• IDEES & RESSOURCES POUR REINVENTER LE CONGO

La République Démocratique du Congo ou la prison à ciel ouvert au cœur de l’Afrique

La République Démocratique du Congo ou la prison à ciel ouvert au cœur de l’Afrique

La République Démocratique du Congo ou la prison à ciel ouvert au cœur de l’Afrique 500 375 Ingeta

L’analyste politique Jean-Pierre Mbelu revient sur le rôle de la Commission Electorale Nationale Indépendante, au sein de la Kabilie, expose le double discours des « faucons de la Kabilie », montre comment le Congo est en train de s’enfoncer dans une configuration de camp de concentration et explique pourquoi nous devons sérieusement travailler à la promotion du droit comme médium dans la gestion du Congo de demain.

Sur la CENI (Commission Electorale Nationale Indépendante)

Cette institution n’est indépendante que de nom. Elle fait partie du système de la Kabilie. Cette institution avait planifié l’organisation des élections locales, ces élections n’ont jamais eu lieu. Cette institution n’a pas pu aider le pays à pouvoir avoir des nouveaux sénateurs et membres de l’assemblée nationale. Continuer à compter sur cette institution pour des élections libres et transparentes et démocratiques, c’est purement et simplement se faire des illusions. D’autant plus que ces élections sont constamment truquées parce qu’elles sont fondées sur un faux processus politique. Et on ne peut pas prétendre aller aux élections dans un pays sous occupation et sous-tutelle. Vous ne pouvez pas prétendre aller aux élections avec un certain nombre de seigneurs de la guerre qui n’ont jamais répondu de leurs forfaits devant des juridictions indépendantes.

Sur les médias au Congo

La constitution congolaise garantit le pluralisme politique et le pluralisme politique s’exprime à travers les médias. Combien de chaînes de télévision libres il y a-t-il au Congo ? On cherche, à travers les médias contrôlés par la Kabilie, à procéder à un lavage de cerveaux, et à éviter tout débat concernant, par exemple. Il s’agit simplement de susciter l’émotion et d’éviter chez les téléspectateurs, toute référence à la réflexion et à la discussion. Et même quand ces images sont livrées, elles le sont à une infime minorité des congolais, qui ont accès à l’électricité.

Sur les faucons de la Kabilie et le double langage

Ceux qu’on appelle les durs et les faucons de la Kabilie, qui sont-ils réellement ? Ce sont des compatriotes qui travaillent pour leur ventre et qui sont tombés dans la cupidité, dans le mépris de leurs compatriotes. Ils ne veulent pas avoir référence aux textes. Ils parlent du Congo en tant qu’état souverain, mais font comme si dans un Etat de droit la référence au texte est un pêché. Le défoulement que crée le football au Congo, un pays où les gens n’ont rien d’autre que la distraction pour une immense majorité, illustre le fait que le football y sert d’opium du peuple.
Il y a un double discours auquel les membres de la Kabilie se livrent et de temps en temps par les lapsus, ce double discours atterrit sur la place publique. Malheureusement, nous n’en faisons pas toujours un bon usage. Qu’un secrétaire général du PPRD qui a promis aux congolais résistants des plaies et des bosses, puisse dire que la victoire des léopards accorde à Joseph Kabila un troisième mandat, c’est signe que celui qui aboie parce qu’on demande à la fameuse CENI de faire son travail va dans le sens de pouvoir fermer la bouche à tous ceux qui pourraient lutter pour qu’il y ait un changement qualitatif au Congo.

Sur l’amnésie collective

Quand vous passez en revue le documentaire, « Joseph Kabila et la tragédie congolaise », vous vous rendez compte que l’on a assisté au même scénario depuis Lumumba jusqu’à ce jour. Ce sont nos compatriotes qui se pour appeler nos populations à rompre avec l’esclavage volontaire qui sont mal vus. Il y a une sorte d’amnésie collective permanente, qui ne nous permet pas, quand nous sommes embrigadés ou par les médias dominants, ou par ceux qui voudraient dominer ou nous mettre en esclavage, ou quand nous ne roulons que pour notre ventre, de nous rendre compte que pour qu’un pays puisse aller de l’avant, la classe politique doit pouvoir se renouveler régulièrement. Vous ne pouvez pas vire avec une seule caste de politiciens, qui prend tout un peuple en otage pendant qu’il y a des textes qui délimitent les mandats de l’exercice politique.
Dans un Etat manqué, vous ne pouvez pas avoir des institutions qui fonctionnent. Un Etat manqué a des institutions qui sont vides de contenus. Toutes les luttes intestines qui sont livrées au cœur du Congo symbolisent le vide de contenus des institutions mises sur pied depuis bientôt deux décennies.
Voilà pourquoi il y a urgence à pouvoir rompre avec ces institutions et à initier une révolution génératrice des institutions qui pourraient avoir du contenu pouvant permettre au Congo de travailler à la fabrication du bien commun.

Sur le Congo en tant que camp de concentration

Il y a des compatriotes qui s’évertuent à attribuer à Joseph Kabila des qualités qu’il n’a pas. Il n’est pas venu pour gouverner les congolais. Il est venu pour contribuer à l’extermination des congolais et à esclavagiser les congolais. Dans quel pays du monde, on met la police dans la rue pour interdire à un peuple de se réjouir après la victoire de son équipe nationale ? Cela n’existe que dans des pays transformés en camp de concentration.
Petit à petit, le Congo s’enfonce dans une configuration de camp de concentration. C’est un pays où 90% de nos populations risque d’être traitées ou sont traitées comme des esclaves. Mufoncol Tshiyoyo, à ce sujet, écrit ceci : « Qui parle d’abolition de l’esclavage quand l’esclavage a juste changé de forme. L’esclave est gardé chez lui, la nouvelle plantation, et où il sert mieux et plus. C’est ainsi que la RD Congo, il en est de même d’autres d’Afrique, sert de champ de coltan, d’uranium, de cuivre, de diamant, du bois, etc. Et des Congolais, ces nouveaux esclaves, travaillant mieux et produisant pour les maîtres et ce sont les mêmes. L’esclave a un drapeau, il a une hymne nationale, il bat ce qu’il considère être sa propre monnaie, mais dans un système où aucun espoir ne lui est permis. C’est pour dire qu’Il a juste suffi de modifier les conditions de l’esclave et de l’esclavage pour empêcher le nouvel esclave, le même, de ne rien pressentir. »
Nous devons y réfléchir sérieusement. Comment la Kabilie est en train de travailler pour pouvoir faire des congolais des esclaves sans plus. Des esclaves qui ne peuvent que se contenter d’applaudir les chefs, de manger du pain, de danser et d’aller assister aux jeux. Il y a des luttes sérieuses à mener pour pouvoir sortir de ce carcan.

Sur la victoire des Léopards

Le pain et les jeux font partie de la politique politicienne des mafieux. Mais n’oublions pas que notre pays a une longue histoire. N’oublions pas que l’un des événements qui a précipité l’avènement de ce pays à l’indépendance est un match de football, qui a lieu le 4 janvier 1959. et après lequel les compatriotes se sont alliés aux populations qui ripostaient contre le refus du discours que l’ABAKO devait tenir à Kinshasa. Il y a des petites occasions fortuites dont le peuple pourrait se servir pour rompre avec sa situation d’esclave.
Nous devons pouvoir lutter pour que l’unique événement mobilisateur de nos populations ne puisse pas être que le football. Mais ce football peut offrir des opportunités.
Fédérer les congolais sur un projet autre que le football prend du temps, parce qu’il faut une vision, une vision partagée. Une vision pour qu’elle soit partagée prend du temps.

Sur la perte du sens du bien commun

Nous avons perdu le sens du bien commun. Et cela pose une autre question : Qu’est-ce que la citoyenneté congolaise aujourd’hui ? Qu’est-ce que les citoyens savent de leurs droits, de leurs devoirs et de leurs libertés fondamentales ?
Au Congo, nous confondons, le travail que peuvent faire les gouvernants commis à ce travail par les citoyens, avec les libéralités que les gouvernants accorderaient aux populations. C’est ainsi que même quand les gouvernants détournent des biens publics, même quand ils font un usage privé de l’argent public, on les applaudit, on croit que c’est leur argent qu’ils peuvent utiliser ou distribuer pour corrompre. Il y a un travail d’approfondissement de la place des droits des citoyens et de leurs libertés fondamentales. Il y a même un travail sérieux de la promotion du droit comme médium dans la gestion d’un pays. On ne peut pas parler du Congo de demain comme Etat de droit si on a affaire à des citoyens qui ne comprennent pas que c’est au nom de leur citoyenneté qu’ils doivent participer à la fabrication du bien commun et que ceux qu’ils choisissent comme gouvernants doivent être au service du bien commun et le travail qu’ils font doit servir le bien commun et non pour être applaudis en tant que citoyens. Il y a une confusion terrible, entre l’approche patrimonialiste du pouvoir et l’approche républicaine qui promeut la chose commune.

INGETA.

REINVENTONS

LE CONGO

Informer. Inspirer. Impacter.

Notre travail consiste à :
Développer un laboratoire d’idées sur le passé, présent et futur du Congo-Kinshasa.

Proposer un lieu unique de décryptage, de discussion et de diffusion des réalités et perspectives du Congo-Kinshasa.

Aiguiser l’esprit critique et vulgariser les informations sur les enjeux du Congo, à travers une variété de supports et de contenus (analyses, entretiens, vidéos, verbatims, campagnes, livres, journal).