Par Mufoncol Tshiyoyo
L’exceptionnalisme américain, comme soft power, continue de séduire les masses populaires et nourrit les rêves de certains Congolais qui mendient le « pouvoir », pouvoir-os. Pourtant, cette fascination pour l’Amérique cache une réalité bien plus sombre. C’est un sort triste, car elle occulte les conséquences de l’impérialisme et les souffrances qu’il engendre.
Dans son discours du 20 janvier 2025, Donald Trump déclare : « L’Amérique sera bientôt plus grande, plus influente et bien plus exceptionnelle que jamais. Les problèmes auxquels sont confrontés les États-Unis seront anéantis par cette grande dynamique dont le monde est actuellement témoin. «Dès lors, la décadence de l’Amérique est terminée.»
La construction d’un empire
Trump invoque le mot « destin », voire l’expression « destin manifeste », pour revendiquer, presque de manière religieuse, le droit des États-Unis à régner sur le monde : « Nos libertés et le destin glorieux de notre nation ne seront plus niés. » Mais que signifie vraiment cette « prochaine grande aventure » dont Trump parle ? « L’appel de la prochaine grande aventure résonne du fond de nos âmes. »
Trump rappelle que les ancêtres américains « ont transformé un petit groupe de colonies au bord d’un vaste continent en une puissante république ». Toutefois, il omet de mentionner les coûts humains de cette expansion.
Il s’agit, à vrai dire, de la construction d’un empire. Trump rappelle que les ancêtres américains « ont transformé un petit groupe de colonies au bord d’un vaste continent en une puissante république ». Toutefois, il omet de mentionner les coûts humains de cette expansion. Bien sûr, il n’a pas lu « Les veines ouvertes de l’Amérique latine » d’Eduardo Galeano (1971), un livre qui évoque le sort dévastateur des communautés autochtones décimées par la colonisation et l’impérialisme.
Trump envisage également de réaliser ce que très peu d’empires ont accompli avant lui : croître sans provoquer de nouvelles guerres. Bien qu’il promette de « bâtir la plus puissante armée que le monde ait jamais connue », cette ambition reste largement symbolique, car les guerres d’agression menées par les États-Unis ont rarement apporté des résultats concrets ou durables (Afghanistan, Irak, Congo).
Le masque des véritables intentions mondiales de l’Amérique
« Notre réussite ne se mesurera pas uniquement en fonction des batailles remportées, mais également des conflits que nous parvenons à conclure. » Cependant, derrière ces belles paroles se cache une réalité plus dure. Trump choisit d’« élargir l’empire global de l’Amérique », annonçant un nouvel « âge d’or » de la domination américaine. Mais pour qui cet âge d’or ? Qui a lu Bernard Débré (1998) dans Le Retour de Mwami, la véritable histoire des génocides rwandais ? Détrompez-vous. Les propos de Donald Trump signifient que la guerre au Kivu, au Congo, se poursuivra, alimentée par les intérêts narcissiques des puissances.
La quête de puissance et de domination a un coût humain et moral. Tant que les empires ne changeront pas de nature, les conflits comme celui du Kivu persisteront.
Ainsi, le masque des véritables intentions mondiales de l’Amérique tombe pour ceux qui osent regarder en face les réalités de l’impérialisme. Les États-Unis sont et resteront un empire, une nation qui, depuis des siècles, impose sa volonté et ses intérêts au reste du monde.
« L’Amérique retrouvera la place qui lui revient comme nation la plus grande, la plus puissante et la plus respectée de la planète, inspirant la crainte et l’admiration du monde entier. » Mais cette quête de puissance et de domination a un coût humain et moral. Tant que les empires ne changeront pas de nature, les conflits comme celui du Kivu persisteront. L’exceptionnalisme américain n’est pas une bénédiction pour le monde, mais souvent un fardeau.
Mufoncol Tshiyoyo, M.T.,
Janvier 2025.