Par Jean-Pierre Mbelu
Le phénomène « pomba-kuluna » devrait être étudié pour ce qu’il est : un sous-produit de l’appauvrissement spirituel et culturel des jeunes Congolais entretenu par ‘’les seigneurs de la guerre’’ de prédation et de basse intensité menée contre le Congo-Kinshasa depuis les années 1996. Les partisans d’un contre-pouvoir légitime et efficace dans ce pays devraient étudier ce phénomène en profondeur et initier de nouveaux lieux de thérapie désenvoutante.
Aux dernières nouvelles, le Congo-Kinshasa compte 18.000.000 d’analphabètes. Plusieurs de ses filles et fils sont livrés au banditisme. Quand ceux-ci sont encadrés et/ou ‘’institutionnalisés’’ par ‘’les seigneurs de la guerre’’ gérant les institutions formelles (vides de contenu) de l’Etat manqué du pays, ils sont nommés ‘’pomba’’. Quand ils échappent à leur contrôle, ils sont taxés de ‘’kuluna’’. Que le banditisme soit ‘’institutionnalisé[1]’’ ou pas, il révèle la nature d’une gestion martiale d’un pays pris en otage par un groupe de ‘’seigneurs de la guerre’’ travaillant en réseau avec des ‘’proxies’’ rwandais et ougandais commis à la sale besogne de l’implosion et de la balkanisation du Congo-Kinshasa.
Ces ‘’seigneurs de la guerre’’ font partie d’un sous-système violent ayant le capitalisme sauvage comme matrice organisationnelle. Ils organisent (ou poursuivent) ‘’la guerre de tous contre tous’’ en criminalisant tous les résistants à ce sous-système, en leur intentant des procès bidons ou en les accusant de ‘’racistes’’. Au fur et à mesure que ce sous-système accueille en son sein les militaires rwandais, burundais et ougandais en favorisant des accords secrets (de polichinelle) entre ‘’les proxies’’[2], il distribue aux médias qu’il contrôle des éléments de langage leur permettant de faire peur aux Congolais(es) pouvant décrier cette procédure en les taxant de xénophobes et de racistes.
Le sous-système violent opérant sur fond de l’ensauvagement capitaliste obéit au principe cher aux ‘’maîtres du monde et à ceux qui leur obéissent’’ : diviser pour régner. Il appauvrit matériellement, moralement, spirituellement et culturellement les jeunes analphabètes (ou analphabétisés) qu’il transforme en ses ‘’petits soldats’’ et qu’il peut aussi massacrer pour donner l’impression qu’il veille à la sécurité des masses congolaises qu’il oppose à ces ‘’pomba’’ et ces ‘’kuluna’’ comme l’a illustré l’affaire Mukungubila. Le pire de l’appauvrissement est ici spirituel et culturel. Ce sous-système néolibéral mange les cœurs et les esprits de nos jeunes en en faisant ‘’la chair à canon’’ de ‘’la guerre de tous contre tous’’. Ses commanditaires, opérant dans l’ombre, savent, eux, que ‘’l’outil le plus puissant que détienne l’oppresseur est la pensée de l’opprimé’’. Ce sous-système a corrompu moralement et éthiquement nos enfants en leur inculquant une culture de la violence, de la cupidité et de la haine. Il en a fait des larbins ; des admirateurs fous des pyromanes du Congo-Kinshasa.
Hélas ! Toute médaille a son revers ! Le mal et la violence peuvent avoir un effet de boomerang : ils peuvent se retourner contre ceux qui les imposent comme unique chemin de vie pour nos jeunes et pour le pays.
Identifier ce sous-système dans toutes ses composantes, maîtriser son mode opératoire et ses mécanismes d’abrutissement et d’avilissement de nos jeunes et de nos masses populaires, lutter contre sa politique du ‘’diviser pour régner’’ à travers de grands mouvements populaires unifiants ayant comme matrice organisationnelle la souveraineté, la protections des terres congolaises, la coopération et la solidarité seraient des actions prioritaires que devraient mener des Congolais(es) cherchant à créer un contrepouvoir légitime et efficace contre ce sous-système de la mort.