Par Jean-Pierre Mbelu
« La seule leçon de l’histoire, c’est qu’on n’apprend rien de l’histoire, sauf pendant une courte durée appelée vie humaine. Une fois cette vie humaine passée, la génération suivante a des échos, et celle d’après, est totalement ignare. » – Patrick Reymond
Mise en route
Presque tous « les partis politiques » kongolais ont aujourd’hui des compatriotes commis à leur « communication ». Plusieurs de ces compatriotes ne nient pas leur attachement aux « gourous » de ces « partis ». Ils en deviennent facilement des « thuriféraires », des « tambourinaires » et des fanatiques.
La « nyonsologie » peut être péjorativement définie comme étant la prétention de certains compatriotes kongolais de tout savoir. Positivement, « la nyonsologie » est peut être appréhendée comme étant une ouverture maîtrisée à la pluridisciplinarité dans les limites du possible.
Il est rare qu’ils remettent en question le système néolibéral et néocolonial et/ou « le coup d’Etat permanent » dont le pays est victime et que plusieurs de leurs « gourous » servent.
Souvent, ces compatriotes s’en prennent aux autres (compatriotes) qu’ils qualifient de « nyonsologues ». Ce néologisme est composé de deux mots : « nyonso » et « logos ». « Nyonso » est un mot lingala. Il signifie « tout ». « Logos » est un mot grec. Il peut être traduit par »parole », « discours ».
Sont qualifiés de « nyonsologues », des compatriotes ayant « une parole », « un discours » à tenir sur « tout ». En d’autres termes, ce sont des compatriotes ayant « la prétention » d’avoir un savoir pluriel, une connaissance dans plusieurs domaines du savoir. La « nyonsologie » peut être péjorativement définie comme étant la prétention de certains compatriotes kongolais de tout savoir. Positivement, « la nyonsologie » est peut être appréhendée comme étant une ouverture maîtrisée à la pluridisciplinarité dans les limites du possible.
Ils se mêlent de tout
Souvent, « les communicateurs » reprochent aux « nyonsologues » de se mêler de tout au lieu de se limiter à leurs domaines particuliers de compétence.
Les critiques adressées aux « nyonsologues » pourraient renvoyer au fait que la référence à cette rubrique, « connaissance générale », ne fassent plus des émules au pays de Lumumba. (Cet autodidacte qui a appris la politique sur le tas.)
Pourtant, en les suivant attentivement, on remarque qu’ils ne restent pas fidèles au principe auquel ils sont attachés. Il leur arrive de recourir à l’histoire, à la géopolitique et à la géostratégie pour étayer plusieurs de leurs hypothèses. De plus en plus, opposant leurs « gourous » les uns aux autres, ils recueillent historiquement des vidéos qu’ils mettent à la disposition de leurs auditeurs. Ils font, en quelque sorte, un travaille d’archivage.
Donc, leur « communication » ne se passe pas de l’interdisciplinarité. Cela révèle qu’il est difficile qu’une discipline du savoir, quelle qu’elle soit, ne soit pas ouverte aux autres. Cela devrait, en principe, favoriser, chez « les spécialistes » de certaines disciplines du savoir, un minimum de « curiosité scientifique » et de « connaissance générale ».
« La curiosité scientifique » peut inciter certains compatriotes à la pluridisciplinarité. En effet, des Kongolais(es) ayant une bonne connaissance (ou même une maîtrise) de plusieurs disciplines du savoir existent. Ils peuvent, dans une certaine mesure, avoir des prétentions « nyonsologues ». Dans cet ordre d’idées, au lieu de se moquer de « la nyonsologie », elle devrait être encouragée. Elle permet, à la fois, de relativiser l’importance des domaines particuliers du savoir et de louer les apports de la pluridisciplinarité.
Si la pluridisciplinarité n’est pas le lot du commun des mortels, des efforts déployés pour acquérir des « connaissances générales » dans les différents domaines du savoir furent encouragés au pays de Lumumba.
Autrefois, aux examens d’Etat, il y avait une rubrique dénommée « connaissance générale ». Elle contenait des questions touchant à plusieurs domaines de la vie. Et en cinquième et sixième années des humanités, les professeurs étaient sensibles à cette orientation.
Les critiques adressées aux « nyonsologues » pourraient renvoyer au fait que la référence à cette rubrique, « connaissance générale », ne fassent plus des émules au pays de Lumumba. (Cet autodidacte qui a appris la politique sur le tas.)
Les « communicateurs » et le débat pluriel
Souvent, les « communicateurs » critiquent les « nyonsologues » au cours des émissions où ils organisent le monologue ou le dialogue entre les gens d’un même bord. Ils se ferment aux débats contradictoires afin d’éviter la remise en question de leurs convictions et l’ouverture à l’altérité dans un trajet d’apprentissage mutuel.
Se sentant dans « l’obligation de communiquer » au quotidien et plusieurs fois par jour, ils ne peuvent pas questionner le cadre, le système organisant et tolérant leur attachement aux questions d’actualité. Ils ne prennent pas le temps de s’en distancier D’où le fait que certains parmi eux se révèlent versatiles sur le moyen et long termes. Ils refusent d’avoir un certain suivi dans leurs idées et leurs convictions. Ils se laissent emporter par le vent politicard…
Ils affichent la volonté de refuser que les débats contradictoires deviennent des lieux possibles d’ouverture à la « nyonsologie ». On dirait qu’ils refusent que leur option pour la monodisciplinarité ne soit questionnée par un début d’ouverture à la pluridisciplinarité que peut permettre un débat pluriel.
Préoccupés plus par « la communication » que par la pluridisciplinarité, il leur arrive de frôler certaines questions géopolitiques et géostratégiques sans aucun souci d’approfondissement. Se sentant dans « l’obligation de communiquer » au quotidien et plusieurs fois par jour, ils ne peuvent pas questionner le cadre, le système organisant et tolérant leur attachement aux questions d’actualité. Ils ne prennent pas le temps de s’en distancier D’où le fait que certains parmi eux se révèlent versatiles sur le moyen et long termes. Ils refusent d’avoir un certain suivi dans leurs idées et leurs convictions. Ils se laissent emporter par le vent politicard…
Une petite conclusion : Des « entre-soi » nuisibles à la cohésion
Dans ce contexte de repli sur soi, « les communicateurs » créent des « entre-soi » partisans nuisibles à la cohésion sociale et à la cohésion nationale en se fermant à la production de l’intelligence collective tout en opérant au coeur d’un système néolibéral et néocolonial entretenus par certains de leurs « gourous », « nègres de service » des globalistes apatrides et ennemis de la souveraineté du pays.
Babanya Kabudi
Génération Lumumba 1961