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Le monde multipolaire et la dystopie kongolaise

Le monde multipolaire et la dystopie kongolaise

Le monde multipolaire et la dystopie kongolaise 800 484 Ingeta

Par Jean-Pierre Mbelu

« La transformation, inédite depuis un siècle, se manifeste à un rythme plus rapide. (…) Face aux défis réels posés par les forces extérieures qui s’ingèrent dans les affaires internes et créent des divisions, l’unité doit être consolidée »
-Xi Jinping

Un autre monde est en train de naître. Ses artisans et ses partisans le recentrent sur les principes de l’unité-réconciliation, de l’équité, de la justice et de la paix entre les peuples. Ces principes font partie de sa matrice organisationnelle. Il crée des organisations au sein desquelles plusieurs pays du Sud Global se rencontrent, échangent, discutent afin de participer activement à l’avènement d’un marché gagnant-gagnant et d’un monde polycentré et/ou multipolaire.

La majorité du Sud Global

Ces pays du Sud Global sont en train de devenir une masse critique dans la balance des rapports de force avec l’Occident collectif. Ils soutiennent leurs services publics. Ils créent leurs propres banques (et leurs fonds souverains). Ils créent leurs propres monnaies et font leurs échangent commerciaux dans leurs monnaies locales tout en s’approvisionnant en or. Ils planifient et financent leurs investissements. Ils soutiennent leurs investisseurs et guident leurs choix. Ils produisent ce qu’ils mangent et mangent ce qu’ils produisent. Ils ont opté pour la création des espaces de sécurité partagés et communs. Ils promeuvent des valeurs traditionnelles humanistes et humanisantes. Ils s’exercent à la maîtrise des Nouvelles Technologies de l’Information et de la Communication. Ils sont disposés à élever des murailles numériques pour préserver leurs populations de la corruption des médiamensonges.

Quelques pays africains tels que le Mali, le Burkina Faso et le Niger s’inscrivent dans cette dynamique de l’unification de leurs pays afin de résister au terrorisme et aux menaces extérieures pesant sur eux. Leur intégration régionale et panafricaine redessine la carte de l’Afrique longtemps après Berlin et émancipe leurs peuples des forces hostiles qui refusent de baisser les bras et restent disposées à poursuivre leur guerre néocoloniale.

Ces pays sont en train de devenir une majorité mondiale souverainiste suffisamment respectueuse des principes de la charte de l’ONU que sont l’égalité souveraine, la réciprocité, la non-ingérence dans les affaires intérieures d’un Etat tiers et le droit des peuples à leur autodétermination.

Leurs efforts pour consolider leur unité s’accompagnent de ceux pour participer à la réconciliation des ennemis d’hier en vue d’un monde plus sûr. L’Iran tend la main à l’Arabie Saoudite. L’Inde côtoie le Pakistan à l’Organisation de la Coopération du Shanghai (Xi Jinping insiste sur «l’unité contre l’ingérence» dans les affaires internes des États de l’OCS – Réseau International (reseauinternational.net) )

Quelques pays africains tels que le Mali, le Burkina Faso et le Niger s’inscrivent dans cette dynamique de l’unification de leurs pays afin de résister au terrorisme et aux menaces extérieures pesant sur eux. (Lire Alliance des États du Sahel : le premier sommet des chefs d’État annoncé pour ce 6 juillet – Réseau International (reseauinternational.net) )

Leur intégration régionale et panafricaine redessine la carte de l’Afrique longtemps après Berlin et émancipe leurs peuples des forces hostiles qui refusent de baisser les bras et restent disposées à poursuivre leur guerre néocoloniale. Ayant dégagé les armées (néo)coloniales de leurs territoires, ils essaient, tant bien que mal, de tirer des leçons politiques, économiques, spirituelles et culturelles de leur expérience historique et travaillent lucidement et durement à la reprise consciente de leur initiative historique.

Le Kongo-Kinshasa et ses élites

Pendant ce temps, dans les Grands Lacs Africains, la guerre faite par procuration contre le Kongo-Kinshasa et contre le panafricanisme se perpétue. Les gouvernants kongolais, à quelques exceptions près, donnent l’impression de ne pas s’intéresser aux changements tectoniques que le monde est en train de connaître à partir du Sud Global. Ils nient le réel mondial. Ils entretiennent la dystopie. Une certaine lecture géopolitique, géoéconomique et géostratégique du pays de Lumumba comme l’un des lieux de l’intensification de la guerre par morceaux entre les grandes puissances embue la vue de plusieurs élites kongolaise. Elles refusent de s’émanciper des éléments de langage hérités du passé (néo)colonial et veulent être des victimes consentantes et/ou inconscientes de l’ordre du monde fondé sur les règles édictées par l’Occident collectif.

Dans les Grands Lacs Africains, la guerre faite par procuration contre le Kongo-Kinshasa et contre le panafricanisme se perpétue. Les gouvernants kongolais, à quelques exceptions près, donnent l’impression de ne pas s’intéresser aux changements tectoniques que le monde est en train de connaître à partir du Sud Global. Ils nient le réel mondial.

Refusant de lire les principes maintes fois affirmés par les pays artisans et partisans du monde polycentré et/ou multipolaire, ces élites ne cessent de répéter ce mantra : « Entre les Etats, il n’y a pas d’amitié. Il n’ y a que des intérêts. » La répétition de ce mantra finit par les forcer à croire que le Kongo-Kinshasa qui n’a pas une usine d’armement et qui peine à avoir un budget pouvant à la fois supporter le poids de la guerre et le panier de la ménagère finira, seul, par emporter la guerre raciste de prédation et de basse intensité visant son implosion et sa balkanisation. Ces élites refusent  »la désoccidentoxycation ». (Pourtant, elle est en marche. Lire Sommet de l’OCS à Astana : le monde se désoccidentalise plus que jamais – Réseau International (reseauinternational.net) ) Et certaines de « celles aux affaires » sont encore liées par la dette aux institutions des pays ayant orchestré cette guerre par procuration. Elles se félicitent d’enfermer le pays dans ce cercle vicieux de la mort. Ce faisant, elles participent de la production du Kongo-Kinshasa comme un  »Etat-raté-manqué ».

Dieu merci ! La trêve imposée au Rwanda et au Kongo par les Etats-Unis, du 05 au 15 juillet, pour « des raisons humanitaires », a davantage fait tomber les écailles des yeux des Kongolais(es). Contrairement au discours dit « responsable » de certaines « élites aux affaires », les Kongolais(es) ont majoritairement réussi à identifier les véritables commanditaires de cette guerre et leurs supplétifs.

Ils (elles) en connaissent davantage les enjeux géopolitiques et géostratégiques. Il ne leur reste plus qu’à se constituer en une bonne masse critique.

Une masse critique kongolaise

Une masse critique n’est pas simplement un ensemble important de citoyens et de citoyennes capables des remises en question de ce qui se passe dans leur pays. Non. Il y a plus. C’est un nombre important issu d’un peuple éveillé et éclairé, épris de patriotisme et de souverainisme, se donnant les moyens matériels, spirituels, culturels, politiques et économiques de sa lutte émancipatrice.

Cette masse mobilise les compétences, les idées, les techniques et les technologies et créent des lieux interconnectés de la production de l’intelligence collective. Elle travaille sur le court, moyen et long terme. Sa composition est diverse et diversifiée. Elle fait la part belle aux intelligences organiques, aux jeunes, aux femmes et aux véritables gardiens des terres ancestrales. Elle se fixe des moments d’évaluation de sa marche en calculant les risques qu’elle prend et en restant ouverte à la coopération conflictuelle non meurtrière. Elle lutte contre le culte de la personnalité et promeut un leadership d’équipe tout en restant lucide face à l’imprévisible, à l’impensable et à l’inconnu. Elle identifie ses amis et ses ennemis. Elle reste à la fois attentive au dialogue et aux rapports antagonistiques à transmuter en violence symbolique.

 

Babanya Kabudi
Génération Lumumba 1961

INGETA.

REINVENTONS

LE CONGO

Informer. Inspirer. Impacter.

Notre travail consiste à :
Développer un laboratoire d’idées sur le passé, présent et futur du Congo-Kinshasa.

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