Par Mufoncol Tshiyoyo
La question de la guerre chez Machiavel constitue un prisme incontournable pour comprendre sa pensée politique. Elle transcende le simple fait militaire pour devenir un enjeu fondamental de l’organisation et de la pérennité des États. Ceux qui, par faiblesse ou par corruption morale, vendent l’idée de paix à des populations dominées pourraient tirer une leçon précieuse de la vision « machiavélienne », où la guerre est non seulement une nécessité, mais encore un outil stratégique de souveraineté.
Poutine et l’élite russe ont bien internalisé la leçon. La Chine de Xi Jinping, les pays de l’AES (le Niger, le Mali et le Burkina Faso) s’élèvent au niveau de la réalité politique. Alors qu’au Congo, si on ne parle pas de Dieu, on justifie la faiblesse par la notion de paix, même lorsque l’adversité tue des Congolais.
La guerre : un horizon inévitable
Dans Le Prince et Les Discours sur la première décennie de Tite-Live, Machiavel traite la guerre non pas comme une calamité à fuir, mais comme une condition inhérente à l’existence politique. Pour lui, la guerre n’est jamais un événement isolé ; elle est une constante historique et un mécanisme structurant des relations de pouvoir.
Au Congo, une idée fausse et répandue veut que la guerre ne touche que l’est du pays. Ce refrain, récité sans réflexion, renforce l’insouciance dans les régions qui ne seraient prétendument pas touchées. Pire encore, il participe à la démobilisation des populations du Congo dans leur ensemble.
La paix, dans cette optique, n’est qu’une parenthèse stratégique, et tout prince avisé doit savoir qu’elle ne saurait éternellement durer sans la force qui la soutient. Au Congo, une idée fausse et répandue veut que la guerre ne touche que l’est du pays. Ce refrain, récité sans réflexion, renforce l’insouciance dans les régions qui ne seraient prétendument pas touchées. Pire encore, il participe à la démobilisation des populations du Congo dans leur ensemble.
Pourtant, quand un élément du corps souffre, c’est tout le corps qui est paralysé. Le Congo entier est malade. Nous devons abandonner ce discours réducteur de « guerre dans l’est » pour adopter celui de « guerre au Congo ». Stratégiquement et idéologiquement, cette distinction s’impose, car le slogan de la guerre limitée à l’est alimente lui-même la poursuite de ce conflit.
La guerre : outil de souveraineté et d’organisation interne
Pour Machiavel, la capacité à faire la guerre est une condition sine qua non de la souveraineté. L’existence même d’un État repose sur sa faculté à défendre son territoire et à garantir sa sécurité. Plus encore, la guerre devient un moteur d’organisation interne : elle exige une discipline, forge des institutions solides, et renforce l’unité nationale.
La capacité à faire la guerre est une condition sine qua non de la souveraineté. L’existence même d’un État repose sur sa faculté à défendre son territoire et à garantir sa sécurité.
Un prince authentique doit donc s’y préparer en temps de paix, car négliger cet impératif, c’est compromettre non seulement sa position, mais également l’existence même de son État. Il faut d’abord commencer par l’être, comme au Congo, où il y a absence de prince qui porte réellement cet habit.
Mes compatriotes et moi sommes pour la guerre. Non pas parce que nous aimons la guerre, mais parce que l’amour et la passion pour la patrie mobilisent ses filles et fils pour sa défense quand elle souffre. Alors que fait l’élite congolaise ? Ceux qui se disent au pouvoir ne rassemblent pas le peuple pour affronter cette question vitale, mais cherchent à résoudre la « guerre du Congo » pour leur propre gloire et leurs honneurs.
La guerre : une pragmatique de l’efficacité
Chez Machiavel, la guerre n’est pas guidée par des considérations morales ou idéologiques, mais par l’utilité et l’efficacité pour le bien de l’État. La morale, lorsqu’elle entre en contradiction avec les impératifs de survie et de souveraineté, devient secondaire. La guerre, dans cette perspective, est une réponse réaliste à la nature humaine et aux conflits inhérents aux relations entre les États. Elle est un mal nécessaire, souvent l’unique moyen de maintenir ou de restaurer l’ordre.
Insister uniquement sur le développement économique et l’investissement comme unique champ de bataille pour le Congo est une erreur stratégique. L’économie de la guerre, comme le démontre la Russie, a permis à celle-ci de surmonter les sanctions et de renforcer sa résilience.
Dans ce contexte, insister uniquement sur le développement économique et l’investissement comme unique champ de bataille pour le Congo est une erreur stratégique. L’économie de la guerre, comme le démontre la Russie, a permis à celle-ci de surmonter les sanctions et de renforcer sa résilience. Ceux qui se réfugient dans leur obsession de paix trahissent habituellement une faiblesse ou une corruption du pouvoir.
Ils se contentent de se faire appeler prince, président du Sénat, sénateur, député ou général, mais manquent de substance et de vision. Dans ce pays, on parle de tout et de rien, mais rarement de ce qui compte réellement. Pourtant, personne ne nous impose un agenda ; nous devons décider nous-mêmes de ce que nous voulons débattre.
Pour une résistance continentale : l’exemple des pays de l’AES
La lutte pour la souveraineté ne peut pas se limiter à des frontières nationales. Les pays de l’AES (Niger, Mali, Burkina Faso) offrent un exemple concret de résistance coordonnée face à des puissances extérieures qui cherchent à maintenir leur influence sur le continent. Leur capacité à rejeter la gouvernabilité astreinte et à embrasser une vision souveraine montre que l’Afrique peut se réapproprier son destin. Ces nations ont démontré qu’une résistance enracinée dans la solidarité continentale peut inspirer un véritable renouveau politique et stratégique.
La lutte pour la souveraineté ne peut pas se limiter à des frontières nationales. Les pays de l’AES (Niger, Mali, Burkina Faso) offrent un exemple concret de résistance coordonnée face à des puissances extérieures qui cherchent à maintenir leur influence sur le continent.
Ce modèle de lutte collective met en lumière une question essentielle pour le Congo : comment s’inscrire dans cette dynamique de libération continentale ? L’histoire a prouvé que les luttes isolées sont plus faciles à écraser. S’unir à des initiatives comme celles de l’AES pourrait renforcer la résistance congolaise tout en consolidant une vision commune pour un continent souverain.
Nous lançons un appel à nos frères et sœurs de l’AES. La lutte que vous menez est la nôtre aussi. Le Congo, terre de ressources et de souffrances, ne peut pas se relever seul. En tendant la main à l’AES, nous espérons bâtir des ponts de solidarité et ouvrir un dialogue stratégique pour l’avenir du continent. Si déjà des contacts pouvaient être établis, si des échanges pouvaient s’organiser, cela marquerait le début d’une résistance commune face aux forces qui cherchent à diviser l’Afrique pour mieux la soumettre.
En somme : la paix par la force, non par l’abandon
Machiavel enseigne que la paix véritable ne peut être durable que si elle s’appuie sur la capacité à faire la guerre. Cette leçon s’applique aussi bien aux États modernes qu’aux peuples qui aspirent à l’autonomie. La faiblesse et la corruption morale, qui refusent d’affronter la réalité conflictuelle du monde, mènent inévitablement à la soumission. Pour Machiavel, la guerre, loin d’être une tragédie à éviter à tout prix, est l’horizon ultime de la politique, garantissant la liberté et la souveraineté des peuples.
La paix véritable ne peut être durable que si elle s’appuie sur la capacité à faire la guerre. Cette leçon s’applique aussi bien aux États modernes qu’aux peuples qui aspirent à l’autonomie. La faiblesse et la corruption morale, qui refusent d’affronter la réalité conflictuelle du monde, mènent inévitablement à la soumission.
Dans la situation actuelle du Congo, je privilégie l’option de la guerre. Non pas une guerre de violence aveugle, mais une guerre de dignité, de résistance et de reconquête de notre souveraineté, ancrée dans l’amour pour le pays et la volonté de libérer notre destin des chaînes de la gouvernabilité par autrui, quel qu’en soit le prix.
Comme l’histoire l’a prouvé, « les nations faibles n’ont jamais trouvé la paix : elles ont seulement trouvé des maîtres. » Ce n’est pas la guerre qui détruit les peuples, mais « l’abandon de leur dignité et de leurs droits ».
Pour penser politique et agir différemment, faut-il d’abord prendre le pouvoir pour exister ? Peut-être. Mais plus encore, osons agir pour la libération de tout un continent. Je rêve d’habiter au Niger, au Mali et au Burkina Faso, pour y participer, afin que la lutte ne repose pas uniquement sur quelques-uns.
Mufoncol Tshiyoyo, M.T.
Think Tank La Libération par la Perception, Lp