L’analyste politique Jean-Pierre Mbelu analyse le non-sens de ce «nouveau gouvernement » dit de cohésion nationale, rappelle que nous avons affaire à des mercenaires au service du capital et non à des politiques, et explique pourquoi nous devons refonder et rebatir non seulement les cœurs et les esprits des congolais mais aussi un Etat de droit responsable et planificateur.
Sur la nomination du gouvernement de cohésion nationale
Si cette nomination a traîné pendant plus d’une année, c’est parce que celui qui l’avait promise a un mépris terrible pour les congolais, qu’il ne prend pas au sérieux. Et puis la sortie de cette « histoire » n’était directement liée au discours de Kabila. Il n’y a absolument rien à attendre de ces messieurs là et de leur théâtre.
Parler de ces gens en terme de gouvernement est un abus de langage. Nous devons nous habituer à déconstruire le langage et le discours que les maîtres du monde et de ces gens là voudraient nous imposer.
Ils parlent de gouvernement là où on a comme le disait Laurent-Désiré Kabila, un conglomérat d’aventuriers. Le pays va aller de mal en pis parce que nous avons là une équipe de nouveaux prédateurs, un conglomérat de mercenaires qui va continuer le sale boulot.
On parle de gouvernement quand on est d’abord dans un Etat. Or, le Congo-Kinshasa est un Etat raté. Un gouvernement donne des orientations politiques, économiques, sociales, spirituelles, environnementales, et fixe le cap. Or, là nous avons affaire à un assemblage de brics et de brocs…
Sur la cohésion nationale
On parle de gouvernement de cohésion nationale. Peut-on parler de cohésion nationale dans un pays où la justice sociale est inexistante ? Peut-on parler de cohésion nationale où le petit nombre d’élites compradores rafle tous les moyens de subsistance de vie et de survie du pays en laissant la grande masse des populations dans la misère ?
Nous avons affaire à un groupe de mercenaires au service du capital. Et ce groupe fonctionne par débauchage. Parce qu’il est englué dans le mensonge. Au fur et à mesure que le temps passe, nous avons tendance à oublier notre histoire et à prendre ce conglomérat d’aventuriers comme étant des politiques dignes de ce nom. Il y a ni gouvernement ni cohésion nationale. Il y a juste un groupe de mercenaires qui va, pendant autant de temps qu’il pourra avoir, poursuivre le pillage du pays, l’extermination des congolais et peut-être achever la balkanisation du Congo.
Sur la question de l’enseignement et la jeunesse
Supposons que notre jeunesse ait été corrompue moralement à l’école et à l’université pendant deux décennies. A quelle société allons-nous nous attendre demain ?
La mort que ces gens propagent dans notre pays n’est pas seulement celle qu’ils donnent en recourant aux armes. Ces mercenaires tuent aussi le Congo spirituellement, moralement et intellectuellement. Demain, nous aurons une élite de pacotille.
Sans une révolution culturelle bien faite, le Congo va cesser d’exister.
Sur la corruption des élites congolaises
Ce qu’il faut, c’est pouvoir créer un imaginaire alternatif. Il faut rebâtir et refonder les cœurs et les têtes sur les valeurs sociales, de fraternité et de coopération, mais aussi de justice redistributive. Nous devons mettre en place de nouveaux lieux de recréation de l’homme congolais et de la femme congolaise.
Il faut recréer l’école, il faut donner une autre orientation aux églises, il faut recréer la famille. Et cela passe par la refondation de l’Etat. Vous ne pouvez pas aller de l’avant sans un Etat responsable et planificateur. Tout est lié à la remise sur pied d’un Etat de droit, responsable.
Sur les nouveaux massacres à Beni
La réalité politique mondiale, c’est la quête de l’or, entre les 3 grandes puissances, la Chine, la Russie et les USA ainsi que leurs alliés. Tandis qu’au Congo, on discute de cohésion nationale et de démocratie.