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Quatre thèmes rassembleurs pour des mobilisations populaires congolaises et africaines

Quatre thèmes rassembleurs pour des mobilisations populaires congolaises et africaines

Quatre thèmes rassembleurs pour des mobilisations populaires congolaises et africaines 1024 576 Ingeta

Par Jean-Pierre Mbelu

« Mwena buebe wa buamba bikole, nanku bena panshi bakuambilabu » (Si toi la personne concernée tu plaides avec acharnement ta cause, les autres pourront s’y impliquer)

De plus en plus, des compatriotes, sans se leurrer, se mobilisent autour de certains thèmes par-delà l’esprit partisan. Cela pourrait être, à la longue, une bonne nouvelle. Surtout si cette mobilisation s’accompagne des débats réguliers et de l’enseignement pour les plus jeunes, les sous-informés, les mal informés, les moins instruits et les non instruits. Le thème de la Justice Internationale mobilise de plus en plus. Des dignes filles et fils du pays se mettent debout comme un seul homme. Ils sont convaincus que « sans justice, il n’y a pas de liberté ». Ils savent davantage que « sans dignité il n’y a pas de liberté, sans justice il n’y a pas de dignité et que sans indépendance il n’ y a pas d’hommes libres », comme le disait si bien Patrice Lumumba.

En effet, la guerre de trente (30) ans menée par une partie de l’armée ougandaise (l’APR/FPR) et ses alliés à l’encontre de tous les principes du droit international a participé de la recolonisation (et/ou de la néocolonisation) des Grands Lacs Africains au profit des forces dominantes (anglo-saxonnes) du marché. Un début de Justice Internationale pourrait constituer un pas important dans la reconquête de la véritable indépendance et de la liberté réelle dans cet espace africain.

Réussir une bonne mobilisation populaire est un défi à relever

A ce point nommé, se mentir à soi-même consisterait à croire que c’est en faisant toujours la même chose et encore la même chose avec les mêmes que la justice adviendra au cœur de l’Afrique. A mon humble avis, réussir une bonne mobilisation populaire est un défi à relever. Et la première responsabilité du point de cette mobilisation populaire est congolaise et africaine. Il appartient aux Congolais(es) de se mobiliser comme un seul homme et de mener un lobbying efficace afin que leur lutte pour une justice internationale et/ou transitionnelle ne soit pas un feu de paille.

Se mentir à soi-même consisterait à croire que c’est en faisant toujours la même chose et encore la même chose avec les mêmes que la justice adviendra au cœur de l’Afrique.

Ils (elles) peuvent ensuite compter sur les hommes et les femmes de bonne volonté engagés à leurs côtés dans cette lutte bien avant la publication du Rapport Mapping et même après. Ces hommes et ces femmes existent. Sur tous les continents. Les autres, il faudrait les prendre à leurs propres mots et à leurs propres promesses. (Cela même si les promesses n’engagent que ceux qui y croient!) Identifier les individus et les institutions pouvant être, tant soit peu à l’écoute, serait important.

Il serait fou se leurrer en oubliant ceci : l’APR/FPR est la face visible, très visible, de grandes puissances menant des guerres secrètes de prédation en Afrique. Et que ces guerres secrètes sont aussi celles de la politique et de la justice internationale ayant sérieusement perdu de leur crédibilité. (Quatre livres peuvent être une très bonne référence au sujet de ce leurre : F. HARTMANN, Paix et châtiment. Les guerres secrètes de la politique et de la justice internationales (2007) ; P. PEAN, Les guerres secrètes des grandes puissances en Afrique (2010) J.P. Mbelu, Demain, après Kabila (2018) et J. REVER, Rwanda. L’éloge du sang (2020).)

Croire que ces grandes puissances, sans de grandes et bonnes mobilisations populaires sur le court, moyen et long terme, vont accepter, de gaieté de cœur d’être traduites en justice (par leurs sous-fifres interposés) afin qu’elles cessent d’exploiter les Grands Lacs Africains en se servant des proxies pour commettre des crimes de guerre, de crimes contre l’humanité et des crimes de « génocide » est une bêtise. Il serait aussi fou de penser que les valets africains et congolais du « nouveau désordre mondial » vont renoncer à leur servilité et à leur participation à « la politique du diviser pour régner » pour les beaux yeux de leurs compatriotes. Leur servilité est une drogue. Elle a créé chez eux une addiction. Ils ne peuvent rompre avec elle que forcés par les luttes collectives mettant à nu à la fois cette servilité et les bas intérêts qu’ils servent.

Il n’ y a que des luttes collectives persévérantes qui peuvent permettre une lueur d’espoir

Il n’ y a que des luttes collectives persévérantes qui peuvent permettre une lueur d’espoir. Et il serait prudent et sage de les mener en diversifiant « les partenaires stratégiques ». Un exemple. Obtenir la création d’un Tribunal Spécial pour le Congo et/ou des Tribunaux mixtes au Congo en y invitant des avocats américains, européens, russes, chinois, africains, congolais, etc. Les pays ayant compris cela ont résisté à leur disparition comme Etats souverains. Le Venezuela, l’Iran, la Syrie et plusieurs pays de l’Eurasie ont compris cela. Ils gagnent de plus en plus en liberté et en indépendance.

Il n’ y a que des luttes collectives persévérantes qui peuvent permettre une lueur d’espoir. Et il serait prudent et sage de les mener en diversifiant « les partenaires stratégiques ».

Prenant Emmanuel Macron à ses propres mots et à ses propres engagements, un compatriote (Mwazulu Diyabanza) et cinq (5) de ses camarades (de Unité Dignité Courage) mènent une lutte pour la récupération des œuvres artistiques et culturelles de l’Afrique. Le 30 septembre 2020, ils ont, dignement, comparu au Tribunal de Paris et suscité la question d’un « éventuel procès » sur la traite négrière et sur la colonisation. Ils ont effectué, sur fond des principes éthiques et moraux, des pas de géant. Sûrs qu’ils ne pourront pas subir le même sort que certains de leurs aïeux ayant versé leur sang pour une Afrique libre et indépendante.

Il y a là un deuxième thème rassembleur : la restitution des œuvres artistiques et culturelles « volées » à l’Afrique et au Congo-Kinshasa et la réparation des torts et des dommages causés aux Congolais et aux Africains au cours de cette période dominée par les paradigmes de l’indignité et de la néantisation. Et voilà, quelques œuvres vont être restituées à l’Afrique ! Ce geste pourrait booster Mwazulu Diyabanza et ses camarades dans la poursuite de leur lutte dont la dimension collective n’est pas à démontrer.

Un troisième thème est proche du premier et annonce un quatrième. Il s’agit du non à dire au complot de l’implosion et de la balkanisation du Congo-Kinshasa. Au cours de l’histoire, les grandes puissances qui ont orchestré la guerre de basse intensité et de prédation contre le Congo-Kinshasa ont détruit et démembré les pays auxquels elles se sont attaqué ou en les ont tout simplement transformé en de petits « Etats ratés ». La guerre de trente ans (30) conduite dans les Grands Lacs Africains a aussi cela comme objectif.

Travailler sur des thèmes rassembleurs

Dire non à cette guerre, exiger un Tribunal International pour le Congo, c’est aussi dire non à son implosion et à sa balkanisation.

L’Eglise du Christ au Congo (ECC) a, dernièrement, organisé une conférence sur le Rapport Mapping dans le cadre de l’appel à l’institution d’un Tribunal et promis que ce rapport aller être traduit en langues vernaculaires et être enseigné à l’école primaire, à l’école secondaire et à l’université.

Travailler sur ces thèmes rassembleurs (et sur d’autres) à court, moyen et long terme pourrait redonner et aiguiser à la fois le goût la dignité, la liberté, la justice et l’indépendance au pays de Lumumba.

L’ECC veut faire d’une pierre plusieurs coups. Elle veut s’engager dans la lutte pour le Tribunal mais aussi dans celle de « la connaissance en conscience » de ce qu’il y a comme histoire des crimes au pays de 1993 à 2003 en pensant aux lieux où les générations actuelles et futures seront éduquées et formées. Elle semble avoir profondément compris que « les guerres secrètes des grandes puissances en Afrique » sont surtout des guerres menées contre « les instruits ». Elles participent de la déstructuration des cultures africaines en vue d’imposer « la pensée unique », l’hégémonie culturelle anglo-saxonne. L’ECC annonce un quatrième thème : la refondation de l’école et de l’université au cœur de l’Afrique pour une émancipation congolaise de la culture néocoloniale dominante.

Travailler sur ces thèmes rassembleurs (et sur d’autres) à court, moyen et long terme pourrait redonner et aiguiser à la fois le goût de la dignité, de la liberté, de la justice et de l’indépendance au pays de Lumumba. Y travailler et ne pas perdre de vue l’avènement d’une armée patriote, républicaine, forte et efficace ainsi que des services de sécurité professionnels.

Même si les grands changements sont moléculaires, imperceptibles, il y a lieu d’avouer que plusieurs filles et fils du Congo-Kinshasa seraient sur la bonne voie. Il me semble…

 

Babanya Kabudi
Génération Lumumba 1961

INGETA.

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