Jean-Pierre Mbelu, analyste politique congolais, décrypte le dernier sommet des Nations-Unies, soutient que la guerre de basse intensité menée contre la RD Congo est une guerre des anglo-saxons et explique pourquoi nous devons penser autrement pour mettre notre pays debout.
Sur le sommet des Nations-Unies
Vous ne pouvez pas appeler, comme acteurs pouvant y apporter des solutions, les personnes impliquées jusqu’à la moelle épinière dans la guerre au Congo. L’ONU fait partie du problème.
Sur la « diplomatie » du gouvernement de Kinshasa
Le gouvernement de Kinshasa ne peut pas plaider la cause du Congo parce que ce qui arrive au Congo aujourd’hui participe du projet auquel ces putschistes ont adhéré depuis très longtemps.
Sur l’attitude de Kagamé au sommet de l’ONU
Paul Kagamé sait ce qu’il fait. En tant que paralytique, il s’amuse parce qu’il jouit des appuis sérieux auprès de ses chefs qu’il est allé voir aux USA, ceux qui ont débuté cette guerre au Congo. D’ailleurs avant d’aller à l’assemblée générale de l’ONU, il a passé au moins une semaine aux USA. N’oubliez pas qu’il a été formé par les Américains. N’oubliez pas qu’il est un grand ami de Bill Clinton. N’oubliez pas que la guerre dans les Grands Lacs, est une guerre de basse intensité, orchestrée par l’élite anglo-saxonne.
Sur le discours de Joseph Kabila
Ce monsieur joue très bien son rôle. Ce qu’il a dit à la tribune de l’ONU n’est pas très différent de ce qu’avait déclaré Paul Kagamé, il y a quelques temps. la ministre rwandaise des affaires étrangères a également tenu les mêmes propos. Ce monsieur est en train de nous dire: » je joue mon rôle, c’est à vous congolais qu’il appartient de pouvoir dénicher le rôle que je joue jusqu’au jour où vous pourrez me mettre hors d’état d’agir ». Mais tant que nous ne comprendrons pas cela, nous allons crier et aboyer, et comme il l’a souvent dit : le chien aboie, la caravane passe.
Sur l’agresseur de la RDC
L’agresseur n’est pas le Rwanda. On met le Rwanda sur le devant de la scène. Le Rwanda participe de la guerre de basse intensité qui est mené contre notre pays mais le Rwanda est instrumentalisé comme l’Ouganda est instrumentalisé, comme le Burundi, comme certaines élites compradore. La guerre de basse intensité contre notre pays est une guerre des anglo-saxons… Où est-ce que le Rwanda trouve les armes? Où est-ce que le Rwanda trouve l’argent pour mener une guerre de cette envergure depuis les années 90?
Les Forces Obscures ne sont pas que le Rwanda. Les forces obscures sont aussi les firmes multinationales qui approvisionnent les armes pour pouvoir entretenir la guerre de prédation.
Sur nos analyses de la guerre d’agression en RDC
Nous devons améliorer nos analyses. Nous n’allons pas au fond des choses. Nous nous limitons au paralytique (Paul Kagamé), nous nous limitons aux instruments qui sont utilisés (Kabila, Ouganda, Rwanda, Burundi, etc) et nous oublions les acteurs pléniers de cette guerre d’agression . Quand nous crions, en parlant du Rwanda, nous pensons avancer dans nos analyses. Or aujourd’hui, nous avons des documents qui attestent que cette guerre est une guerre des anglo-saxons. Nous citons facilement le Rwanda… Pourquoi avons-nous peur de citer l’élite anglo-saxonne?
Sur la mobilisation des masses populaires
Kabila jouera son rôle de cheval de troie du Rwanda au Congo jusqu’au jour où nos masses populaires mobilisées comme un seul homme diront : il y en a marre! Tant que les mouvements sociaux congolais ne se seront pas mis debout. Tant que nos masses populaires n’auront pas compris qu’il n’y aura pas de demiurge, que ce sont nos masses qui sont des demiurges devant être capables de se prendre en charge elles-mêmes, Kabila peut même vieillir comme président.
Sur le Rwanda
Le Rwanda ne vaut rien sans le grand soutien de l’élite anglo-saxonne. Tant que l’élite anglo-saxonne soutiendra le Rwanda et organisera le démantèlement du Congo pour en faire un Etat raté à la solde des multinationales occidentales, les civils congolais continueront à payer le grand prix.
Sur le sommet de la francophonie et la question du pouvoir
Le sommet de la francophonie pose la question du « pouvoir ». Qui donne le pouvoir? Ce n’est pas l’occident qui donne le pouvoir. Ce sont les masses populaires qui donnent le pouvoir. C’est parce qu’elles ne sont pas encore très conscientes de leur force et de leur pouvoir qu’elles n’en sont pas encore arrivés là.
Sur la question du pouvoir et de l’imaginaire
Le sommet de la francophonie pose la question du « pouvoir ». Qui donne le pouvoir? Ce n’est pas l’occident qui donne le pouvoir. Ce sont les masses populaires qui donnent le pouvoir. C’est parce qu’elles ne sont pas encore très conscientes de leur force et de leur pouvoir qu’elles n’en sont pas encore arrivés là. L’occident impose son calendrier parce que les africains s’agenouillent et acceptent.. C’est la le problème. Nous devons guérir notre imaginaire. Alors, l’homme congolais avec son imaginaire guéri prendra des risques. Et alors son pays lui appartiendra. Nous devons penser autrement pour mettre notre pays debout.