L’analyste politique Jean-Pierre Mbelu revient sur le rôle de la Commission Electorale Nationale Indépendante, au sein de la Kabilie, expose le double discours des « faucons de la Kabilie », montre comment le Congo est en train de s’enfoncer dans une configuration de camp de concentration et explique pourquoi nous devons sérieusement travailler à la promotion du droit comme médium dans la gestion du Congo de demain.
Sur la CENI (Commission Electorale Nationale Indépendante)
Sur les médias au Congo
Sur les faucons de la Kabilie et le double langage
Il y a un double discours auquel les membres de la Kabilie se livrent et de temps en temps par les lapsus, ce double discours atterrit sur la place publique. Malheureusement, nous n’en faisons pas toujours un bon usage. Qu’un secrétaire général du PPRD qui a promis aux congolais résistants des plaies et des bosses, puisse dire que la victoire des léopards accorde à Joseph Kabila un troisième mandat, c’est signe que celui qui aboie parce qu’on demande à la fameuse CENI de faire son travail va dans le sens de pouvoir fermer la bouche à tous ceux qui pourraient lutter pour qu’il y ait un changement qualitatif au Congo.
Sur l’amnésie collective
Dans un Etat manqué, vous ne pouvez pas avoir des institutions qui fonctionnent. Un Etat manqué a des institutions qui sont vides de contenus. Toutes les luttes intestines qui sont livrées au cœur du Congo symbolisent le vide de contenus des institutions mises sur pied depuis bientôt deux décennies.
Voilà pourquoi il y a urgence à pouvoir rompre avec ces institutions et à initier une révolution génératrice des institutions qui pourraient avoir du contenu pouvant permettre au Congo de travailler à la fabrication du bien commun.
Sur le Congo en tant que camp de concentration
Petit à petit, le Congo s’enfonce dans une configuration de camp de concentration. C’est un pays où 90% de nos populations risque d’être traitées ou sont traitées comme des esclaves. Mufoncol Tshiyoyo, à ce sujet, écrit ceci : « Qui parle d’abolition de l’esclavage quand l’esclavage a juste changé de forme. L’esclave est gardé chez lui, la nouvelle plantation, et où il sert mieux et plus. C’est ainsi que la RD Congo, il en est de même d’autres d’Afrique, sert de champ de coltan, d’uranium, de cuivre, de diamant, du bois, etc. Et des Congolais, ces nouveaux esclaves, travaillant mieux et produisant pour les maîtres et ce sont les mêmes. L’esclave a un drapeau, il a une hymne nationale, il bat ce qu’il considère être sa propre monnaie, mais dans un système où aucun espoir ne lui est permis. C’est pour dire qu’Il a juste suffi de modifier les conditions de l’esclave et de l’esclavage pour empêcher le nouvel esclave, le même, de ne rien pressentir. »
Nous devons y réfléchir sérieusement. Comment la Kabilie est en train de travailler pour pouvoir faire des congolais des esclaves sans plus. Des esclaves qui ne peuvent que se contenter d’applaudir les chefs, de manger du pain, de danser et d’aller assister aux jeux. Il y a des luttes sérieuses à mener pour pouvoir sortir de ce carcan.
Sur la victoire des Léopards
Nous devons pouvoir lutter pour que l’unique événement mobilisateur de nos populations ne puisse pas être que le football. Mais ce football peut offrir des opportunités.
Fédérer les congolais sur un projet autre que le football prend du temps, parce qu’il faut une vision, une vision partagée. Une vision pour qu’elle soit partagée prend du temps.
Sur la perte du sens du bien commun
Au Congo, nous confondons, le travail que peuvent faire les gouvernants commis à ce travail par les citoyens, avec les libéralités que les gouvernants accorderaient aux populations. C’est ainsi que même quand les gouvernants détournent des biens publics, même quand ils font un usage privé de l’argent public, on les applaudit, on croit que c’est leur argent qu’ils peuvent utiliser ou distribuer pour corrompre. Il y a un travail d’approfondissement de la place des droits des citoyens et de leurs libertés fondamentales. Il y a même un travail sérieux de la promotion du droit comme médium dans la gestion d’un pays. On ne peut pas parler du Congo de demain comme Etat de droit si on a affaire à des citoyens qui ne comprennent pas que c’est au nom de leur citoyenneté qu’ils doivent participer à la fabrication du bien commun et que ceux qu’ils choisissent comme gouvernants doivent être au service du bien commun et le travail qu’ils font doit servir le bien commun et non pour être applaudis en tant que citoyens. Il y a une confusion terrible, entre l’approche patrimonialiste du pouvoir et l’approche républicaine qui promeut la chose commune.