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L’actualisation de vieilles questions au Congo-Kinshasa

L’actualisation de vieilles questions au Congo-Kinshasa

L’actualisation de vieilles questions au Congo-Kinshasa 940 556 Ingeta

Par Jean-Pierre Mbelu

L’amnésie est une ennemie tapie en permanence à la porte des Congolais(es). Elle les plonge dans l’actualisation de vieilles questions pour leur donner l’illusion de débattre sur  »l’actualité ». Pourtant, l’impression que plusieurs compatriotes donnent est qu’ils refusent le débat ou au nom de certaines convictions qu’ils portent, ou par fanatisme ou tout simplement par manque d’intérêt pour l’histoire du Congo-Kinshasa dans le concert des nations

Plusieurs semblent avoir oublié que la guerre raciste de prédation et de basse intensité, cette  »guerre par morceau », menée contre la sous-région des Grands Lacs africains était aussi une guerre entre les Anglo-saxons et la France. Ce pays devrait être chassé de cet espace francophone. Pour preuve : le Rwanda de Paul Kagame a renoncé au français comme langue de l’administration et de l’enseignement. Il a adopté l’anglais, sous l’instigation de ceux qui l’ont instrumentalisé dans la guerre contre son grand voisin. Le Congo-Kinshasa a failli lui emboîter le pas. La rupture des alliances criminelles a joué dans le sens contraire. Pourquoi chasser la France ? Pour une raison économique. François Mitterrand en témoigne.

Les guerres entre les « grandes puissances »

Le  »dernier Mitterrand » confesse que la France est en guerre ; une guerre sans mort mais une guerre à mort que lui mènent les USA. Voici ce que dit Mitterrand sur son lit de mort : « La France ne le sait pas, mais nous sommes en guerre avec l’Amérique. Oui, une guerre méconnue, vitale, une guerre économique, sans mort apparente. Les Américains veulent un pouvoir sans partage sur le monde. » Et comment font-ils ? Ils globalisent. Et «  la ‘globalisation », cette nouvelle utopie par laquelle l’Occident américanisé tente d’imposer son imperium économique et culturel au reste du monde, écrit Philippe de Villiers, conduit à l’impasse. » (PH.DE VILLIERS, Le moment est venu de dire ce que j’ai vu, Paris, Albin Michel, 2015, p, 327-328)
Les signaux de cette impasse sont la crise financière de 2008, la quasi disparition de la classe moyenne en Europe et l’irruption de Daesh.
Il y a aussi la montée des  »humiliés », ces pays émergés ayant compris qu’ils ont intérêt à constituer des blocs solides pour résister à cette domination. Les Brics sortent, petit à petit de la zone dollar. Ils s’apprêtent à régler leurs échanges internes en leurs propres devises. Quel bel exemple à étudier ?

Plusieurs semblent avoir oublié que la guerre raciste de prédation et de basse intensité, cette  »guerre par morceau », menée contre la sous-région des Grands Lacs africains était aussi une guerre entre les Anglo-saxons et la France. Ce pays devrait être chassé de cet espace francophone.

Dans Bush, le cyclone, Michel Collon rappelle que  »les grandes puissances » se font régulièrement la guerre (économique) pour savoir qui va réellement dominer le monde. Il écrit ce qui suit : « Les trois blocs (Etats-Unis, Europe, Japon) mènent la guerre, chaude, froide ou tiède, contre les peuples du tiers monde. Mais ils se font aussi la guerre entre eux pour savoir qui va dominer le monde et ses richesses. La guerre économique bien sûr. Mais aussi la guerre politique et, dans certaines conditions, militaire. Quand le rapport de forces change entre les grandes puissances, quand une superpuissance veut en remplacer une autre, ou simplement la priver de l’accès à certaines matières premières stratégiques, cela se règle aussi par la violence. Soit directement, soit indirectement, par l’intermédiaire d’Etats ou de mouvements contrôlés. » (p.20-21)
Au Sud du monde, cela dure depuis bientôt plus de cinq siècles. « Aujourd’hui, ça continue mais de préférence par le néocolonialisme : cacher le pillage derrière une façade « démocratique » de dirigeants locaux. » Avoir cette information et ne pas la perdre de sa tête est important. Pourquoi ?  »La guerre chaude, froide, tiède par morceau » se poursuit. Les compatriotes qui en doutent peuvent regarder ce documentaire. Il est récent. Il est intitulé  »Quand les éléphants (les grandes puissances, les grands blocs) se battent ».

Le vieux projet français…

En fait, quand les éléphants se battent, c’est l’herbe (les pays du Sud et leurs populations) qui en paient le prix. Et au Congo-Kinshasa, nous en payons un prix très fort ; la destruction de notre identité et de notre culture, la déshumanisation des familles entières et des morts se comptant par dizaine de millions.

Il est curieux que des compatriotes puissent croire que questionner la mission confiée à Jacques Attali sous François Hollande, c’est remettre la probité médicale du Docteur Mukwege en question. Non. C’est une façon d’attirer son attention sur les pièges des ultralibéraux mondialistes. Ils se servent soit des Etats comme des proxies, ou des mouvements qu’ils contrôlent et reconnaissent comme étant  »pro-démocratie » ou des individus en qui une frange importante de compatriotes a confiance.

Quand les éléphants se battent, ils utilisent plusieurs tactiques, méthodes et stratégies. Ils peuvent recourir aux proxies et rester tapis dans l’ombre. Le cas du Congo-Kinshasa est un exemple éloquent. Ils peuvent recourir à  »l’aide fatale », aux organisations dites humanitaires ou à celles de la Francophonie. En 2014, Jacques Attali, mentor d’Emmanuel Macron, a mené une étude, sur une demande formulée par François Hollande sur l’usage économique des espaces francophones (https://www.ingeta.com/francophonie-souverainete-nationale-et-nouvelle-geographie/). Il revient sur un vieux projet français. Il peut être lu sur Internet dans un livre intitulé  »Lâchons l’Asie, prenons l’Afrique » ; un livre écrit par un géographe (Onésime Reclus). Voir Jacques Attali sur une photo entre Emmanuel Macron et le Docteur Mukwege provoque une certaine curiosité. Cela d’autant plus que notre compatriote pourrait être pressenti pour  »diriger la transition sans  »Joseph Kabila ».
Il est curieux que des compatriotes puissent croire que questionner la mission confiée à Jacques Attali sous François Hollande, c’est remettre la probité médicale du Docteur Mukwege en question. Non. C’est une façon d’attirer son attention sur les pièges des ultralibéraux mondialistes. Ils se servent soit des Etats comme des proxies, ou des mouvements qu’ils contrôlent et reconnaissent comme étant  »pro-démocratie » ou des individus en qui une frange importante de compatriotes a confiance. Attirer son attention sur ces pièges, c’est une façon de l’inviter à ne pas trahir cette confiance au profit de l’ultralibéralisme et de l’hégémonie culturelle occidentalisante.
Il est curieux que nous soyons plusieurs à ne pas comprendre, depuis bientôt plus de cinq siècles que les pyromanes jouent sur notre amnésie collective pour que nous les applaudissions comme de bons pompiers. Et que nous puissions nous insulter quand certains, parmi nous, remettent dans l’espace public congolais ces vieilles questions demeurées sans réponses locales, nationales et internationales, cela étonne un tout petit peu.
Partisans de  »la politique dynamique », plusieurs d’entre nous tombent dans l’illusion de faire de ces vieilles questions des questions d’actualité. Ils refusent d’établir des similitudes entre les mains coupées sous Léopold II et les gorges tranchées à Beni ; des similitudes entre Mobutu et Joseph Kabila,  »Mobutu light ». Ils refusent de voir, de comprendre que c’est le même système qui perdure depuis plus de cinq siècles. Et qui recourent aux mêmes subterfuges pour se cacher : civilisation, aide au développement, mondialisation, etc. Jacques Attali revenant à une question déjà posée au 19ème siècle nous interroge sur nos connaissances collectives de notre histoire avec l’autre, sur notre capacité d’archiver pour éviter l’amnésie et la reprise des mêmes erreurs de lecture et d’appréciation du monde tel qu’il va.
Babanya Kabudi
Génération Lumumba

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