Par Jean-Pierre Mbelu
« Après que les livres qui permettent de se fabriquer une culture et un esprit critique ont été supprimés, le Parti crée une littérature de propagande de façon codifiée. » M. ONFRAY
Samedi 26 octobre 2024, les étudiants de l’Université de Kinshasa et Freddy Mulumba Kabuayi ont organisé une marche de soutien au Docteur en science politique, Charles Onana. Après cette marche, une rencontre avec les chefs de promotion de toutes les facultés de cette Université a eu lieu. Quelques exemplaires du dernier livre de Charles Onana leur ont été offerts.
En effet, depuis la publication de ce livre intitulé « Holocauste au Congo. L’Omerta de la communauté internationale. La France complice ?« (Paris, Ed. de l’Artilleur, 2023,442 p.), quelques intellectuels et politiciens kongolais se sont mis ensemble pour en assurer la promotion et la lecture. Freddy Mulumba Kabuayi, Emmanuel Kabongo, Mubabinge Bilolo, Justin Bitakwira, Kambayi Bwatshia, etc. sont résolument engagés pour que la pensée du « citoyen kongolais d’honneur », Charles Onana, soit connue par un nombre important de jeunes kongolais. Petit à petit, ils sont en train de mettre en place une association dénommé « Les amis de Charles Onana ».
Depuis le début du procès de Charles Onana à Paris le 07 octobre, des Kongolais(es) et des compatriotes africains souhaitant le soutenir achètent ses livres. Certains les offrent comme cadeaux autour d’eux. Il y a là comme « un phénomène Charles Onana » qui serait en train de naître au coeur de l’Afrique. Ses soutiens kongolais se démultiplient.
En se rendant à l’Université de Kinshasa, le samedi dernier, Freddy Mulumba Kabuayi, voulait proposer aux étudiants kongolais un livre riche en informations sur « le génocide kongolais » afin qu’ils se fassent leur propre religion là-dessus.
Lutter contre les livres, surtout ceux qui entretiennent la conscience historique kongolaise, c’est attenter à la mémoire collective, vouloir qu’elle parte en fumée afin que triomphe l’abrutissement et l’ignorance faisant le lit de l’assujettissement, de la servilité et de l’exploitation.
Aux dernières nouvelles, certains chefs de promotion auraient été interpellés par « les services » les accusant d’avoir organisée cette rencontre autour du livre de Charles Onana sans les avoir avertis. Si cette information, après vérification, s’avérait fondée, c’est que le pays a un problème sérieux.
Certains de ses « services » participeraient à la guerre hybride menée contre le pays en luttant contre le travail de l’intelligence. Or, « on sait, écrit Michel Onfray, combien les livres jouent un rôle majeur dans la pensée. Ils apprennent à réfléchir, à argumenter, à discerner, à développer une réflexion, à raisonner, à juger, à examiner, à concevoir et à développer un esprit critique : ils permettent aussi de prendre connaissance du passé de sa propre culture, mais également de toutes les autres cultures ; ils rendent envisageable la création de nouveaux mondes, donc de futurs possibles. Voilà pour quelle raisons ils sont dangereux. [1]»
Donc, lutter contre les livres, surtout ceux qui entretiennent la conscience historique kongolaise, c’est attenter à la mémoire collective, vouloir qu’elle parte en fumée afin que triomphe l’abrutissement et l’ignorance faisant le lit de l’assujettissement, de la servilité et de l’exploitation. Cette lutte pourrait être révélatrice de l’un des secrets de cette guerre : elle se perpétue dans un pays où l’abrutissement et l’ignorance ont gagné les coeurs et les esprits du plus grand nombre. Un autre secret serait l’infiltration de « services » kongolais par les agents des proxys menant la guerre hybride contre le pays. Ceci devrait attirer l’attention de qui de droit afin de passer au peigne fin ces « services ».
Freddy Mulumba Kabuayi, amoureux des livres et auteur de « La responsabilité des intellectuels dans la crise de la R.D. Congo » (Ed. Le Potentiel, 2007, 58 p.), donne l’impression d’avoir maîtrisé ce secret et estime que sortir de la crise anthropologique2 dont le pays souffre atrocement passe obligatoirement par la production de l’intelligence individuelle et collective indispensable à la réforme des coeurs et des esprits et à la réinvention de l’humain kongolais capable de « bâtir un pays plus beau qu’avant ».
Espérons qu’il pourra partager cette conviction avec les responsables des Universités kongolaises et que ceux-ci lui faciliteront la tâche en le mettant en contact avec les étudiants afin qu’ils bénéficient du cadeau qu’il est disposé à leur offrir : un livre.
Babanya Kabudi
Génération Lumumba 1961.
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