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Massacres, extermination, génocide : Oui, les congolais sont tués parce qu’ils sont congolais

Massacres, extermination, génocide : Oui, les congolais sont tués parce qu’ils sont congolais

Massacres, extermination, génocide : Oui, les congolais sont tués parce qu’ils sont congolais 1520 855 Ingeta

L’analyste politique Jean-Pierre Mbelu revient sur les massacres récents dans l’Est du pays et le replace dans le cadre de la guerre perpétuelle menée contre les Congolais, décrypte le processus d’extermination des congolais et de balkanisation du Congo et explique pourquoi les Congolais doivent s’organiser de l’intérieur pour lutter contre son extermination collective.

Sur le génocide perpétuel

Nous sommes là face à une guerre perpétuelle et un génocide perpétuel des congolais, parce qu’ils sont congolais. Et cette guerre perpétuelle profite à ceux qui l’ont orchestré, à leurs alliés, à leurs proxys et à leurs collabos qui ont infiltré les institutions congolaises.
Il y a une similitude terrible entre le plan orchestré pendant la seconde guerre mondiale par Hitler et ce qui se passe aujourd’hui chez nous. On dirait qu’il y a une reconduction du plan OST d’Hitler au Congo. Les chasseurs de matières premières ont dû fouiller dans leurs archives pour confier ce plan à leurs proxys et à leurs collabos qui sont en train d’exterminer aujourd’hui les congolais systématiquement. Si nous ne nous mobilisons comme un seul homme, comme les russes dans les années 1940, si nous ne nous organisons pas de manière patriotique pour pouvoir résister à notre extermination collective, nous allons réellement disparaître comme peuple au cœur de l’Afrique.

Sur le processus d’extermination des congolais

Nous sommes dans une banalisation de la mort qui conduit au génocide congolais. Dans le livre de Robert Charvin, « faut-il détester la Russie ? », les congolais pourront trouver des similitudes troublantes avec la situation congolaise. Les russes avaient été abandonnés à leur triste sort. Les appels qu’ils avaient lancés à l’Ouest pour que l’Ouest puisse leur venir en aide n’ont pas trouvé de répondant. Au Congo, c’est la même chose. Les lieux où nos populations sont tués se situent à quelques kms de là ou se situent les soldats de l’ONU et les Militaires congolais. Et on laisse faire. C’est une extermination, un génocide bien orchestré.
Crier vers la communauté internationale, nous ne cessons de le faire. Ce qui nous importerait maintenant serait de penser à une bonne organisation de l’intérieur pour faire face. On pourrait parler de légitime défense, parce qu’il y va de l’extermination et du génocide d’un peuple parce qu’il est congolais. Parce que nous sommes jugés indignes d’être au cœur de l’Afrique, d’habiter les terres qui sont les notres. Ce qui complique la chose, c’est que l’information ne circule pas. Nos populations au pays n’arrivent pas à avoir accès à cette information qui indique qu’une partie d’entre nous est en train d’être décimée à l’Est du pays alors qu’à l’Ouest et ailleurs, cette extermination se poursuit aussi par la faim, l’appauvrissement et l’abrutissement.

Sur la mobilisation des congolais.

La réaction de certains de nos députés du Nord Kivu est trop tardive. L’institution à laquelle ils font partie a été créée de toute pièce pour couvrir la guerre perpétuelle et le génocide orchestré contre le Congo, pour donner à ce processus d’extermination des congolais un faux nom de processus démocratique.
Ces députés auraient pu comprendre que depuis 1996, nous sommes dans un processus de guerre perpétuelle et d’extermination des congolais et ne pas se risquer avec des collabos dans ces institutions qui participent de cette guerre perpétuelle. La réaction est tardive mais comme on dit, mieux vaut tard que jamais. Ils pourraient aller au delà du simple boycott. Ils pourraient travailler à la mobilisation de tous les congolais sur cette question. Je ne comprends pas que tout le Congo ait été mobilisé à l’intérieur et à l’extérieur pour le deuil de Papa Wemba et que nous ne puissions pas réussir une même mobilisation pour l’extermination de nos populations à l’Est du pays ? C’est que du point de vue organisationnel, nous sommes encore trop faibles. Il y a un problème fondamental. Celui de croire que les mercenaires qui font office de gouvernants vont écouter ce cri et vont y répondre. Croire qu’il y a un processus politique qui pourra conduire à mettre fin à cette extermination des congolais, c’est oublier que nous avons affaire à une colonisation et une occupation du Congo qui profitent aux collabos qui ont infiltré les institutions congolaises.

Sur la balkanisation

Cette guerre est aussi une guerre de Balkanisation du Congo. Tuer en permanence à l’Est et ne pas répercuter cela ailleurs dans le pays, c’est aussi une façon de pousser les compatriotes de l’Est, à se dire qu’ils n’ont rien à avoir avec les autres congolais, mieux vaut qu’on se soumette aux forces qui nous tuent et qui viennent des pays voisins comme ça nous serons bien détachés du reste du Congo, au lieu de compter sur Kinshasa qui est très éloigné. Cette guerre perpétuelle voudrait conduire à la balkanisation pure et simple du Congo. Il y a au Congo une impuissance entretenue. Par l’ONU disposée à casser toute forme de résistance du peuple congolais.

Sur la nécessité d’un grand mouvement

Nous inverserons la tendance quand la question de la direction pourra être résolu. Et quand nous aurons au Congo, des hommes et des femmes qui animent les masses populaires sur cette question du génocide et de l’occupation de nos terres. Il y a urgence que se lèvent des élites organiques et structurantes au Congo, pour constituer un grand mouvement qui conscientise, non pas sur des faux processus électoraux mais sur la question de la terre et du génocide congolais.

Sur le rôle de la répression au Congo.

Kabila est un mercenaire, une marionnette, ce n’est pas un dictateur. Un cheval de Troie exécute les ordres de ces maîtres. Si vous n’entretenez pas un régime répressif dans des pays comme le Congo là où les multinationales sont installées, les masses populaires risquent d’être éveillés à la question de l’inventaire et des redditions des comptes. Entretenir la répression permet aux multinationales de faire des profits mirobolants en ayant une main d’œuvre corvéable à merci et des masses appauvries et abruties incapables de devenir les actrices de leurs propres destinées. Kabila s’attache à réaliser cette répression non pas en tant que dictateur mais en tant que mercenaire.

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