Par Jean-Pierre Mbelu
Faire comme si le pays ne connaît pas une guerre de prédation et de basse intensité et croire qu’il peut au même moment s’engager sur la voie de « la démocratie » me semble être une erreur monumentale.
Mise en route
Au Kongo-Kinshasa, chaque fois que »les élections » pointent à l’horizon, les hommes et les femmes avertis sont toujours aux aguets. Pourquoi ? Ce processus s’inscrit dans un contexte de guerre perpétuelle par procuration et le système le produisant est toujours actif au Kongo-Kinshasa.
Gâchette de l’Afrique, le Kongo-Kinshasa est indispensable à la renaissance et à l’unité africaine. Croire que ce pays pourrait jouer ce rôle sans une coalition des souverainistes en son sein relève de la naïveté.
Faire comme si le pays ne connaît pas une guerre de prédation et de basse intensité et croire qu’il peut au même moment s’engager sur la voie de « la démocratie » me semble être une erreur monumentale. Les souverainistes kongolais sont mis au défi de pouvoir se mettre ensemble pour éviter au pays une éventuelle catastrophe avant, pendant et après « les élections ».
Une épée de Damoclès pèse constamment sur la tête du Kongo-Kinshasa. Pour cause. Il est au coeur des enjeux énormes. Gâchette de l’Afrique, ce pays est indispensable à la renaissance et à l’unité africaine. Croire que ce pays pourrait jouer ce rôle sans une coalition des souverainistes en son sein relève de la naïveté.
Guerre perpétuelle et « démocratie électoraliste »
Victimes d’une guerre perpétuelle par procuration, des compatriotes se sont laissé abuser en croyant qu’ils pouvaient, sans la terminer, organiser des « élections démocratiques ». Est-ce que ça va la tête ou quoi ? Pris dans les filets du somnambulisme, ils viennent à peine de se réaliser qu’ils ont été « gouvernés » par un imposteur et un usurpateur d’identité au service des multinationales et des proxys habitants les pays voisins. Celui-ci a fraudé à toutes « les élections-pièges-à-cons » afin qu’il contribue, pendant plus de deux décennies, à l’imbécilisation collective.
Que faudra-t-il aux compatriotes fanatiques de « la démocratie de marché » pour qu’ils comprennent que la guerre visant à produire un « Etat raté » ne peut pas créer des conditions favorables pour des « élections libres, transparentes, limpides, démocratiques », etc. ?
Que faudra-t-il aux compatriotes fanatiques de « la démocratie de marché » pour qu’ils comprennent que la guerre visant à produire un « Etat raté » ne peut pas créer des conditions favorables pour des « élections libres, transparentes, limpides, démocratiques », etc. ? Encore faudra-t-il que l’on sache ce que peuvent bien signifier « les élections » dans un système téléguidé de l’extérieur et miné de l’intérieur!
Des globalistes apatrides orchestrant cette guerre n’ont pas besoin d’une paix pouvant permettre au pays de se refonder. Dans cet imbroglio, une production perpétuelle des ennemis internes corrompt tous les efforts déployés pour la mise sur pied d’un Etat normal.
Comment, sans avoir un Etat digne de ce nom, un Etat réellement souverain, débarrassé suffisamment des compradores et des adeptes de la politique du « diviser pour régner », peut-on prétendre faire de »la démocratie électoraliste » ? En fait, dans cet »Etat-raté-manqué », la particratie est un caillou dans son soulier. Des compradores, amoureux du veau d’or, et les adeptes du « diviser pour régner » travaillent, sans l’avouer publiquement, main dans la main, avec des globalistes apatrides au détriment des masses populaires. Ils servent, tous, un même système : le système néolibéral et néocolonial. Et le guerre perpétuelle en est le produit.
Une lutte collective pour la souveraineté aurait pu imposer une résilience partagée. Mais comment prôner des sacrifices consentis pendant que quelques compradores et leurs copains-coquins s’empiffrent ? Comment exiger des masses des sacrifices pendant que le champagne coule à flot pour quelques-uns ?
Construire les routes et les bâtiments ne suffit pas
Les masses populaires abêties , assujetties et abâtardies ne le savent pas. Elles applaudissent des réalisations n’allant pas dans le sens du changement en profondeur du système en place pour un alternatif. Elles sont prises en otage par les copains et les coquins, toutes tendances confondues.
Un pays en guerre mène des luttes pour sa souveraineté. Il mobilise ses filles et ses fils pour cela. Il s’arrange pour parler du reste après le conquête de sa souveraineté. Ses choix stratégiques des partenaires en tiennent compte. Mais vouloir avaler des bouchées doubles est une grave erreur. Elle démobilise et annihile la résilience, la cohésion nationale et la cohésion sociale.
Pour cause. Un pays en guerre mène des luttes pour sa souveraineté. Il mobilise ses filles et ses fils pour cela. Il s’arrange pour parler du reste après le conquête de sa souveraineté. Ses choix stratégiques des partenaires en tiennent compte. Mais vouloir avaler des bouchées doubles est une grave erreur. Elle démobilise et annihile la résilience, la cohésion nationale et la cohésion sociale. La juridiciarisation du vivre-ensemble n’y peut pas grand-chose.
Cette erreur peut-elle être corrigée ? Oui. Par des organisations citoyennes à but souverainiste alliées d’une armée des patriotes et des services d’intelligence épris du sens du bonheur collectif partagé. Par des organisations et des services patriotes soucieux de refonder le pays sur l’unification des humains kongolais restructurés culturellement, religieusement (spirituellement), techniquement et politiquement. A ce point nommé, il me semble qu’il y a encore pas mal de chemin à parcourir.
Construire les routes et les bâtiments, c’est bien. Mais ce n’est pas suffisant. La Libye fut un pays très bien bâti. Il est aujourd’hui un champ des ruines. Eteya biso.
Babanya Kabudi
Génération Lumumba 1961