Par Jean-Pierre Mbelu
« Même les combats perdus d’avance doivent être menés. Peu à peu, les consciences s’éveillent (…). Il ne faut pas se résigner. Jamais. Même si le résultat ne dépend pas forcément de nous. » – Henri Burin des Roziers
Lorsque plus de trois décennies depuis le début du génocide kongolais, les partenaires internationaux prennent des sanctions contre leur allié préféré au coeur de l’Afrique, les Kongolais(es) ne devraient-ils pas se poser cette question : « Pourquoi maintenant » ?
La réponse la plus simple serait : « La diplomatie agissante » ! Oui. Mais « diplomatie agissante », pourquoi et maintenant ?
Le passage du monde unipolaire au monde multipolaire
La mémoire historique devrait participer de réponses à toutes ces questions. Pourquoi le Rwanda a-t-il été soutenu par ses partenaires extérieurs avant que ceux-ci ne décident de menacer de rompre leur partenariat ? Diplomatie oblige ! « Rome ne paie pas toujours les traîtres », soutient une éminence grise russe. C’est-à-dire que les gouvernants des pays utilisés par « les grands » comme des vassaux sont comparables aux citrons pressés par ceux qui veulent en extraire le jus.
L’actuel passage du monde unipolaire au monde multipolaire rend certains vassaux inutiles. « Les grands » les lâchent.
« Les grands » considèrent leurs vassaux comme des traîtres de leurs peuples. Ils savent qu’en décidant de s’en débarrasser, ils auront le soutien des populations (naïves) qu’ils ont meurtries par ces proxies interposés. Souvent, les vassaux sont interchangeables là où l’ignorance et le fanatisme ont imbécillisé les masses populaires.
L’actuel passage du monde unipolaire au monde multipolaire rend certains vassaux inutiles. « Les grands » les lâchent. Il n’est pas très sûr qu’ils aient un réel avenir politique.
Tout va se jouer sur la capacité des Kongolais(es) de comprendre
Donc, ces Kongolais(es) qui soutenaient que nous sommes frappés par un petit pays devraient se rendre compte que les sanctions sont le signe que ce petit pays a bénéficié du soutien des pays le sanctionnant aujourd’hui. Il devient clair, pour les Kongolais(es) dont les coeurs et les esprits ont été mangés par « les sorciers capitalistes », que le petit pays était porté par « les grands ».
Ces Kongolais(es) qui soutenaient que nous sommes frappés par un petit pays devraient se rendre compte que les sanctions sont le signe que ce petit pays a bénéficié du soutien des pays le sanctionnant aujourd’hui.
Cette vérité devrait conduire ces Kongolais(es) à rompre avec la haine de soi et l’ingurgitement de l’impuissance imposée.
Lutter contre la haine de soi, contre l’impuissance apprise et la manipulation des identités tribales et ethniques en vue d’un « nous » averti, éveillé, résistant et résilient, cela est indispensable au devenir souverain du Kongo-Kinshasa. Relisons Frantz Fanon. Il écrit : « Notre tort à nous, Africains, écrit Frantz Fanon , est d’avoir oublié que l’ennemi ne recule jamais sincèrement. Il ne comprend jamais. Il capitule, mais ne se convertit pas. »
Dorénavant, tout va se jouer sur la capacité des Kongolais(es) de comprendre utilement le passage du monde unipolaire au monde multipolaire. Le revassalisation des gouvernants serait une bêtise esclavagisante. Pour longtemps. Malheureusement.
Babanya