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Le Kongo-Kinshasa, les éléphants et l’herbe

Le Kongo-Kinshasa, les éléphants et l’herbe

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Par Jean-Pierre Mbelu

« Pour dominer un peuple, la première méthode consiste à corrompre ses élites dirigeantes. Ensuite, la corruption s’étend aux différentes couches de la société, des plus influentes (économique, militaire) à celle qui façonne l’opinion citoyenne (la culture). »
– Kaddour Naïmi

Le Kongo-Kinshasa est depuis très longtemps en guerre. Cette guerre vise plusieurs objectifs dont la balkanisation et l’implosion du pays. Elle vise la domination de ses populations. Et comme ailleurs, cette guerre passe par la corruption des « élites » kongolaises. Elle passe surtout par la corruption de la culture kongolaise. Dominée par l’hégémonie culturelle néolibérale, elle est traversée par l’hédonisme et l’intelligence du rien. Il en résulte de la haine, de la violence et de la méchanceté, souvent gratuites. Mais aussi l’opposition de ceux et celles qui devraient être ensemble comme un « nous » contre l’adversité imposée par un « eux » cupide, envieux, au service du capitalisme dégradé.

Donc, la pire des corruptions est d’abord celle des esprits et des coeurs réalisée par la culture dominante. Elle rend les élites et les populations fragiles et vulnérables. Elle tue, dans les coeurs et les esprits, toute lucidité et toute résistance courageuse. Dans cet ordre d’idées, la corruption peut commencer par « le haut » ou par « le bas », ou concomitamment ; c’est d’abord et avant tout une question de culture dominante acquise. « Une guerre en téléchargement » pourrait bénéficier de cette corruption. Elle serait l’intensification de celle qui est en cours. Elle serait son énième morceau.

L’histoire et les enjeux

L’humain a et aura toujours besoin d’être pris en charge culturellement pour s’engager sur les chemins de la vie à meilleur escient. Maintenu dans l’ignorance, dans la non-compréhension du monde dans lequel il vit, il peut laisser libre cours aux forces de la mort qui habitent en lui. Une bonne maîtrise de l’histoire est un élément important de cette culture. Depuis la nuit des temps, plusieurs filles et fils du Kongo-Kinshasa souffrent de la non-maîtrise de l’histoire de leur pays tout comme de celle des enjeux géopolitiques, géostratégiques et géoéconomiques dans lesquels il est souvent entraîné.

Depuis la nuit des temps, plusieurs filles et fils du Kongo-Kinshasa souffrent de la non-maîtrise de l’histoire de leur pays tout comme de celle des enjeux géopolitiques, géostratégiques et géoéconomiques dans lesquels il est souvent entraîné.

Le caoutchouc, l’uranium, le cuivre, le diamant, le cobalt, le lithium, les terres rares et les terres arables, la forêt, la jeunesse, etc. sont, depuis la révolution industrielle jusqu’à ce jour, au coeur de ces enjeux. Le pétrole, le gaz, le soleil, la pluie et les eaux peuvent y être ajouter. Depuis la révolution industrielle, « les éléphants », « les grandes puissances » et leurs satellites se battent pour s’en emparer et demeurer « les seuls maîtres » d’un monde unipolaire.

Ils corrompent les élites afin qu’elles soient à leur service. Ces élites corrompues s’impliquent, en tant que proxies, dans les conflits et les guerres fratricides. Les populations kongolaises en paient un prix très lourd. Elles subissent ces conflits et ces guerres. Elles en souffrent comme l’herbe là où les éléphants se battent. Malheureusement, il arrive qu’elles se laissent corrompre par les élites corrompues et se rangent derrière les unes ou les autres sans une consciente connaissance des enjeux.

Rompre avec le rôle minable d’herbe

Il y a « une guerre en téléchargement ». « Les éléphants » ne s’en cachent pas. Ils en parlent. L’information va-t-elle circuler de façon que les populations kongolaises puissent, dans leur immense majorité, rompre avec leur rôle minable d’herbe ?

Il y a « une guerre en téléchargement ». « Les éléphants » ne s’en cachent pas. Ils en parlent. L’information va-t-elle circuler de façon que les populations kongolaises puissent, dans leur immense majorité, rompre avec leur rôle minable d’herbe ? Le Burkina Faso, le Mali et le Niger ont été sauvés par des populations conscientes et debout. Les populations kongolaises vont-elles suivre cet exemple ou se laisseront-elles abuser par des élites corrompues et les propagandistes de la politique du « diviser pour régner »?

Le Burkina Faso, le Mali et le Niger ont été sauvés par des populations conscientes et debout. Les populations kongolaises vont-elles suivre cet exemple ou se laisseront-elles abuser par des élites corrompues et les propagandistes de la politique du « diviser pour régner »? Le pays est à la croisée des chemins…

Oui. « Les éléphants » ne s’en cachent pas. La vidéo est là.

Se retrouver perpétuellement dans le rôle d’herbe, c’est accepter le mépris avec lequel on est traité et renoncer à la lutte pour sa dignité, pour la justice et pour la véritable indépendance politico-économique du pays. Or, «sans dignité il n’y a pas de liberté, sans justice il n’y a pas de dignité, et sans indépendance il n’y a pas d’hommes libres », comme disait Lumumba.

 

Babanya Kabudi
Génération Lumumba 1961

INGETA.

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