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Le discours de Kabila devant le Congrès : Un simple baratin pour les plus naïfs des congolais

Le discours de Kabila devant le Congrès : Un simple baratin pour les plus naïfs des congolais

Le discours de Kabila devant le Congrès : Un simple baratin pour les plus naïfs des congolais 800 600 Ingeta

L’analyste politique Jean-Pierre Mbelu décrypte le discours de Joseph Kabila, du 14 décembre 2014, devant le congrès, expose ce qu’il qualifie de baratin de mauvais goût, relativise le ton vindicatif et offensif de Kabila et rappelle la nécessité d’une bonne maîtrise de notre des 20 dernières années pour ne pas se laisser berner.
Jean-Pierre Mbelu revient également sur la relation de Kabila avec les congolais et explique pourquoi nous devons, non seulement travailler à une alternative politique mais aussi nous efforcer à rendre au Congo son honneur et sa fierté.

Sur le discours de Kabila du 15 décembre 2014 devant le congrès

A qui Kabila s’est-il adressé ? Le sénat n’en est plus un, il a dépassé la limite légale de son existence. L’assemblée nationale est composée de députés désignés. Au final, Kabila a eu affaire à sa caisse de résonance.
Kabila a parlé du peuple congolais, un peuple qu’il ne connaît pas, qu’il n’approche pas et pour lequel il a constamment du mépris.
Joseph Kabila est le produit d’un processus martialo-mafieux, initié par l’extérieur pour l’extérieur depuis les années 1990. Donc, parler de souveraineté comme il l’a fait, après avoir travaillé comme mercenaire avec des forces extérieures, après avoir profité de la promotion des forces extérieures pour pouvoir être là où il est aujourd’hui, est malhonnête. Et cela trahit et traduit la stratégie de chaos et de mensonge dans lequel Kabila est empêtré. Pour preuve, il travaille avec une armée de briques et de brocs, une armée infiltrée par des éléments extérieurs, des mercenaires pour pouvoir déstabiliser le Congo de l’intérieur.
Ce discours est un simple baratin, de mauvais goût, adressé aux plus naïfs des congolais.

Sur la question des élections au Congo

Il n’y a pas encore eu des élections dignes de ce nom au Congo. Nous n’avons eu que des mascarades électorales. Le discours de Kabila est un discours qu’on ne peut pas analyser convenablement si l’on n’a pas la maîtrise de l’histoire. Quelqu’un qui est le produit de l’extérieur ne peut pas venir dire aux congolais : « Voilà, vous savez quel peuple vous êtes, vous êtes un peuple qui n’accepte pas n’importe quoi, nous en avons marre des injonctions extérieures ». Non. C’est l’extérieur qui a fabriqué Kabila, c’est l’extérieur qui a fait que Kabila est là où il est aujourd’hui. C’est à l’extérieur que Kabila garde l’argent qu’il prend au Congo.
Sans une bonne maîtrise de notre histoire des vingt dernières années, on risque de croire le baratin de mauvais goût de Kabila est un discours sérieux. Son discours peut-être applaudi par sa caisse de résonance, mais pas par les dignes fils et filles du Congo.

Sur le ton vindicatif et offensif de Kabila

Quand vous avez une marionnette qui commence à parler sur ce ton là, posez-vous la question : d’où parle-t-il ? Qui parle à travers lui ? Qui lui a dicté ce discours là ? A partir de là, nous pouvons émettre des hypothèses.
1. Il y a des congolais qui ont infiltré ou travaillent au sein des institutions auxquels participe Kabila, qui le combattent sans qu’il ne le sache ou quqi font semblant de lui dicter des bonnes phrases tout en le combattant. C’est-à-dire qu’on lui demande de débiter des textes dont il ne pourra pas lui-même supporter les conséquences.
2. Ce discours ne peut être qu’un petit baratin malhonnête. Il cite Simon Kimbangu, Kimpa Vita, Kasa Vubu, Gizenga, Lumumba mais pourquoi il ne cite pas Tshisekedi ? Pourquoi met-il entre parenthèses la lutte que Tshisekedi a menée pendant plus de 30 ans ? Que fait-il des martyrs que les mouvements auxquels il a appartenu ont produits ? Que fait-il des martyrs comme Chebeya qui disait qu’on ne lutte pas en se cachant ? Pourquoi n’a-t-il pas fait allusion aux martyrs récents comme Armand Tungulu, Mamadou Ndala, Mbuza Mabe ou encore tous ces généraux et militaires congolais envoyés au front pour être trucidés sous son règne? Ce qui préside à cette manière de pouvoir parler aux congolais, c’est la volonté de vouloir les endormir.
Combien de fois va-t-il faire des promesses aux congolais sans que plusieurs d’entre eux puissent en voir le début de leurs réalisations?

Sur la question des partenaires extérieurs

Ceux qui donnent des injonctions, ce sont les américains, ce sont les français, qui travaillent avec les américains. Kabila s’adresse à la communauté occidentale, mais certainement à partir de l’appui reçu des autres partenaires de cette même communauté internationale qu’il dit ne pas attendre des injonctions des partenaires extérieurs. Kabila dépend en tout et pour tout de l’extérieur et s’il parle de cette manière là, c’est parce qu’il a des protections extérieures.
Ce discours néanmoins a ceci de vrai : Il a expérimenté le fait que les congolais sont prêts à verser leur sang pour que leur fierté puisse être sauvegardé pour qu’ils ne puissent pas être néocolonisés. S’il en vient à ce baratin, c’est parce que, malgré tous les efforts qu’il déploie de l’intérieur pour détruire la fierté de ces congolais, ils lui résistent.
Ce baratin est une machette à double tranchant. Au même moment qu’il affirme la résistance farouche des congolais contre la balkanisation de leur pays, au même moment, ils les baratinent pour leur dire, je suis l’un des vôtres. C’est là qu’il ment. Et les congolais savent qui est de leur côté, et qui ne l’est pas.

Sur la relation de Kabila avec les congolais

Kabila a du mépris pour les congolais. Kabila n’est pas venu travailler pour les congolais. Il est venu les exterminer. Il a honte de pouvoir les regarder droit dans les yeux. C’est la raison pour laquelle il ne peut s’exprimer que devant sa caisse de résonance.
Il débite des phrases qu’on lui a couché sur papier sans même questionner sa pratique en tant que « chef ». Il parle avec les congolais où ?
Ne nous laissons pas berner par ce baratin, la guerre contre le Congo se poursuit, mais sur le modèle soft. C’est le modèle soft qui est train de s’imposer à travers ce discours vantant les mérites des congolais.
Ce sont de toute façon des discours rédigés en français, pour la consommation extérieure et non pour les congolais de l’intérieur. Combien de congolais dans nos villages vont lire ce discours ou le partager ?
Vous l’avez déjà vu débattre avec les autres acteurs politiques congolais?

Sur la nécessité d’une alternative politique

Les discours de Kabila sont des discours inutiles. Les congolais ne devraient plus en tenir compte. Nous avons aujourd’hui plus besoin, au Congo, d’une alternative politique. Et nous n’avons pas besoin de l’alternance, mais d’une alternative. Nous devons refonder l’Etat, nous devons refonder l’école, nous devons la famille, pour pouvoir donner un souffle nouveau au Congo.
Il n’y a rien à attendre d’une marionnette qui se réveille un matin et commence à s’en prendre à ses chefs qui ont du Congo ce qu’il est aujourd’hui, c’est-à-dire, le déchet du monde.
Kabila ne semble pas avoir compris que les congolais ont, dans leur immense majorité, compris qu’ils n’ont pas grand-chose à attendre de lui.

Sur le Congo dans les années à venir

A partir de 2015/2016, le Congo va connaître des grands moments de turbulence. Parce que ceux qui ont fait de Kabila ce qu’il est aujourd’hui s’habituent à travailler avec leurs nègres de service pendant 10 à 15 ans. Dans leur nouveau mode de fonctionnement, ils n’acceptent pas facilement que leurs nègres de service dépassent 15 ans au « pouvoir ». Il en sera de même pour les pays limitrophes au Congo.
Rester ou pas ne dépendra pas de Kabila. S’il n’avait pas tué les congolais, s’il ne travaillait pas à la balkanisation du pays, il aurait pu résister, mais ce n’est pas le cas. Et Kabila doit le savoir.

Sur le gouvernement dit de cohésion nationale

Cette plutocratie, qui laisse les ministères dépouillés de leurs chaises, ce qu’elle fait, c’est dépouiller le Congo.
Dépouiller le Congo, faire le plus possible des réserves d’argent, c’est le mode de fonctionnement de ces gens. Ils ne sont pas fous, ils ne sont pas tous bêtes, ils savent que le temps leur est compté et jouent le tout pour le tout.
Des gens comme Kin-Kiey, qui dépouillent leurs ministères jusqu’aux interrupteurs, nous inspirent le fait que le Congo de demain a besoin de dignes fils et dignes filles qui peuvent lui rendre son honneur et sa fierté.
Si nous ne comprenons pas que l’homme vit d’abord de son honneur et que nous continuons à applaudir ces élites compradores dans leur superficialité, le Congo risque de ne plus exister demain.

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