Par Jean-Pierre Mbelu
« Nul ne peut servir deux maîtres. Car, ou il haïra l’un, et aimera l’autre; ou il s’attachera à l’un, et méprisera l’autre. Vous ne pouvez servir Dieu et Mamon. » – Matthieu 6, 24
Le Kongo-Kinshasa est en guerre depuis bientôt plus de trois décennies. Cette guerre se mène par procuration. Ainsi est-elle dénommée guerre de basse intensité. Elle est à placer dans une longue histoire de la traite négrière, de la colonisation et de la néocolonisation.
Les paradigmes de néantisation et d’indignité ayant profondément marqué l’imaginaire des politicards kongolais semblent avoir produit en eux l’intelligence du rien, du néant. Ils auraient une addiction à l’assujettissement, à la soumission et à l’esclavagisme. Ces paradigmes négatifs au service du capitalisme triomphant ont favorisé le triomphe de l’hégémonie culturelle privilégiant les principes du marché au coeur des relations interpersonnelles.
La versatilité des politicards kongolais est stupéfiante. Elle devrait être interprétée comme une instabilité mentale. N’ayant pas la culture des archives et de l’entretien de la conscience historique, ils sont incapables d’un minimum de constance sur le temps long. C’est très dangereux pour le pays.
En d’autres termes, le triomphe de la culture hégémonique néolibérale dans les coeurs et les esprits des politicards kongolais les a conduits à adopter les principes du marché en politique. Magnifiant la compétitivité et la concurrence, ils ont perdu les valeurs du coeur, la compassion, la générosité et l’altruisme. Ce choix des principes du marché les pousserait à opter pour l’hédonisme consumériste, l’intelligence de l’envie et de la convoitise et la violence (non ritualisée), la haine et la méchanceté. Cette option est compromettante pour le devenir collectif kongolais.
De ce qui précède, il devient possible d’émettre une hypothèse selon laquelle la versatilité des politicards kongolais est stupéfiante. Elle devrait être interprétée comme une instabilité mentale. N’ayant pas la culture des archives et de l’entretien de la conscience historique, ils sont incapables d’un minimum de constance sur le temps long. C’est très dangereux pour le pays. Une petite collecte et une petite visualisation de leurs vidéos sur les vingt dernières années étonneraient les plus naïfs d’entre nous.
Ils ne sont ni de gauche, ni de droite, ni du centre. Ils ne sont de nulle part. Ils s’unissent aujourd’hui. Ils se séparent demain. Ils soutiennent aujourd’hui une thèse qu’ils contestent demain. Et voilà…
Comment les populations kongolaises arrivent-elles à faire confiance à ces politicards sans vision de long terme, sans consistance ni constance ? Or, la politique est une question de long terme. Peut-être parce qu’elles sont, majoritairement, à l’image de ces mêmes politicards.
Cette inconstance serait la face visible d’ une crise de la représentation contre laquelle les minorités éveillées luttent depuis belle lurette. Elle a généré et peut encore générer un « chaos fondateur » d’un ordre différent aux conséquences incalculables. Les crises de 2015-2016 sont un exemple assez parlant. Juguler cette crise de la représentation comme celle anthropologique dont elle est l’une des manifestations passerait par des assises de refondation et/ou par l’institution d’un ordre différent fondé sur des principes politiques patriotiques et souverainistes clairement et collectivement définis en vue d’ une émancipation politique salvatrice pour un plus grand nombre.
Babanya Kabudi
Génération Lumumba 1961