique de compromission et s’inscrit dans une vision à long terme, centrée sur l’intérêt national et non sur la survie politique.

La situation du Congo ne peut être comprise sans une analyse profonde des dynamiques locales et internationales qui perpétuent son exploitation. La richesse supposée du sous-sol congolais n’est qu’une illusion si elle ne peut pas servir à son peuple. Cette richesse, lorsqu’elle est manipulée par des acteurs étrangers avec la trahison d’une élite obsédée par la durée plutôt que par le progrès, devient un outil de domination plutôt qu’un levier d’émancipation.

Cependant, le Congo peut rompre avec cette illusion. En s’appuyant sur une action collective consciente, portée par une jeunesse éveillée et des communautés mobilisées, il est possible de transformer ces défis en opportunités. La mémoire historique peut devenir un moteur pour un futur souverain et la perception, un levier pour un changement réel.

Mufoncol Tshiyoyo

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