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L’exacerbation de la haine et la poursuite de la guerre contre les FDLR

L’exacerbation de la haine et la poursuite de la guerre contre les FDLR

L’exacerbation de la haine et la poursuite de la guerre contre les FDLR 750 500 Ingeta

Par Jean-Pierre Mbelu

Après l’assassinat des journalistes de Charlie Hebdo, plusieurs citoyens du monde se sont mis debout et ont protesté. Ils se sont identifiés à ‘’Charlie’’. Ils ont dit : « Je suis Charlie ». L’Afrique des Grands Lacs, elle, après plusieurs millions des morts, prépare, avec l’appui de l’ONU, ‘’une guerre perpétuelle’’ contre certains de ses enfants pour la sauvegarde des intérêts ‘’des démocraties du marché’’. N’est-ce pas de la folie? Qui a ensorcelé ces Africains désormais prêts à la guerre de tous contre tous avec les armes qu’ils ne fabriquent pas? L’exacerbation de la haine servant ‘’la politique du diviser pour régner’’ doit avoir atteint des proportions inimaginables dans les cœurs et les esprits de ces filles et fils de l’Afrique-mère ! Elle doit avoir tué leur âme. Il faut en guérir. Par la connaissance et la conscience.

La guerre de basse intensité et de prédation menée contre le Congo-Kinshasa s’est  servi d’un double tremplin : l’Ouganda et le Rwanda.  Sa version officielle  a permis une identification rapide des ‘’génocidaires’’ ayant prétendument planifié ‘’l’extermination des Tutsis’’. Le TPIR  créé pour juger ‘’les génocidaires’’ a, en 2008, battue en brèche la thèse de la planification hutu du génocide. Après le TPIR, plusieurs études sur cette guerre ont fini par en fournir une version non-officielle de cette guerre et en indiquer les commanditaires et les proxies. Le documentaire de la BBC  (‘’Rwanda’s untold story’’)  en est un.
Deux Américains ont écrit un livre remarquable sur ‘’le génocide rwandais’’ : en 2012, Edward  S. Herman et David Peterson ont écrit ‘’Génocide et propagande. L’instrumentalisation politique des massacres’’.  Lire ce livre aide à comprendre comment la fabrication des pseudo-justifications des guerres de ‘’l’impérialisme intelligent’’ couvre leur politique étrangère de prédation et enchaîne ‘’la pensée’’ à droite comme à gauche, dans les universités comme dans les médias dominants.

Génocide et propagande. L’instrumentalisation politique des massacres

Que vise cette fabrication des pseudo-justifications ? L’exacerbation de la haine cachée sous la défense des droits des minorités à la vie. L’exacerbation de la haire est, en effet,  un stratagème de la politique du ‘’diviser pour régner’’. Elle oppose les pays, les ethnies minorées contre les majorées, orchestre le chaos pour donner aux pyromanes de se présenter en pompiers sous la fausse bannière de l’ONU.
Il est curieux que tout en créant des espaces de dialogue entre le Rwanda dirigé par Paul Kagame et le Congo-Kinshasa dirigé par ‘’son cheval de Troie’’, l’ONU puisse évoluer dans le déni des rapports de tous ses experts sur la guerre de prédation menée contre le pays de Lumumba.
Il serait fou de nier les massacres auxquels se sont livré certains Hutu au Rwanda comme au Congo-Kinshasa. Il serait aussi tout aussi fou de continuer à rouler le monde entier dans la farine en lui faisant croire que les FDLR qui sont à l’Est du Congo sont des ‘’génocidaires’’ qui empêchent au Rwanda de Paul Kagame de vivre en paix. Non. Cela d’autant plus que les  Interahamwe, prétendument ‘’génocidaires’’ furent le produit du FPR[1]. Aussi, les Congolais et les Congolaises éveillés de l’Est du pays en sont-ils arrivés à remarqué tout au long de la guerre perpétuelle anglo-saxonne qu’il y avait des ‘’FDLR recyclées’’. C’est-à-dire des membres des FDLR ayant été reconduits au Rwanda et renvoyés au Congo-Kinshasa par le FPR afin qu’il trouve un prétexte permanent lui permettant de revenir sur les terres congolaises pour en exterminer la population, les occuper et en exploiter les matières premières stratégiques tout en travaillant à la balkanisation du ‘’géant du cœur  de l’Afrique’’.
Soumis en permanence au test de ‘’la Congolité’’,  ‘’Joseph Kabila’’ a, à certains moments de son ‘’règne à la tête du Congo-Kinshasa’’, fait certaines déclarations allant dans la version non-officielle de cette guerre de prédation et de basse intensité.  Voici ce qu’il dit au début du mois de décembre 2004 : « Depuis quelques jours, les forces armées du Rwanda ont violé notre territoire en traversant la frontière commune par plusieurs entrées, dans la province du Nord-Kivu. Pour justifier leur aventure criminelle les responsables rwandais avancent le prétexte de la chasse aux groupes armés rwandais sur le territoire de la République Démocratique du Congo. Chers compatriotes, je voudrais vous rappeler que ce problème des groupes armés, qui n’a pas été créé par le peuple congolais, a servi de prétexte à la guerre que le Rwanda a mené contre notre pays depuis 1998 et qui a contribué à déstabiliser dangereusement la région des Grands Lacs. [2]»

Le déni de l’histoire et la culture de l’amnésie

Notons que ‘’le raïs’’ sait de quoi il parle en sa qualité d’ex-membre du FPR. Le rapport Gersony de 1994 disait à peu près la même chose au sujet de la déstabilisation du Rwanda par le FPR à partir de l’Ouganda. Mais ce que ‘’le raïs’’ n’arrivait pas à mettre à nu l’instrumentalisation du Rwanda par l’Etat profond anglo-saxon.
Evoquant le rapport Gersony, Eward S. Herman et David Peterson renvoient dos à dos la version officielle du ‘’génocide’’ et le prétexte du FPR. Ils estiment, dans leur livre susmentionné, que « tenir pour avérée la version officielle du « génocide rwandais » implique premièrement de ne tenir aucun compte de l’extermination et du nettoyage ethnique des Hutu dont le FPR s’est rendu coupable bien avant la période d’avril-juillet 1994, et qui remontent à l’époque où les forces ougandaises envahirent le Rwanda, sur ordre du président (et dictateur) ougandais, Yoweri Museveni, début octobre 1990. A l’origine, le FPR était une aile de l’armée ougandaise, dont le leader, Paul Kagamé, avait dirigé les services de renseignements militaires ougandais dans les années 1980. Les combats qui suivirent cette invasion n’étaient nullement une « guerre civile » mais bel et bien une guerre d’agressionsans la moindre équivoque. »

L’appel à relancer la guerre contre les FDLR vise, avec la complicité de l’ONU et du ‘’Cheval de Troie’’ de Kigali à Kinshasa, à poursuivre ‘’la guerre perpétuelle’’ de l’Etat profond anglo-saxon contre la région des Grands Lacs africains. Pourquoi ? Cet Etat profond tient, par cupidité, égoïsme, instinct de domination et mépris des Africains habitant cette région, à la balkaniser, à détricoter la souveraineté des pays la constituant, à disposer de ses terres à sa guise ou tout simplement à y entretenir ‘’le chaos constructeur’’ du nouveau désordre mondial pour éviter que l’un ou l’autre de ses concurrents ne vienne y nouer des alliances stratégiques fondées sur le respect du droit humanitaire international et de celui des peuples à disposer d’eux-mêmes.

Et faisant allusion  au rejet de la thèse de la planification hutu du ‘’génocide’’, ils notent ce qui suit : «Bien qu’il n’ait jamais pu condamner un seul Hutu pour participation à une conspiration ayant prémédité un génocide, pas une seule fois le TPIR n’a daigné envisager l’éventualité d’une conspiration du FPR – si fulgurant qu’ait pu être le renversement du gouvernement hutu et la prise de pouvoir de Kagamé. Ce paradoxe tient fondamentalement, nous semble-t-il, au soutien des Etats-Unis et de leurs alliés dont bénéficiait le FPR, et que reflète aussi bien la couverture médiatique des évènements du Rwanda, que l’activisme des ONG et intellectuels humanitaires, ou les décisions du TPIR. ».
L’appel à relancer la guerre contre les FDLR fait fi de toute cette histoire. Il veut, avec la complicité de l’ONU et du ‘’Cheval de Troie’’ de Kigali à Kinshasa, poursuivre ‘’la guerre perpétuelle’’ de l’Etat profond anglo-saxon contre la région des Grands Lacs africains. Pourquoi ? Cet Etat profond tient, par cupidité, égoïsme, instinct de domination et mépris des Africains habitant cette région, à la balkaniser, à détricoter la souveraineté des pays la constituant, à disposer de ses terres à sa guise ou tout simplement à y entretenir ‘’le chaos constructeur’’ du nouveau désordre mondial pour éviter que l’un ou l’autre de ses concurrents ne vienne y nouer des alliances stratégiques fondées sur le respect du droit humanitaire international et de celui des peuples à disposer d’eux-mêmes.
Le déni de l’histoire et la culture de l’amnésie font le lit de cette ‘’guerre perpétuelle’’ anglo-saxonne menée par des proxies interposés.

La connaissance partagée du mode opératoire de l’Etat profond anglo-saxon est essentielle

Les Anglo-Saxons, il faut apprendre à les connaître. Ils renoncent difficilement aux objectifs qu’ils se fixent. Ils sont, dit un professeur russe, comme des pitbulls. Il dit exactement ceci : « Cela ne fait pas partie des traditions des Anglo-Saxons de lâcher prise après avoir planté leurs crocs dans une proie comme un pitbull. Ils feront pression à fond jusqu’à ce qu’ils aient imposé leur projet ou jusqu’à ce que l’adversaire leur brise les reins. » Or, ils ont tellement semé la zizanie dans la région des Grands Lacs que l’union pouvant permettre le renversement des rapports de force et  conduire à leur briser les reins est devenue quasi difficile à réaliser. Les oppositions partisanes servent leur cause : « Diviser pour régner, au travers des ‘’nègres de service’’ en exacerbant la haine des ethnies majoritaires contre celles minoritaires et vice versa. »
Comment, dans ce contexte, éviter ‘’la guerre perpétuelle’’ contre les Hutu, contre les Maï Maï, contre les Balubakat, contre les Baluba, contre les Bakongo, contre les Bangala, contre les Bampende, etc. Comment ?
La connaissance partagée du mode opératoire de l’Etat profond anglo-saxon nous semble être un premier pas important. De cette connaissance peut surgir la conscience collective d’une lutte acharnée contre la haine qui transforme les Africains habitant la région des Grands Lacs africains en ‘’nègres de service’’ corvéables à souhait.
Demain, dimanche 11 janvier 2015, toute la France va se mettre debout et marcher pour protester contre la mort d’une dizaine de ses enfants. Les Grands Lacs  africains, eux, après plus d’une dizaine des millions de morts, préparent, dans l’entre-temps, la poursuite d’’’une guerre perpétuelle’’ contre une partie de leurs enfants (égarés) pour servir les intérêts de ceux qui protègent les leurs. De la pure folie !  (à suivre)
Mbelu Babanya Kabudi

[1] Lire B. LUGAN, Les guerres d’Afrique. Des origines à nos jours, Paris, Rocher, 2013, p. 334.
[2]  C. ONANA, Ces tueurs Tutsi. Au cœur  de la tragédie congolaise, Paris, Duboiris, 2009, p. 162.

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