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La justice congolaise pourrait surprendre. J’en doute très fort

La justice congolaise pourrait surprendre. J’en doute très fort

La justice congolaise pourrait surprendre. J’en doute très fort 680 453 Ingeta

Par Jean-Pierre Mbelu

Ces derniers jours, le Congo-Kinshasa bouge ! Il semble que la justice y bouge et promet des exploits ! Le sous-système kleptocratique ayant élu domicile dans ce pays depuis la fausse guerre de l’AFDL pourrait être d’un moment à l’autre éradiqué. Moi, j’en doute et très fort. Je vais m’expliquer sans chercher à convaincre qui que ce soit. Il est possible que je sois inutilement à côté de la plaque.

A mon avis, depuis « la guerre de l’AFDL », plusieurs compatriotes s’illusionnent sur la capacité des « institutions vides de contenu et de sens » à pouvoir répondre aux attentes des masses populaires appauvries et chosifiées voulant vivre dignement. Les tambourinaires, les applaudisseurs et les thuriféraires de plusieurs « gourous » impliqués dans cette guerre comme « seigneurs », « financiers », « alliés » ou « clients » refusent toute remise en question du processus affairo-kleptocratique (vicieux et vicié) qui en est issu depuis les années 2000.

Organiser une justice juste au cœur de l’Afrique

Et ils leur arrivent de se mettre à rêver. Mais en partant des principes qu’ils refusent de questionner à partir de l’histoire immédiate du Congo-Kinshasa. Souvent, ils croient que « leurs gourous » rebelles à la lecture (des livres) ont lu et maîtrisé Montesquieu. Qu’ils appliquent son principe de la séparation des pouvoirs là où en matière de pouvoir, il n’y a rien ou tout au plus « un os » pour paraphraser Mufoncol Tshiyoyo. Refusant de tirer des leçons historiques des élections-pièges-à-cons organisées au pays depuis 2006, ils sont convaincus que le Congo-Kinshasa a des institutions représentatives des intérêts des masses populaires appauvries et chosifiées. Cela, malgré le fait que les nominations dans ces institutions sont gérées par les tenants de ce même sous-système kleptocratique.

Organiser une justice juste au cœur de l’Afrique signifie mettre la main sur « les ex-seigneurs de guerre », sur leurs commanditaires et leurs clients d’hier et d’aujourd’hui.

En 2002, officiellement, l’ONU publie un rapport dénommé « Kassem ». Ce rapport cite nommément des « seigneurs de guerre » impliqués dans la guerre, la spoliation des terres et le pillage des ressources naturelles du Congo-Kinshasa. Et plusieurs d’entre eux se sont retrouvés impliqués dans dans le processus affairo-kleptocratique sus mentionné depuis les années 2000 jusqu’à ce jour.

Ces « ex-seigneurs de guerre » sont cités comme faisant partie d’un réseau transnational de prédation. C’est-à-dire qu’ils font partie d’une association de prédateurs ayant des dimensions nationales(congolaises), africaines et mondiales. Ce réseau transnational de prédation a créé, achetés des alliés et des clients dans les partis politiques tout comme dans « la société civile ». Il s’est démultiplié au cœur de l’Afrique.

A quelques exceptions près, le Congo-Kinshasa actuel est entre les mains de ce réseau. Donc, il me semble difficile que ce réseau coupe la branche sur laquelle il est assis en organisant une justice juste. J’en doute très fort. Pourquoi ?

Organiser une justice juste au cœur de l’Afrique signifie mettre la main sur « les ex-seigneurs de guerre », sur leurs commanditaires et leurs clients d’hier et d’aujourd’hui. Cela pourrait-il être possible ? J’en doute très fort.

La survie du réseau transnational de prédation et l’implosion du Congo

Un peu de réalisme ! La survie de ce réseau transnational de prédation pourrait permettre que quelques fusibles sautent. A quel prix ? Peut-être au prix de l’implosion du Congo-Kinshasa !

Le pays ne peut pas se reconstruire avec ceux qui l’ont détruit impunément et les clients qu’ils ont achetés pour se protéger et protéger leur progéniture devant bénéficier ad vitam aeternam du fruit de leur kleptocratie.

Plusieurs compatriotes impliqués dans « la chasse aux sorcières » donnent l’impression de n’avoir pas lu et compris le rapport Kassem de 2002. Certains avouent, après avoir porté les mallettes de ces « ex-seigneurs de guerre », qu’ils ne savaient pas qu’ils étaient des pathocrates chérissant la prédation.

Certains autres s’appuient sur l’accord de Sun City pour justifier leur allégeance à ces « ex-seigneurs de guerre ». Ils font semblant de ne pas savoir qu’à Sun City une Commission Vérité et Réconciliation avait été recommandée pour un nouveau départ au pays de Lumumba. Ils veulent ignorer la recommandation que Thabo Mbeki avait reçu d’imposer « alias Joseph Kabila » aux Congolais(es) comme il l’avait lui-même bien confié à Valentin Mubake.

Une Commission (Justice,) Vérité et Réconciliation aurait permis au pays de s’engager sur la voie d’une possible Ethique reconstructive nécessaire à la réparation des crimes commis par ledit réseau transnational de prédation en en indiquant les auteurs et en responsabilisant les éventuels « nouveaux dirigeants » afin qu’ils acceptent d’éviter la perpétuation de la fausse guerre de l’AFDL au cœur de l’Afrique. Cela n’a pas été fait. Et le pays ne peut pas se reconstruire avec ceux qui l’ont détruit impunément et les clients qu’ils ont achetés pour se protéger et protéger leur progéniture devant bénéficier ad vitam aeternam du fruit de leur kleptocratie. C’est ici que les choses se corsent.

Le changement est moléculaire…

Un peu de réalisme. Il se pourrait que « la partie impérialiste » du réseau décide de livrer ses « pions africains » à la vindicte populaire en respectant le principe selon lequel « Rome ne paie pas toujours ses traîtres ». Cela serait-il bénéfique pour la justice congolaise ? A terme, non. Les « pions » ne peuvent être livrés qu’à condition que d’autres soient déjà fabriqués. Quelle pierre de Sisyphe ?

Dans ce contexte, le Congo-Kinshasa a plus besoin de « dissidents », d' »insoumis », des « luttants », des veilleurs et des éveilleurs des consciences capables de passer le relais que de « révolutionnaires » vite découragés. La lutte prend et prendra beaucoup de temps. Le réveil massif et citoyen traîne avant de s’incarner dans « la rue ».

Un constat. Au cours de la fausse guerre de l’ADFL, « les ex-seigneurs de guerre », « leurs alliés » et « leurs clients » de gauche, de droite ou du centre n’ont reculé que quand les masses populaires suffisamment mobilisées ont accepté le sacrifice en les affrontant dans la rue. Malheureusement, « les élections-pièges-à-cons » les ont émiettées en les identifiant aux camps d’affairistes faussement opposés entre eux et en les rendant ainsi difficilement mobilisables pour une justice juste. Pourtant, elles restent l’unique recours raisonnable si l’actuelle « chasse aux sorcières » devrait débarrasser le Congo-Kinshasa de ceux qui l’ont plongé au fond d’un gouffre sans fond depuis plus de deux décennies. Seront-elles au rendez-vous ? Le proche avenir nous le dira.

Compter sur les copains et les coquins pour que « la justice élève la nation » congolaise est une bêtise ! A dire vrai, dans ce contexte, le Congo-Kinshasa a plus besoin de « dissidents », d' »insoumis », des « luttants », des veilleurs et des éveilleurs des consciences capables de passer le relais que de « révolutionnaires » vite découragés. La lutte prend et prendra beaucoup de temps. Le réveil massif et citoyen traîne avant de s’incarner dans « la rue ». Et « ce qui fait le désespoir des réformateurs sociaux, y compris des plus radicaux, à savoir les révolutionnaires, c’est que la réalité humaine concrète ne soit pas réductible à leur analyse, que les sujets concrets soient plus ou moins réfractaires aux « expériences » tentés sur leur dos. » (p.113) Ils perdent de vue que « le changement est moléculaire : très rarement visible. » (p.143)(Extraits de L. CANFORA, L’imposture démocratique. Du procès de Socrate à l’élection de G.W. Bush, Paris, Flammarion, 2002)

Accueillir « un changement moléculaire » exige beaucoup d’humilité, de courage, d’endurance, de persévérance et de lâcher-prise ! Servir « un changement moléculaire » pourrait exiger que les minorités courageuses et persévérantes acceptent leur état de « servantes quelconques » ne faisant que leur devoir !

 

Babanya Kabudi
Génération Lumumba 1961

INGETA.

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LE CONGO

Informer. Inspirer. Impacter.

Notre travail consiste à :
Développer un laboratoire d’idées sur le passé, présent et futur du Congo-Kinshasa.

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