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La spirale de la servitude volontaire

La spirale de la servitude volontaire

La spirale de la servitude volontaire 1365 910 Ingeta

Par Mufoncol Tshiyoyo

Un peuple sans esprit d’indépendance n’est qu’une proie docile, gavée ou affamée, destinée à changer de maître.

Un auteur japonais abondait en ce sens : « Plus faible sera l’esprit d’indépendance, plus grand sera le risque que le pays soit trahi. [Pour lui], ceux qui ne font pas preuve d’esprit d’indépendance s’en remettent toujours aux autres ; ceux qui s’en remettent toujours aux autres finissent par les redouter, et ceux qui les redoutent deviennent des flagorneurs. Ceux qui craignent les autres et les flattent s’habituent à agir ainsi, jusqu’à devenir effrontés : ils n’éprouvent plus aucune honte, ne donnent jamais leur avis lors des discussions et, dans leurs rapports aux autres, ne savent qu’incliner la tête. Lorsque cette habitude devient une seconde nature, il est alors bien difficile de s’en défaire. »

La dépendance politique et sécuritaire du Congo le maintient dans une posture de subordination où les décisions majeures concernant son avenir sont, hélas, prises ailleurs. Le Congo ne souffre pas d’un manque de dirigeants, il souffre d’un excès d’hommes en costume qui croient diriger alors qu’ils exécutent.

L’auteur éclaire ensuite ce qui se cache derrière l’« esprit d’indépendance » :
« Le caractère civilisé d’un pays ne se mesure pas à son apparence. Les écoles, les industries, les armées […] ne sont que des attributs extérieurs de la civilisation : il n’est pas difficile de s’en doter, il suffit d’avoir de l’argent pour les financer. Mais il faut à ces pays quelque chose de plus, d’immatériel, d’invisible et d’inaudible, que l’on ne peut ni acheter, ni vendre, ni même prêter ou emprunter. Pourtant, lorsqu’il est partagé par l’ensemble de la population, son effet est d’une puissance inouïe. Sans lui, les écoles et tout le reste ne sont que des coquilles vides. Cet élément primordial, cette sève qui irrigue une nation et fonde son véritable développement, c’est tout simplement l’existence d’une volonté d’indépendance au sein du peuple. »
Ces mots sont de Fukuzawa Yukichi, journaliste, pédagogue et penseur japonais de l’ère Meiji (né le 10 janvier 1835 et décédé le 3 février 1901 à Tokyo).

Commentaires :
À travers ces lignes, Fukuzawa Yukichi dévoile un mécanisme insidieux de soumission, qui commence par une dépendance matérielle et psychologique avant de s’enraciner dans une aliénation totale de l’esprit critique et de la dignité. Il met en garde contre la passivité et la servitude volontaire, ces chaînes invisibles qui privent l’individu et la nation de toute autonomie.
L’idée selon laquelle l’absence d’indépendance intérieure empêche toute indépendance extérieure résonne particulièrement dans les contextes où les nations luttent pour leur souveraineté. Elle pose la question cruciale de la formation d’esprits libres et de la responsabilisation individuelle comme rempart contre l’asservissement collectif.

Cette spirale de la servitude volontaire, Fukuzawa l’a décrite avec la précision d’un anatomiste. Mais elle n’appartient pas au passé : elle se rejoue, encore et toujours, sous d’autres formes. Elle rappelle ces moments de l’histoire où l’exclusion d’un acteur des grandes
décisions internationales scellaient une perte de souveraineté durable.

Le Congo n’échappe pas à cette mécanique. Sa dépendance politique et sécuritaire le maintient dans une posture de subordination où les décisions majeures concernant son avenir sont, hélas, prises ailleurs. Le Congo ne souffre pas d’un manque de dirigeants, il souffre d’un excès d’hommes en costume qui croient diriger alors qu’ils exécutent. Ainsi se vérifie la leçon de Fukuzawa : lorsqu’une nation laisse s’effriter son esprit d’indépendance, elle devient une simple variable dans l’équation des autres.
Un esprit libre…

 

Mufoncol Tshiyoyo, M.T.,
Think Tank La Libération par la Perception ( Lp) et membre du mouvement La Dissidence « D »

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