Par Mufoncol Tshiyoyo
Qui détermine l’agenda médiatique en République Démocratique du Congo ? Qui décide de ce qui doit être dit, commenté ou raconté ?
Au Congo, on constate que la musique, bien qu’étant un art fondamental, prend souvent le dessus sur des sujets plus essentiels. L’intégrité territoriale du pays est menacée à l’Est, et pourtant, certains sujets sont tout simplement évités, comme s’ils étaient interdits de débat.
La presse congolaise botte en touche
La presse congolaise botte en touche chaque fois que la question tutsi est soulevée. Cette question, abordée avec une étonnante facilité par des acteurs rwandophone et rwandais, est généralement liée à la lutte de libération du Rwanda. Ce discours met l’accent sur la notion d’identité rwandophone. Alors que c’est au Congo que cette identité semble se jouer. Hélas, ce discours paraît rarement trouver écho chez les Congolais eux-mêmes, qui préfèrent garder le silence.
La presse congolaise botte en touche chaque fois que la question tutsi est soulevée. Cette question, abordée avec une étonnante facilité par des acteurs rwandophone et rwandais, est généralement liée à la lutte de libération du Rwanda. Ce discours met l’accent sur la notion d’identité rwandophone. Alors que c’est au Congo que cette identité semble se jouer.
Alors, la question se pose : est-ce que la question tutsi serait délibérément laissée aux seuls Rwandais ? Seuls les sujets rwandais seraient-ils autorisés à en parler sans subir de représailles? Pourquoi la presse congolaise, bien que rapportant la guerre à l’Est et la mort de Congolais, banalise-t-elle ce sujet ? La presse paraît craindre de remettre en cause les fondements mêmes de son expression autorisée.
Comment expliquer que ce soient majoritairement des Rwandais qui s’expriment sur la question tutsi, parfois même en lançant des menaces, tandis que les Congolais, qui en subissent directement les conséquences, restent silencieux ? Le peu de Congolais qui osent en parler doivent souvent porter le fardeau des accusations et des crimes qui leur sont injustement imputés.
La presse n’épargne pas ses ennemis déclarés?
Le Rwanda, agissant comme un proxy qui domine le Congo, contrôle non seulement la situation sur le terrain, mais également la plateforme politique sur laquelle la presse congolaise est autorisée à s’exprimer. Ce contrôle limite drastiquement le champ des sujets abordables, créant ainsi un silence assourdissant sur des questions cruciales comme celle de l’identité Tutsi.
La presse n’épargne pas ses ennemis déclarés. Mais, au Congo, c’est tout le contraire : l’élite et la presse évitent soigneusement de toucher à la question rwandaise, préférant se taire ou détourner l’attention.
On peut faire un parallèle avec des exemples historiques : pendant la Seconde Guerre mondiale, la presse occidentale a attaqué violemment les Allemands, et aujourd’hui, c’est la Russie qui fait l’objet de critiques constantes dans les médias occidentaux dans le cadre de la guerre contre l’Ukraine. La presse n’épargne pas ses ennemis déclarés. Mais, au Congo, c’est tout le contraire : l’élite et la presse évitent soigneusement de toucher à la question rwandaise, préférant se taire ou détourner l’attention.
Dans ce contexte, l’élite bienpensante congolaise semble éviter de se salir les mains. Comme si elle jugeait que sa réputation et ses intérêts personnels valaient plus que la question de l’intégrité territoriale du Congo, pourtant gravement menacée. Ce silence complice aggrave le fossé entre les « discours publics » et la réalité vécue par les populations congolaises.
Changer le camp de la peur
Toutefois, il serait erroné d’accuser l’homme congolais d’ethniciser la question Tutsi, alors que ce sont les Rwandais eux-mêmes qui, en soulevant cette question, la placent dans un cadre identitaire, pour ensuite accuser quiconque ose en parler de commettre un crime de lèse-majesté. Ce processus de victimisation inversée place les Congolais dans une situation de crainte et de paralysie, les empêchant de s’exprimer sur un sujet qui les affecte directement.
Il est temps de changer le camp de la peur. Les Congolais doivent reprendre possession de leur propre narration et cesser d’être prisonniers d’un discours contrôlé de l’extérieur. L’avenir de la nation ne peut plus être compromis par la peur de parler de la réalité, aussi difficile soit-elle à affronter.
Conclusion: Il est temps de changer le camp de la peur. Les Congolais doivent reprendre possession de leur propre narration et cesser d’être prisonniers d’un discours contrôlé de l’extérieur. L’avenir de la nation ne peut plus être compromis par la peur de parler de la réalité, aussi difficile soit-elle à affronter.
Le choix est simple : la patrie ou la mort. Se taire face à l’évidence ne fait que renforcer la mainmise étrangère sur le destin de la RDC. Le silence n’est plus une option, osons affronter la vérité, car c’est le seul chemin vers la libération. La mort d’un homme n’a de sens que lorsque ce dernier consacre sa vie à poursuivre sa foi. Likambo oyo eza likambo ya mabele…
Mufoncol Tshiyoyo, M.T.,
« D. »