Par Jean-Pierre Mbelu
Les Kongolais(es) célèbrent la mémoire du génocide dont ils sont victimes depuis plus ou moins trois décennies. Cette vidéo (DIRECT HOMMAGE AUX VICTIMES DE LA GUERRE EN RDC DU VENDREDI 02 AOUT 2024 – YouTube ) porte des témoignages poignants. La question « Tosali nini ? » revient en permanence dans la bouche des témoins vivants. Ils la posent aux vivants et à Dieu. « Tosali nini ? »
Les victimes innocentes n’ont rien fait
Quelques membres du gouvernement se sont rendus à Kisangani pour célébrer la mémoire du génocide kongolais. Un moment dur à supporter. Nos frères et soeurs reviennent sur cette question : «Tosalaki nini ? Qu’avons-nous fait ?» Oui. Des vies brisées. Des vies anéanties. Des vies réduites à rien. Oui, le Rwanda et l’Ouganda sont venus s’affronter sur notre territoire et ont génocidé nos frères et soeurs. Les témoignages des survivants sont insoutenables. La cruauté des agresseurs , des violeurs et tueurs est indescriptible. Leur inhumanité est sans nom.
Ecouter les témoignages des victimes rappellent aux amnésiques d’entre nous que le Kongo-Kinshasa est dans la ligne de mire de ceux et celles qui travaillent au quotidien à la disparition de la gâchette de l’Afrique. C’est-à-dire à la mort de l’Afrique.
« Tosalaki nini ? » est une question qui habite l’histoire des humains. Les victimes innocentes de la barbarie humaine se la posent à tous les âges. Le temps qui passe porte le risque d’éviter que cette question soit au coeur des peuples meurtris et génocidés par la barbarie humaine.
« Tosalaki nini ? » Souvent, les victimes innocentes de la barbarie humaine n’ont rien fait. Elles sont les victimes du cynisme, de l’ignorance des masses fanatisées, de l’égoïsme, de la cupidité, de la convoitise et de la mégalomanie des idolâtres de l’argent soucieux de devenir des « dieux ».
Ces mégalomanes veulent imposer leur hégémonie aux autres peuples et à leurs gouvernants vassalisés.. A tout prix. Leur individualisme exacerbé n’a d’autre horizon que leur nombril.
Dans ce contexte, le fait que les Kongolais(es) aient réussi à lutter de toutes leurs forces pour que le génocide kongolais ait ses lieux de mémoire est un engagement d’une grande responsabilité citoyenne à perpétuer. Depuis 2023, écouter les témoignages des victimes rappellent aux amnésiques d’entre nous que le Kongo-Kinshasa est dans la ligne de mire de ceux et celles qui travaillent au quotidien à la disparition de la gâchette de l’Afrique. C’est-à-dire à la mort de l’Afrique.
La part des oligarques ploutocrates
Il est heureux d’apprendre, à travers les discours tenus à Kisangani, qu’il y a une initiative visant à inscrire le génocide kongolais au programme scolaire de nos enfants. Cela est une façon d’impliquer l’école dans la perpétuation de la mémoire du génocide kongolais. C’est une façon d’armer nos enfants de la connaissance de leur histoire afin qu’ils soient attentifs au danger qui guette en permanence leur pays : sa disparition.
La guerre n’est pas qu’économique. Elle est à la fois économique, raciale et hégémonique. Le militarisme, le racisme et le mercantilisme sont au coeur de cette guerre. Y mettre fin nous impose un pacte autour d’un « nous » national et des alliances avec des Etats-civilisations respectueux de la dignité humaine et de la charte de l’ONU.
Il est bon que l’un des témoins, venant du Kongo Central et ayant pris la parole à Kisangani ait témoigné de ce qu’il lui ait arrivé en 2007. Il a prouvé que le ver est dans le fruit.
Attention ! Passer du Genocost au génocide kongolais tout simplement est important. Le Kongo-Kinshasa ne souffre pas tout simplement parce qu’il est riche en matière premières. Non. Il est riche anthropologiquement. Le génocide s’en prend à cette richesse anthropologique.
« Tosali nini ? » En principe « eloko te ». Néanmoins, la cupidité et la convoitise des ennemis intérieurs du pays ont permis que nous puissions embrasser les génocidaires et nous livrer à leur culte. En 2007, ils ont tué de l’intérieur du pays. Les Kamwina Nsapo ? Les fosses communes de Maluku ? Floribert Chebeya et Fidèle Bazana, Rossy Mukendi et Thérèse Kapangala, qu’est-ce que cela nous rappelle ? Que les infiltrés travaillant dans les institutions kongolaises poursuivent le génocide kongolais avec la complicité de plusieurs compatriotes dont quelques oligarques ploutocrates.
La guerre n’est pas qu’économique. Elle est à la fois économique, raciale et hégémonique. Le militarisme, le racisme et le mercantilisme sont au coeur de cette guerre.
Y mettre fin nous impose un pacte autour d’un « nous » national et des alliances avec des Etats-civilisations respectueux de la dignité humaine et de la charte de l’ONU.
Babanya Kabudi
Génération Lumumba 1961