L’analyste politique Jean-Pierre Mbelu décrypte le déroulement des concertations nationales, rappelle comment l’échec de ces concertations était prévisible, apporte un éclairage sur les criminels qui gouvernent le Congo et explique pourquoi nous devons nous attacher à (re)formater un nouveau type de congolais et de congolaises.
Sur la réalité des concertations nationales
Vous ne pouvez pas prétendre organiser des concertations nationales en les fondant sur du sable mouvant. On ne peut pas fonder une cohésion nationale sur un mensonge falsificateur de notre histoire.
Vous ne pouvez pas chercher à organiser des concertations nationales pour récréer la cohésion sociale sans un minimum de justice sociale.
Ces concertations nationales sont en train de se transformer en une coalition entre les forces négatives opérant à partir du Congo pour pouvoir poursuivre la mise de ce grand pays en coupe réglée.
Sur les enjeux des concertations nationales
Ces concertations ne visaient pas le partage du pouvoir. Ce qu’ils vont appeler «gouvernement d’union nationale » est une réorganisation de criminels, un conglomérat d’aventuriers et de mafieux, à partir du pays, qui va poursuivre le pillage du pays avec la complicité de forces extérieures comme le M23.
Il ne peut pas y avoir de consensus sur un projet mafieux et criminel. Il ne peut pas y avoir de consensus dans un pays dirigé par des gens qui ne jouissent d’aucune légitimité politique.
Sur les politiques qui ont quitté les concertations nationales
Ces messieurs ne sont pas naïfs, ils savent ce qu’ils font. Certains sont partis à ces concertations dans l’espoir d’empocher quelques milliers de dollars. Le per-diem étant réduit à 50 dollars, certains d’entre eux ont estimé que cela n’en valait plus la peine et sont partis. Puis, ils font du bruit pour donner l’impression qu’ils font de la politique. Pour une large partie, ils ne font pas de la politique. Il s’agit d’aventuriers et de criminels. Il faudrait à un moment demander des comptes à tous ces messieurs qui s’attachent à organiser la criminalité économique à partir de notre pays.
Sur les criminels qui gouvernent le Congo
Nous ne sommes pas dans un pays normal. Nous sommes dans un pays sous occupation et sous tutelle. Nous sommes un pays gouverné par une bonne partie de criminels de guerre et de criminels contre l’humanité. Ces criminels de temps en temps essaient de donner l’impression qu’ils prennent à cœur l’avancement du pays, qu’ils organisent des rencontres pour ce faire, mais ce n’est que de l’illusion.
Beaucoup de ceux qui font partie du gouvernement de Kinshasa font partie de ce que Colette Braeckmann appelle « les nouveaux prédateurs ». Et comment voulez-vous que les nouveaux prédateurs puissent scier la branche sur laquelle ils sont assis ?
Sur les conclusions des concertations nationales
Nous n’avons que faire des conclusions auxquelles ces concertations nationales vont aboutir. Nous pouvons, de temps à temps, nous intéresser à ce que fait ce groupe de mafieux mais nous devons surtout travailler à l’avènement d’un autre Congo. Nous avons une tâche urgente : Pouvoir reprogrammer et reformater un autre type d’hommes et de femmes pour notre pays. C’est un travail qui prendra du temps. Le temps qu’il faudra. Pour que, demain, notre pays reparte sur de nouvelles bases.
Sur l’échec prévisible des concertations nationales
L’échec s’inscrit dans la droite ligne du mensonge sur lequel notre histoire est bâtie depuis la guerre de l’AFDL. Du moment que nous n’arrivons pas à lire ou relire notre histoire, nous risquons de participer à sa falsification. Tous ces gens à Kinshasa, au pouvoir majoritairement, sont venus dans les mallettes de l’Ouganda et du Rwanda. Et nous faisons comme s’il n’y avait pas eu ce grand mensonge autour de l’invasion de notre pays. Il y a tant de rapports qui racontent notre histoire mais nous ne tenons pas compte par moment. Ainsi nous falsifions nous-mêmes notre histoire et nous serons étonnés quand demain les choses se retournent contre nous. Nous aimons la facilité et naviguons à vue.
Sur la situation des droits de l’homme et la justice au Congo
Les rapports sur les droits de l’homme au Congo s’enchaînent et disent la même chose. Pourquoi nous fions-nous à tous ces rapports ? Ils ont leur part de vérité mais n’oublions pas surtout que ce sont les mêmes qui nous font la guerre qui établissent ces rapports. Les pays qui ont compris cela ont chassé la plupart des ONG de leur territoire. Qui finance ces ONGs ? Ces ONGs travaillent avec quel argent ?
Le Congo a été classifié parmi les pays les plus corrompus du monde. Mais qui classifie qui ? C’est le système néolibéral qui monte ces ONG qui est corrompu.
Nous sommes dans un contexte où la souveraineté des peuples n’est pas respectée. Nous sommes dans un contexte où le droit humanitaire international n’est pas respecté. Nous pouvions croire en ces rapports là s’ils pouvaient déclencher une action au niveau des instances de justice internationale. Mais il n’y a rien. Ni de la part de ces instances, ni du gouvernement du Congo.
Il y a des peuples qui ont compris que pour leur souveraineté, ils peuvent consentir tous les sacrifices. Il y en a d’autres qui n’ont rien compris.
Qui dit justice di réparation. Mais chez nous, il y a des millions de morts, c’est l’un des pires holocaustes de l’histoire, le monde regarde comme s’il n’y avait rien eu et se contente de piller les matières premières stratégiques dont regorge le Congo.
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