Par Lusamba wa Mputu
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L’imminence des échéances électorales prévues pour 2016 apporte avec elle un foisonnement de mouvements, regroupements et autres associations politiques qui font leur sortie tambours battants, au sein de la diaspora. Comme 2016 c’est demain dans l’histoire de notre jeune démocratie, pour ne pas être en reste, de nombreux leaders politiques se précipitent à franchir le rubicon et ainsi, faire valoir leur candidature à la magistrature suprême.
La modification des règles régissant le déroulement des élections à la dernière heure lors de l’élection présidentielle de 2011 – pour éliminer le second tour – a eu comme impact de forcer les candidats de l’opposition à se concerter, même s’ils ne sont pas arrivés à faire converger leurs visions et leurs ambitions personnelles afin d’assurer une alternative au pouvoir en place. Rien n’indique que l’exercice sera moins affligeant et moins divisif en 2016, ce qui risque d’alliéner encore plus l’électorat.
Nombreux parmi ces aspirants au pouvoir ont un parcours qui justifie leurs ambitions, alors que d’autres semblent engagés dans une campagne d’autopromotion qui se limite à se faire connaître. Dans un monde idéal, de tous ces candidats, celui qui gagnera la confiance et, ultimement, la faveur populaire, sera notamment jugé sur son leadership, sur sa capacité de mobiliser les masses au tour d’un projet de société répondant aux aspirations profondes de l’ensemble de la population.
Ce terme, leadership, est certes galvaudé, mais l’Histoire nous apprend que des leaders se sont soit révélés une fois qu’ils ont eu à mettre leur leadership à l’épreuve, alors que ceux qui ont le plus marqué leur époque semblaient avoir une aura, une particularité qui faisait en sorte qu’ils exerçaient une influence auprès de leur entourage sans trop d’efforts. En effet, même si la définition du leadership ne semble pas faire l’uninamité, il est généralement appréhendé comme la capacité qu’a un individu d’influencer le comportement de ses semblables et les motiver à l’atteinte d’objectifs communs.
On peut ainsi observer chez les leaders (innés ou «révélés») un sens profond de la mission à atteindre, de la vision à réaliser, qui leur permet de faire face aux intempéries et à l’adversité, tout en restant ouverts et flexibles devant les opportunités. Ils ont la capacité de garder le cap sur leurs buts et aspirations, car ayant comme appui un projet mobilisateur et des valeurs claires, même si leur vision se doit d’être dynamique et évoluer au gré du temps et des circonstances.
Il y a donc lieu pour les citoyens, d’analyser et de juger la multitude d’aspirants-présidents sur base de leurs capacités à canaliser et à mobiliser les forces vives du pays au tour d’un idéal commun. Il ne suffit pas d’avoir un projet de société, ni de se déclarer leader en créant un obscur parti politique et en multipliant les sorties médiatiques pour être considéré comme tel. Les candidats peuvent être convaincus d’avoir les atouts nécessaires pour occuper les plus hautes fonctions de l’État, alors qu’ils ne sont motivés que par leurs ambitions personnelles, leur vision se limitant à l’exercice du pouvoir. Ont-ils réellement les capacités et la volonté nécessaires pour relever les nombreux défis auxquels fait face la République démocratique du Congo? Au terme d’une guerre sanglante qui a immobilisé le pays et contribué à sa régression sur tous les plans, en plus d’avoir ponctué le parcours politique d’une grande majorité d’acteurs politiques actuellement au pouvoir ainsi que ceux qui aspirent à les remplacer, il est primordial de s’en tenir à l’essentiel. L’idéal que nous souhaitons atteindre et le leadership dont nous avons besoin pour aller à la rencontre de notre destin commun.
Il est temps pour les Congolais de prendre leurs responsabilités et de se choisir des dirigeants qui ont une vision qui transcende les promesses électoralistes qui titillent les plus bas instincts des électeurs en les opposants les uns aux autres. La priorité des priorités est la restauration de notre dignité collective et la mobilisation de nos forces vives à l’égard de cette société idéale que nous souhaitons, sous l’impulsion de leaders éclairés et visionnaires qui en seraient les catalyseurs.
Lusamba wa Mputu